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Maxime Ouédraogo, directeur du centre écotouristique de Bagré : "Le Centre sera à la portée de toutes les bourses"

Publié le jeudi 26 juin 2008 à 13h22min

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Juché sur une petite élévation à quelques dizaines de kilomètres de Bagré, le centre écotouristique pousse de terre. La dernière ligne droite de finition a été amorcée même s’il reste 400 millions de F CFA pour que "le rêve devienne réalité". Le directeur du centre, Maxime Ouédraogo voit le bout du tunnel. Ingénieur des eaux et forêts de formation, il déballe les contours et les bénéfices de ce projet dont il parle avec passion, avec en filigrane, la conviction que quelle que soit la bourse du Burkinabè, il aura accès aux prestations multiples de ce joyau.

Sidwaya (S.) : Que renferme le concept "centre écotouristique" ?

Maxime Ouédraogo (M.O.) : Le vocable "centre écotouristique" a pour finalité de véhiculer deux messages : un centre de promotion du tourisme burkinabè et en même temps développer l’éducation écocitoyenne par celle environnementale. Il s’agit de faire en sorte que ce centre soit le creuset des messages pour la protection de la nature. Un réflexe d’amour de tous les usagers du cadre pour l’environnement est le leitmotiv de ce cadre.

De ce fait, l’implantation de cet espace aux abords du barrage de Bagré répond au souci de mettre en valeur un certain nombre de produits rendus possibles par la création du lac depuis 1992.

S. : Quels sont ces produits ?

M.O. : Il s’agit de l’hydroélectricité, l’hydroagriculture, l’élevage, la pêche, la pisciculture et le volet tourisme. Après la mise en eau du barrage et suite aux travaux d’investigation réalisés autour du lac, nous avons constaté qu’il y a des produits demeurés faiblement ou nullement valorisés. Entre autres, une belle population d’hippopotames (une centaine). Les hippopotames font partie des produits les plus recherchés en matière de tourisme international sous la forme de tourisme de vision. En plus des hippopotames, les investigations ont révélé une belle population de poissons qui se prête à l’une des activités les plus prisées dans nos pays, à savoir la pêche sportive, celle à la canne.
Aujourd’hui, nous avons plus d’une dizaine des meilleures espèces de poisson recherchées au niveau sous régional et continental pour la pêche sportive. En outre, nous avons constaté la présence d’une population aviaire très diversifiée. C’est une population d’oiseaux saisonniers migrants et souvent pérennes. Sans oublier l’eau qui, en elle-même, constitue un support touristique. On peut y pratiquer la navigation, faire du pétanque sur le rivage, etc. Alors, du fait que la valorisation de tous ces produits nécessite la présence de visiteurs, nous avons pensé à créer un centre d’hébergement d’où le centre écotouristique.

S. : Quelles sont les commodités qu’offre le centre écotouristique ?

M.O. : Au vu des potentialités touristiques de la zone de Bagré, le besoin de renforcer la capacité d’accueil s’imposait en terme d’hébergement. D’ici le mois de décembre à la fin des travaux, nous serons en mesure d’offrir aux usagers, environ 150 lits par nuit dans des villas climatisées qui vont des types F1 à F4 jumelés. En fonction de la taille de la famille, le visiteur pourra choisir ce qui lui convient. Ainsi, tout le confort sera réuni pour permettre aux visiteurs de passer de bons moments en notre compagnie. C’est pourquoi, nous avons choisi un site qui offre une vision plaisante avec une vue surplombant le lac. Il fait beau de regarder l’eau et l’environnement à partir de la terrasse du centre.

En plus, le site se prête à beaucoup d’activités. Notamment, le golf, le beach ball, etc. Il est vrai que le golf est prisé par une autre classe pas très connue du Burkina. Mais chaque année, de nombreux golfeurs quittent Ouagadougou pour venir séjourner à Bagré durant deux ou trois jours afin d’y pratiquer ce sport. Ils pratiquent alors le golf le long du barrage. Pour mieux promouvoir le développement et la protection de l’environnement, nous avons prévu la construction d’un arboretum derrière le centre. Cet arboretum sera une zone où l’on pourra découvrir une diversité de ressources forestières et des herbacés. Cette zone pourra servir de support aux étudiants et aux chercheurs et à tous ceux qui pourront y trouver du plaisir. Il est aussi prévu l’aménagement d’un mini-parc animalier d’une cinquantaine d’hectares avec des animaux en semi-captivité.

S. : Il y a aussi la plage...

M.O. : Oui ! Les activités nautiques et terrestres se conjuguent mieux au centre écotouristique de Bagré. En réalité, la plage fait partie des activités de loisir que nous avons couplées avec des activités sportives. En plus, nous avons prévu l’aménagement d’un plateau omnisports à l’arrière du centre. Ce terrain est déjà déblayé. Nous y construirons un terrain de football et si nous avons les moyens, nous aménagerons un terrain de football aux dimensions techniques internationales pour permettre aux équipes nationales et internationales de se ressourcer et s’entraîner au centre. Du reste, nous avons prévu de construire des dortoirs à proximité du terrain afin d’augmenter les capacités d’accueil.

