Auparavant, Hama Amadou a été auditionné des heures durant par la Haute cour de justice qui ne l’a finalement pas sauvé des eaux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien chef du gouvernement n’aura même pas eu droit à un minimum d’égards dus à son statut d’ancien Premier ministre. La façon avec laquelle il subit revers sur revers, a de quoi surprendre. Etait-ce la meilleure façon de traiter Hama Amadou ?

Le pouvoir de Niamey avait-il estimé que Hama Amadou en savait suffisamment trop pour rester toujours en liberté ? La rapidité avec laquelle le dossier de l’ancien pensionnaire de la Primature a été traité cacherait-elle une volonté des autorités nigériennes de le faire taire, de l’empêcher de déballer des choses qui mettraient mal à l’aise ? En somme, voulaient-elles que l’affaire fût vite jugée et close ? Ce ne sont certainement pas les problèmes qui manquent au pouvoir nigérien qui, en plus du dossier touareg, doit trouver des solutions à bien d’autres préoccupations des Nigériens, telle la vie chère. Si l’on doit ajouter à tout cela, cette autre préoccupation du pouvoir actuel, qui est de rabattre le caquet à ce Premier ministre qui tient à livrer sa part de vérité, ce qui n’est pas du goût du pouvoir, ce sont là autant de raisons qui pourraient expliquer l’accélération de la procédure.

Après sa mise en accusation, Hama Hamadou avait convoqué une conférence de presse pour s’expliquer sur les faits dont on l’accuse. Il y avait soutenu qu’il était victime d’un acharnement "méthodiquement organisé" pour le liquider politiquement et l’empêcher d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. Il avait traité l’affaire de "ridicule". C’est parce que Hama Amadou jouissait encore de sa liberté qu’il pouvait convoquer une conférence de presse. Le dauphin déchu de Tandja parlerait moins s’il en était privé ?

A présent qu’il est aux arrêts, les carottes sont-elles cuites pour l’ancien Premier ministre ? Devra-t-il dire adieu à son projet de se présenter à la prochaine présidentielle ? Quel avenir politique pour Hama Amadou ? En tout cas, si l’homme politique était déclaré inéligible et écarté de l’élection présidentielle de 2009, ses partisans accepteraient difficilement d’avaler cette grosse couleuvre, eux qui s’étaient déjà postés devant les locaux de la Haute cour dans le centre de Niamey, pour être ensuite dispersés par la gendarmerie. On ne peut pas dire qu’une éventuelle éviction de l’ancien Premier ministre de la course à la présidentielle soit un bon présage pour la sérénité du scrutin de 2009.

D’aucuns pourraient considérer l’arrestation de Hama Amadou comme l’avènement d’une nouvelle ère. Une ère qui verrait la fin de l’impunité pour les dignitaires. Toujours est-il Hama Amadou est en cage, au propre comme au figuré. Et la façon dont il saura se sortir de cette impasse sera déterminante pour son avenir politique.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays