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Présidentielle au Zimbabwe : Au bord du précipice, Mugabe fait un pas en avant

Publié le vendredi 27 juin 2008 à 11h29min

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Le second tour de la présidentielle aura lieu ce vendredi 27 juin, comme prévu, malgré le retrait annoncé dimanche de Morgan Tsvangirai, leader du principal parti d’opposition, le MDC, et challenger de Robert Mugabe, président « de droit divin » depuis l’indépendance en 1980.

Ainsi que le juge George Chiweshe, premier responsable de la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC), l’a affirmé aux journalistes, « il a été unanimement entendu que le retrait (de Morgan Tsvangirai) a été annoncé inter alia en dehors du temps imparti et que, pour cette raison, le retrait n’a pas d’effet légal ».

C’est donc aujourd’hui que le plus vieux chef d’Etat du continent devrait être réélu, faute d’adversaire et contre le bon sens. Il faut dire que depuis la défaite de son parti, la ZANUPF, au profit du MDC lors des élections générales du 29 mars, Robert Mugabe n’a pas chômé. Entre les deux tours de la présidentielle, les violences contre les militants et sympathisants de l’opposition n’ont cessé de se multiplier, poussant bon nombre de citoyens sur le chemin de l’exil.

C’est donc un Morgan Tsvangirai acculé qui s’est réfugié à l’ambassade des Pays-Bas à Harare, après avoir annoncé son retrait de la course à la présidentielle. Appuyé par les pays occidentaux et l’ONU, le leader du MDC, qui craint désormais pour sa sécurité, ne cesse de réclamer une intervention pour qu’un scrutin spécial soit organisé « dans une atmosphère libre et juste ».

Ce ne sera certainement pas le cas, à en croire les tenants du pouvoir, lequel tient coûte que coûte à organiser ce second tour par crainte de perdre son semblant de légitimité si jamais le scrutin de ce vendredi était annulé. Alors, Harare reste sourd aux pressions internationales et affirme, par la bouche du juge Chiweshe, que les élections seront crédibles, car « il n’y a pas la guerre dans le pays, il y règne généralement la paix ».

Pourtant, dès lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU avait condamné à l’unanimité la campagne de violence contre l’opposition ainsi que « le comportement du gouvernement, qui a dénié à ses opposants politiques le droit de faire librement campagne », ajoutant que ces brutalités « ont rendu impossible la tenue d’une élection libre et équitable ».

C’est donc à une consultation proprement inutile et qui ne peut déboucher que sur une situation ingérable, que Robert Mugabe et la ZANUPF entendent convoquer ce qui reste encore du corps électoral.

Ainsi, à 84 ans, condamné par l’ONU et lâché par son voisin sud-africain, celui qui, il y a encore quelques jours, lançait à la face du monde que « seul Dieu peut me retirer le pouvoir qu’il m’a donné » est prêt à tout pour garder son trône. C’est donc dans un pays exsangue, où le ticket de bus coûte 1 milliard de dollars zimbabwéens, dans un immense fief électoral, quadrillé par des militants fanatisés qui entretiennent la terreur, que Mugabe se prépare à s’octroyer une légitimité qui n’en aura plus que l’apparence.

C’est donc ainsi, après 28 longues années de règne sans partage, que l’ancien héros de l’indépendance montre son attachement aux vertus de la démocratie et du dialogue. Pour lui, peu importent la manière et les moyens utilisés : pourvu que le fauteuil présidentiel, que Dieu lui aurait offert, demeure en sa seule possession.

Toujours réfugié à l’ambassade néerlandaise de Harare, le vainqueur du premier tour est, quant à lui, catégorique : « Le gouvernement peut faire ce qu’il veut, il n’y aura pas d’élections, car (…) je n’y participerai pas et parce que les gens n’y participeront pas ». N’en déplaise à sa majesté du Zimbabwe, qui, même au bord du précipice de la guerre civile, est bien décidé à faire le bond qualitatif qui lui permettra, c’est ce qu’il croit encore, de garder la place qui fut jadis la sienne : celle d’un leader légitime et incontesté.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur

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