LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

11e sommet de l’Union africaine : Seuls les journalistes ont malmené Mugabe

Publié le jeudi 3 juillet 2008 à 11h04min

PARTAGER :                          

Les rideaux ont été tirés sur le 11e Sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, le 1er juillet à Sharm El Sheikh, en Egypte, où il avait débuté un jour plus tôt. Cette année, les têtes couronnées du continent se sont donné rendez-vous au niveau de cette station balnéaire, au bord de la mer Rouge, pour réfléchir sur le thème "Réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement en matière d’eau et d’assainissement".

Alors que l’on s’attendait à une condamnation ferme de ce que certains ont qualifié de hold-up électoral de Robert Mugabe, les dirigeants ont, au terme de leur sommet, invité papy Bob et son opposant à constituer un gouvernement d’union nationale. Mais si les chefs d’Etat ont ménagé Mugabe, ce ne fut pas le cas de la presse.

Sharm El Sheikh en Egypte. Après-midi du 30 juin 2008. Les chefs d’Etat et de gouvernement viennent de sortir de leur premier huis clos. Certains sont en audience ou en tête-à-tête soit avec des homologues, soit avec des personnalités. D’autres regagnent leur pied-à-terre. La délégation burkinabè fait le pied de grue dans un des halls du Centre international de conférences devant la salle dans laquelle le président du Faso, Blaise Compaoré, et son homologue gabonais sont en tête-à-tête. Les journalistes sont également de la partie, guettant certains chefs d’Etat pour leur arracher quelques mots sur le sommet. A entendre les conversations, le président zimbabwéen, Robert Gabriel Mugabe, est attendu de pied ferme. Tout le monde veut l’interviewer. Tout d’un coup, c’est la course et la bousculade comme si quelque chose venait de se passer dans le hall. Mugabe vient de se signaler.

Les journalistes se ruent sur lui ; sa sécurité rapprochée repousse sans ménagement les micros et les caméras. Les questions fusent de partout. Robert Mugabe avance toujours, s’arrête tout d’un coup et commence à parler. Certains journalistes qui avaient lâcher prise accourent de tous les côtés. Sa sécurité rapprochée est débordée, certains journalistes crient :"He must talk !" (traduire : il doit parler !), des éléments égyptiens viennent à sa rescousse. Sous la pression des journalistes, des photographes et des cameramen, ils optent de pousser Mugabe dans une salle pour l’isoler , le temps que la "tempête" se calme dehors. Comme entraîné par un flot, on voit Mugabe traîner par le mouvement de foule et faire des coudes lui-même pour ouvrir la porte tout en se protégeant, comme si on le rouait de coup. Il pousse un ouf de soulagement une fois à l’intérieur et ne manque pas de s’excuser auprès du président sénégalais pour avoir perturbé son entretien.

Si ses pairs l’ont ménagé en évitant soigneusement de lui faire des reproches par rapport à son coup de force électoral dans son pays, ce n’est pas le cas des journalistes qui l’obligent à se réfugier dans une salle du Centre de conférences alors qu’il regagnait son pied-à-terre. Nul doute que si l’homme fort d’Harare savait que la presse allait lui réserver un tel accueil (ou traitement, c’est selon), il aurait pris ses dispositions. Plus d’un témoin de la scène de bousculade monstre se demande ce qui serait arrivé si la sécurité égyptienne ne s’était pas mise de la partie. Le pire se serait peut-être produit avec des coups de feu que n’aurait pas hésité à tirer la garde rapprochée de Mugabe pour dégager ce dernier. Après avoir "enfermé" Mugabe, des agents de sécurité égyptienne, très en colère, se mettent à déloger du hall les porteurs de bloc-notes, micros et de caméras.

En regagnant son pays, Robert Mugabe, alias Bob, ne manquera pas de garder 2 images du sommet. La première est l’adoubement de ses pairs dont aucun n’a eu le courage de lui remonter les bretelles ni publiquement, ni pendant le huis clos. Ceux-ci se sont contentés, au terme de leur rencontre dans l’après-midi du 1er juillet, d’appeler Bob fraîchement réélu et l’opposant contraint de jeter l’éponge à la formation d’un gouvernement d’union nationale. La deuxième image est cette bousculade au cours de laquelle il a eu chaud.

Par Séni DABO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique