LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Augmentation des prix des hydrocarbures : L’énergie, talon d’Achille du Burkina

Publié le mercredi 16 juillet 2008 à 11h20min

PARTAGER :                          

Les Burkinabè sont désemparés. Le prix du carburant est reparti à la hausse après une longue période de stagnation. C’était trop beau pour être vrai. Pendant que le prix du baril continuait son ascension irrésistible, le gouvernement faisait violence sur lui-même pour ne pas suivre le mouvement. On le comprend, le carburant est devenu aujourd’hui un élément de politique nationale à manier avec dextérité. C’est une variable qui touche à l’équilibre budgétaire des ménages, mais également à celui de l’Etat qui vit sur une partie des taxes sur les hydrocarbures.

Trop longtemps, la nationale des hydrocarbures a servi de poule aux oeufs d’or au gouvernement pendant les périodes fastes. La situation actuelle impose une diète obligatoire. Dès lors, on comprend les valses-hésitations du gouvernement par rapport à la privatisation de cette société qui, à la dernière assemblée générale des sociétés d’Etat, était créditée d’une bonne santé financière.

Toute augmentation est vécue de part et d’autre avec une certaine incertitude face à la réaction de l’opinion publique qui fait déjà face à une crise alimentaire aiguë. C’est sans doute cette crise alimentaire que le gouvernement tentait de juguler en bloquant les prix à la pompe.

Après avoir divulgué son plan de riposte pour faire face à la crise alimentaire et pour doubler la production nationale de riz, le gouvernement de Tertius Zongo a décidé d’appliquer la "vérité des prix". C’est une sorte de cadeau de vacances qui ne dit pas son nom car, dans quelques jours, le temps que les syndicats qui ont toujours été contre ces augmentations, organisent la riposte, les ministres de la République seront partis en vacances. Sachant que le gros de la troupe des syndicats est constitué d’enseignants et d’agents de santé, l’on risque d’assister à une trêve des confiseurs. Mais, la température sociale étant imprévisible, il ne faut parier de rien.

D’ailleurs, c’est la première fois qu’une mesure d’augmentation des prix du carburant prend autant de temps pour être effective à la pompe, comme si l’Etat avait lancé une sonde à l’opinion publique. C’est nouveau comme stratégie et cela peut avoir également un revers, c’est-à-dire une reculade forcée du gouvernement si effectivement il s’agit d’un ballon d’essai.

De toute façon, la prochaine rentrée gouvernementale s’annonce chaude, sur le plan social, sur fond de remaniement ministériel et de reprise des cours à l’université.

Mais, au-delà de cette gestion qui consiste à subir les événements, n’y a-t-il pas lieu de briser la glace de l’attentisme et du fataliste qui consiste à prendre ce que l’on nous donne et à taire nos ambitions les plus nobles et les plus profitables à terme pour le développement du pays ?

La question de l’énergie telle qu’elle se pose à notre pays a besoin d’autres alternatives. La trop grande dépendance de de cette ressource énergétique mérite que d’autres sources soient prospectées. On ne s’en passera pas du jour au lendemain certes, mais on peut réduire sa consommation ou sa cherté. La politique d’interconnexion des réseaux électriques dans laquelle la sous-région s’est lancée est louable. Mais , tous ces Etats sont sans défense si jamais les barrages sont secs comme ce fut le cas recemment. En ce qui concerne le pétrole, le pire est à craindre dans un contexte où l’on promeut la mécanisation de nos agricultures pour assurer l’autosuffisance alimentaire. Dans un tel contexte, comment développer des industries compétitives ?

Et pourtant, d’autres pistes existent. Le solaire par exemple. C’est une ressource mal exploitée jusque-là. Depuis quarante ans, on parle de cette source d’énergie comme quelque chose d’anecdotique, juste bon pour quelques écolos. Toutes ces décennies, l’on s’est caché derrière l’argument peu convaincant du manque de moyens. Il s’agit plutôt d’un manque de vision et d’engagement politique. Il y a urgence à prospecter et à trouver d’autres sources d’énergies car si la tendance se confirme, les centrales thermiques seront à cours de DDO parce que hors de portée. L’électricité, un luxe pour quelques privilégiés ? C’est peut-être un scénario catastrophe mais personne n’avait imaginé que le cours du baril frôlerait un jour les 150 dollars. L’Europe s’est engagée dans l’éolienne et le solaire, en plus du traditionnel nucléaire, face à la non- maîtrise des cours actuels du brut. Elle prend date avec l’avenir. L’Afrique attend qu’on l’y pousse ou bien qu’on l’y oblige. Cet attentisme doit cesser.

"Le Pays".

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)