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11e sommet de l’Union africaine : Extrême prudence sur la situation au Zimbabwe

Publié le mardi 1er juillet 2008 à 13h38min

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Le 11e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine bat son plein depuis le 30 juin 2008 à Sharm El-Sheikh en Egypte. Les têtes couronnées du continent se sont donné rendez-vous au niveau de cette station balnéaire, située à plus de 700 km du Caire sur les bords de la Mer Rouge, pour plancher jusqu’aujourd’hui 1er juillet sur le thème "Atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) relatifs à l’eau et à l’assainissement". Toutefois, un sujet tente en vain de s’imposer à cette grand-messe. Il s’agit de la situation au Zimbabwe, question à laquelle les rares personnes qui acceptent de répondre le font avec une très grande prudence.

"J’ai décidé de ne pas parler de la situation au Zimbabwe jusqu’à la fin du Sommet de l’Union africaine". C’est en ces termes que s’est exprimé le président ivoirien, Laurent Gbagbo, en réponse à une question qui lui a été posée au sortir d’un tête-à-tête qu’il a eu la veille du sommet avec le président du Faso, Blaise Compaoré, par rapport à la situation au pays de Robert Gabriel Mugabe. Au sommet de l’Union africaine, le président ivoirien n’est pas le seul à s’exprimer avec prudence, à être réservé sur le cas zimbabwéen. Le 29 juin, le ministre d’Etat kényan du Plan, du Développement national et de la vision 2030, l’honorable Wycliffe Ambeta Oparanya, répondant aux questions de la BBC, a prôné l’application du remède kényan de sortie de crise au Zimbabwe à savoir la mise en place d’un gouvernement d’union nationale comprenant des ministres du pouvoir et de l’opposition. Il ajoutera qu’il est préférable qu’une autre élection soit mieux organisée dans l’ancienne Rhodésie du Sud. Or, au même moment, Robert Mugabe prêtait serment pour un 6e mandat au lendemain du second tour de l’élection présidentielle du 27 mars qu’il a remporté en solitaire. Pressé de questions par les journalistes sur une éventuelle présence du Zimbabwe au menu du sommet des chefs d’Etat, Wycliffe Ambeta déclarera que malheureusement il n’ y a pas de discussions concernant Mugabe et/ou son pays à l’ordre du jour de cette rencontre au sommet. "Peut-être au prochain sommet à Addis Abeba", a-t-il dit avant de prendre congé des journalistes de la presse britannique.

L’Afrique doit assumer ses responsabilités

Dans le même hall du Centre international de conférences de l’Hôtel Maritim Jolie ville qui abrite le sommet, un autre participant arabe de haut niveau est bombardé de questions par des journalistes sur la situation au Zimbabwe. Bottant en touche dans un premier temps, il fait savoir, en réponse à une question sur les missions de maintien de la paix dans les pays en crise, qu’il n’est pas facile d’engager celle-ci de façon générale. Elle se fait suivant des conditions bien précises, a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il n’est pas sûr que le Zimbabwe réunisse ces conditions.

A la cérémonie d’ouverture du Sommet dans la matinée du 30 juin, la situation au Zimbabwe a été évoquée par le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, vers la fin de son discours. Et cela dans la partie sur la situation du continent durant les 6 mois écoulés où il était difficile de passer sous silence celle qui prévaut chez Robert Mugabe présent himself au sommet dans ses habits de nouveau président de son pays. Sur la question, le président de la Commission de l’UA a fait savoir que "l’Afrique doit assumer pleinement les responsabilités qui sont les siennes et faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider les parties zimbabwéennes à travailler ensemble dans l’intérêt supérieur de leur pays afin de surmonter les défis de l’heure". Jean Ping a saisi l’opportunité pour rappeler les démarches qu’il a entreprises en tant que président de la Commission de l’UA pour assurer le parachèvement, dans la transparence, du processus électoral. Rattachant la situation dans l’ancienne colonie britannique à celle survenue au Kenya voisin au lendemain de l’élection présidentielle de 2007 et plus généralement aux nombreuses crises sur le continent, Jean Ping a lancé un appel. Il s’agit de celui sur "la nécessité de travailler de façon plus soutenue à l’enracinement de la culture démocratique dans chacun de nos pays et au renforcement de notre capacité collective à faire face aux crises et disputes liées aux processus électoraux". Alors, va-t-on occulter le cas zimbabwéen comme l’a laissé entendre le ministre d’Etat kényan ou bien, pour une fois, les chefs d’Etat vont-ils se départir de leur réserve habituelle ? Ces questions restaient sans réponse au moment où nous tracions ces lignes tout juste après la cérémonie d’ouverture. On sera sans doute situé avec ce qui pourrait filtrer du huis clos des chefs d’Etat.

Outre les troubles, le président de la Commission a évoqué d’autres sujets – en dehors bien sûr du thème du sommet qui revêt une importance capitale à ses yeux – comme la réforme de l’UA, les crises alimentaire, énergétique et climatique, etc.

En dehors du discours de Jean Ping, le président égyptien et hôte du sommet, Hosni Moubarak, le président en exercice de l’UA, Jakaya Kikwete de la Tanzanie, le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Amr Moussa, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et la sous-secrétaire générale adjointe de l’ONU, Dr Asha Rose Migiro se sont adressé à l’assemblée de chefs d’Etat et de gouvernement. La majeure partie de ceux-ci a fait le déplacement de Sharm El-Sheikh. Même ceux que l’on avait annoncés comme de potentiels grands absents ont été aperçus le jour J. C’est particulièrement le cas du Guide libyen Mouammar Kaddafi qui estime que l’on perd du temps dans les sommets par rapport à la réalisation de l’unité et du développement de l’Afrique. Il a inondé notamment le centre de presse avec des exemplaires de son livret intitulé "La voie vers les Etats-Unis d’Afrique" ; un véritable pamphlet –il s’agit de son discours de Cotonou lors du récent sommet de la CEN-SAD - contre les organisations sous-régionales et ceux qui s’opposent à l’unité du continent ici et maintenant. On peut y lire un appel du Guide libyen aux jeunes et aux femmes africains "à suivre les résultats du sommet de Sharm El-Sheikh et à se préparer partout en Afrique pour créer une Afrique unie et forte" si le sommet échoue dans sa mission d’adopter une décision pour la création du gouvernement fédéral.

Par Séni DABO,

Envoyé spécial à Sharm El Sheikh

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