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Le Burkina et les postes internationaux : Entre indolence et pauvreté d’esprit

Publié le mardi 8 juillet 2008 à 13h09min

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Djibrill Bassolé et Ban Ki-moon

Le ministre Djibrill Bassolé a été récemment nommé médiateur en chef des Nations unies et de l’Union Africaine pour le Darfour. Celui-ci va donc incessamment passer la main à un autre au ministère des Affaires étrangères, puisque, à moins d’avoir le don d’ubiquité, il ne peut résider dans les profondeurs du Soudan et gérer en même temps la diplomatie burkinabè.

Mais l’ironie du sort a voulu que son devancier soit son compatriote Ablassé Ouédraogo, dont le CV est tout aussi en béton. Avant sa nomination en décembre 2003 au poste de conseiller spécial du président de la BAD, ce dernier a été ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso et a, par la suite, occupé de nombreuses fonctions, et non des moindres, dans des organisations internationales.

Et comme pour parfaire son profil de candidat au poste de médiateur au Darfour, Ablassé Ouédraogo était, en 2006, l’un des médiateurs de l’Union Africaine aux négociations d’Abuja sur le Darfour et a même présidé la Commission sur le partage des richesses de cette région en conflit.

Pourquoi donc deux candidats de la même nationalité pour un même poste et que s’est-il réellement passé ? En attendant la réponse à ces questionnements, cette situation nous interpelle d’ores et déjà sur une attitude qui semble typiquement burkinabè : la propension à postuler à plusieurs, donc en rangs dispersés, à un poste international. Cette fois-ci, c’est d’ailleurs une chance que tous les deux n’aient pas perdu le poste, comme cela arrive souvent en pareilles circonstances.

Conséquence : notre sous-représentation au niveau des postes internationaux est souvent criarde et c’est d’autant plus rageant que ce ne sont pas les profils qui manquent dans notre pays. C’est reconnu que plus studieux et plus besogneux qu’un Burkinabè, tu meurs. Dans les universités et centres de formation à l’extérieur, ils ne font généralement pas partie des derniers de la classe.

Malheureusement, il y a cette indolence, cet excès de modestie et surtout cette fâcheuse habitude de se mettre des bâtons dans les roues, qui les obligent, souvent, à se contenter de rester le tâcheron consciencieux du bureau d’à côté. Nos gouvernants doivent donc faire quelque chose pour éviter cette cacophonie dans les candidatures. Au Sénégal, il existe une direction à la Présidence, chargée spécialement de choisir et de pistonner ce genre de candidatures.

Pire, ce comportement, fort fâcheux, préjudiciable au rayonnement international de notre pays, ne semble pas connaître de limite. Il s’étend à d’autres secteurs d’activités. Nous vient en mémoire ce travail de sape entre deux équipes d’archéologues burkinabè, tour à tour chargées de monter le dossier des ruines de Loropéni pour l’inscription de ce site historique au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’Observateur en avait même fait cas dans un de ses Grands reportages, intitulé : « Combat de titans dans un champ de ruines » et paru dans l’édition du 3 octobre 2007. Dans un autre registre, commercial cette fois-ci, on peut aussi faire remarquer que l’évolution en solo règne en maître absolu.

Contrairement aux Maliens, qui louent à plusieurs un avion pour aller acheter des marchandises à l’extérieur, nos commerçant préfèrent partir en solitaire, d’où des tarifs de transport et d’hébergement qui leur coûtent la peau des fesses. Après, ils s’étonnent de ne pas faire de bonnes affaires. Au Burkina, cette situation a fait couler bien des compagnies aériennes, qui avaient compté sur les vols charters pour prospérer. Burkinabè, il faut vous départir de ça !

Issa K. Barry

L’Observateur

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