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Zimbabwé : Quelle légitimité pour Mugabe ?

Publié le lundi 30 juin 2008 à 12h42min

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Le second tour de l’élection présidentielle zimbabwéenne a donné ses résultats. Sans surprise. Unique candidat en raison du désistement de son challenger Morgan Tsvangirai, Robert Mugabe avait la voie libre pour remporter haut la main le scrutin. Reste à savoir quelle légitimité aura cette victoire. Pour les contempteurs du vieux président, aucun doute n’est permis ; Mugabe est un président légitime. Ils se sont battus, en vain, pour faire entériner leur volonté par les Nations unies.

La seconde étape du processus international de validation du nouveau mandat de Mugabe est l’Union africaine. Dès ce lundi, on en saura plus sur ce qu’en pensent les dirigeants africains. Mais s’ils l’acceptent dans leur cénacle en tant que président, même sans dire un mot, ils auront déjà accordé leur quitus à la reconnaissance de la réélection de Robert Mugabe.

Les chefs d’Etat africains sont bien embarrassés par ce dossier zimbabwéen. Cèderont-ils pour une fois à la pression internationale alors que par le passé ils n’ont jamais monnayé leur soutien à leur pair zimbabwéen ? Quelle formule trouver pour préserver leur image tout en contentant d’une part Tsvangirai et ses alliés occidentaux, et, de l’autre Mugabe et l’Afrique du Sud ?

Une chose est sûre, la candidature unique en elle-même n’est pas un scandale en Afrique. Bien des dirigeants présents à Charm-El-Sheick ont, à un moment ou à un autre, dû faire face à la politique de la chaise vide de leurs opposants. Cela ne les a nullement empêchés de se présenter et de se faire élire. Pour des raisons diverses, des opposants ont souvent appelé au boycott d’élections présidentielles, législatives ou communales. En général, ils protestent contre le caractère irrégulier du scrutin. Même le président Wade, qui se montre virulent contre Mugabe, a été longtemps désavoué par son opposition qui avait déclaré sa réélection illégitime. Au Kenya, le Premier ministre a été contraint, en raison du parti pris des grandes puissances, de cohabiter avec un président qui lui a volé sa victoire.

Dans le cas zimbabwéen, l’oppositon justifie surtout son retrait par les actes de violences perpétrés contre ses militants. Parce que sur la légalité de la décison de la commission électorale de convoquer le second tour de la présidentielle, il y a matière à débats. Sans se lancer dans du juridisme, on peut cependant noter que, sauf erreur, c’est la commission qui a déclaré le MDC vainqueur aux législatives et au premier tour de la présidentielle, qui a également donné son feu vert pour le second tour. C’est aussi elle qui a proclamé les résultats donnant Mugabe victorieux.

Au regard de tous les contentieux électoraux en Afrique, peu de chefs d’Etat africains peuvent se targuer d’avoir une légitimité que confèrent des élections sans taches. Ce n’est pas pour dédouaner Mugabe, mais il est temps d’appliquer la même rigueur démocratique à tous les pays. L’Union africaine devra prendre date à partir de son sommet en Egypte, en définissant une conduite claire à tenir, en cas de boycott des élections par l’opposition ou de prise en otage du scrutin par le parti au pouvoir.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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