Tournée africaine de Mohamed VI : Et si le roi avait contourné le Burkina pour mieux y revenir ?
A l’image du Guide libyen, Mouamar Kadhafi, mais à la différence de celui-ci qu’il a préféré la voie aérienne et fait l’économie de la caravane de grosses cylindrées, des troupes et du faste, le roi Mohamed VI a entrepris depuis le 15 juin dernier une tournée africaine, la deuxième du genre, question de passer en revue les amis d’hier et d’aujourd’hui du royaume chérifien, et ce, jusqu’au 28 juin prochain.
Sur l’ordre de mission du grand héritier et successeur d’Hassan II figuraient le Bénin, le Cameroun, le Gabon, le Niger, le Sénégal et... le Burkina Faso. Oui, la "Terre des hommes intègres", qui a royalement été contournée in extremis, et où ceux qui ne sont pas dans le secret des dieux cherchent toujours à comprendre.
Oui, pourquoi, mille fois pourquoi le souverain marocain a-t-il effacé le Burkina Faso de son itinéraire alors qu’entre les deux pays tout semble baigner ? Notre mémoire est encore fraîche, les relations diplomatiques entre Rabat et Ouagadougou ont reçu un coup de fouet après la mort de Thomas Sankara et du Conseil national de la révolution (CNR), quand les nouvelles autorités burkinabè déclarèrent ne plus reconnaître la République arabe saharaouie démocratique (RASD), en conflit avec le Maroc.
La suite, on la connaît. Pour leurs bons et loyaux services, Blaise Compaoré et les siens furent gratifiés de ressources humaines et financières pour l’exécution de ce qui s’appelle aujourd’hui "Programme saaga".
Auparavant, à l’occasion du Sommet France-Afrique de Ouagadougou de 1996 où le roi Hassan II était annoncé, puis finalement représenté par le prince Moulaye Rachid, le Royaume chérifien fit preuve de largesses en fournissant la logistique, à telle enseigne que les organisateurs durent imposer au palais présidentiel des couleurs orientales.
Mieux, le Burkina a, depuis, une ambassade à Rabat, et le Royaume chérifien, un consulat honoraire dans la capitale burkinabè, laissé aux bons soins d’El hadj Oumarou Kanazoé. Et que dire alors de ce Maroc, pourvoyeur de bourses aux étudiants et militaires burkinabè ?
Cette comptabilité faite, le Burkina, plus que tout autre Etat de la sous-région, était en droit de s’attendre à une visite royale, si brève devrait-elle être. Le roi et son calendrier en ont décidé autrement, mais qui sait !
Ouagadougou devant abriter le Xe Sommet de la Francophonie, qui pointe à l’horizon, peut-être que Mohamed VI a décidé d’y installer ses penates à l’occasion ! Des vacances royales sur les bords du Kadiogo, pourquoi pas ?
L’Observateur