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Jeux olympiques de Pékin : La pitoyable course d’obstacles de Sarkozy

Publié le vendredi 11 juillet 2008 à 11h32min

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Il avait, en avril dernier, posé un certain nombre de conditions d’une éventuelle participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin. Il fallait, d’abord, qu’un dialogue soit entamé entre les autorités chinoises et le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains, et, ensuite, que les violences contre les casseurs de Lassa cessent. On se souvient que ces déclarations, remplies de bonnes intentions, avaient sérieusement mis à mal les relations entre les deux pays avec, pour couronner le tout, le désastreux passage de la flamme olympique à Paris.

Aujourd’hui, c’est peu que d’affirmer que Nicolas Sarkozy a mis beaucoup d’eau dans son vin, au point d’en faire un breuvage au litchi. On peut dire, en effet, que les dures contraintes de la real politik ont fait leur chemin jusqu’au cœur du palais de l’Elysée.

Face à l’immense marché que représente l’Empire du milieu pour les entreprises hexagonales, Nicolas Sarkozy n’a eu d’autre choix que celui de se dédire, reléguant, bon gré mal gré, les souffrances du peuple tibétain au second plan. Et, comme si le sort s’acharnait sur les relations franco- chinoises, peu après l’annonce de la présence du locataire de l’Elysée à la cérémonie d’ouverture des JO, voici qu’un nouvel obstacle compromet les efforts consentis en direction de Pékin.

La pomme de discorde, cette fois encore, vient du Tibet. Il s’agit de la prochaine visite du dalaï lama en France et des menaces de représailles de la part de la Chine si une rencontre entre le président de la République française et le chef tibétain devait se tenir. L’ambassadeur Kon Quan a été très clair à ce sujet : Une rencontre entre les deux hommes aurait « des conséquences très graves » sur les relations entre les deux pays.

Convoqué au Quai d’Orsay, où le ministre Bernard Kouchner lui a signifié que la France « déterminait son attitude en toute indépendance et en rejetant les pressions, d’où qu’elles viennent », le diplomate a confirmé que le président Sarkozy était le bien venu à Pékin, où il serait reçu « sans conditionnalité ». Cela ne l’a pas empêché, dès sa sortie d’audience, de réaffirmer, devant la presse, que son pays était "fermement opposé" à toute entrevue entre Nicolas Sarkozy et le dalaï lama.

Un pied-de-nez de la part d’un plénipotentiaire irrévérencieux et persuadé qu’un éventuel bras de fer se jouerait à la défaveur du camp français, avec, pour premières victimes, les entreprises. L’enseigne Carrefour en a fait l’amère expérience, lorsque, suite au fiasco du passage de la flamme olympique à Paris, ses magasins en Chine ont été victimes d’un boycott.

Décidément, entre Paris et Pékin, le chemin reste semé d’embûches, et Nicolas Sarkozy n’est pas au bout de ses peines, même si, après sa rencontre avec le numéro un chinois en marge du G8, on assurait que les relations entre les deux pays « sont à nouveau sur les rails du partenariat stratégique ». Alors, bon vent et, surtout, gare aux déraillements !

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur

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