S. : Les prestations du centre seront-elles à la hauteur de la bourse du Burkinabè moyen ?

M.O. : Il faut d’abord savoir que la réalisation de ces infrastructures ne vise pas une éternisation de l’Etat dans la gestion. L’Etat a pour ambition de créer les possibilités et d’offrir aux opérateurs économiques l’opportunité de s’approprier et de valoriser ces ressources. Il est prévu, à cet effet, d’ici décembre, la mise en route d’une étude pour permettre l’élaboration de deux cahiers des charges. L’un sera dévolu à l’exploitation des produits touristiques en terme de protection de l’environnement, de durabilité des ressources.
Le second cahier liera le repreneur à l’Etat afin que l’Etat puisse en tirer le maximum en terme de retombées économiques, financières et sociales.
Cela permettra de susciter l’amour de la nature à nos enfants, aux jeunes et aux populations.

S. : Vous n’avez pas particulièrement répondu à la question de savoir si le Burkinabè moyen pourra se loger au centre écotouristique ?

M.O. : Effectivement ! En rappel, l’ex-ministre d’Etat, de l’Agriculture, Salif Diallo avait dit lors du lancement des travaux que le centre écotouristique sera à la portée de toutes les populations. On fera en sorte qu’en fonction de la couche socio-professionnelle, les gens puissent bénéficier des prestations du centre.

Un élève, on le sait, n’a pas le même revenu qu’un travailleur. Alors, il s’agira de faire en sorte que les droits d’entrée tiennent compte des capacités des populations. Dans tous les cas, c’est la même étude d’élaboration des cahiers des charges qui proposera les prix catégoriels. Reste à l’Etat de se prononcer sur ces prix. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que ce centre sera à la portée des populations. Les prix seront bien étudiés en fonction des différentes catégories de maisons (F1, F2, F3, F4). En plus, nous avons prévu une salle de massage et de santé médicale.

S. : Quel est le coût de la construction de ce centre écotouristique ?

M. O. : Le centre a été financée avec l’appui de la République de Chine (Taïwan) et de l’Etat burkinabè. La Chine (Taïwan) a financé le joyau à hauteur, dans un premier temps, d’environ 400 millions de F CFA. Cette somme a permis de faire les études, d’implanter les premières maisons durant la première phase. Par la suite, nous avons eu un appui d’un milliard de F CFA. Cet appui a permis d’élargir et finaliser l’ensemble des différentes infrastructures. Au total, la partie taïwanaise a débloqué un milliard quatre cent millions de F CFA. Pour la partie burkinabè, il est attendu un financement de 600 millions pour boucler l’ensemble des coûts. Pour l’heure, nous n’avons reçu que 200 millions. Il y a donc de l’effort à faire au niveau de la partie burkinabè en vue de boucler les 400 millions, afin de permettre d’ici décembre de finaliser les différentes infrastructures. Cela permettra au repreneur de pratiquer les prix accessibles aux populations. Nous devons faire en sorte qu’avec ces différentes composantes, à la reprise, toutes les couches sociales aient la possibilité d’avoir accès aux services du centre.

S. : Le délai de décembre 2008 pourra-t-il être respecté ?

M. O. : Nous pensons que nous serons au rendez-vous. Car, décembre 2008, correspond à la fin normale des financements. Donc, d’ici décembre 2008, il va falloir, si nous n’avons pas terminé le centre, trouver d’autres ressources sinon même la partie taïwanaise aura bouclé ses financements.

S. : Le centre sera-t-il une référence en Afrique de l’Ouest ?

M. O. : Tout dépend de la conjugaison des efforts en vue d’atteindre cet objectif. Surtout, nous devons tirer les leçons de toutes les expériences dans notre pays en matière de gestion et de transfert des infrastructures ainsi qu’en terme d’expérience touristique. Cela nous permettra d’être une référence dans la sous-région. Aujourd’hui, la volonté politique existe avec l’engagement des premiers responsables. Ce centre est le fruit de l’engagement et la détermination du gouvernement du fait qu’au Burkina Faso, tout est prioritaire. Et, pouvoir bâtir une infrastructure de cette envergure en vue de développer et promouvoir le secteur du tourisme, relève d’un engagement politique certain. Déjà, il existe des facteurs internes tels que la clientèle, les ressources halieutiques, fauniques qui feront le succès de ce centre. Le développement de l’agro- business permettra à terme de drainer près de 200 à 300 mille personnes au niveau de cette zone.

Entretien réalisé par Daouda Emile OUEDRAOGO
daouda.ouedraogo@sidwaya.bf


Bagré, une cité industrielle à ciel ouvert

Situé à 225 km au Centre-Est de Ouagadougou, Bagré, grâce au génie de la Maîtrise d’ouvrage (MOB), dirigée de main de maître par son directeur général, Boké Drabo, a l’allure d’une cité industrielle à ciel ouvert. Avec son plan d’eau d’une capacité d’un milliard 700 millions de m3, des activités culturales, des unités industrielles, ces cités ouvrières et celles de la MOB donnent à cette bourgade un air d’eldorado au cœur d’un pays sahélien. A Bagré, le riz côtoie le poisson fumé quand l’agrobusiness rime avec la volupté de la diversité faunique. Les hippopotames, majestueux animaux, qui dit-ont ont des rites sacrificiels périodiques avec les populations, ainsi que la diversité des poissons donnent de la vie au chant des oiseaux qui s’écrasent sur les berges du lac. Pour couronner le tout, le centre écotouristique, juché un peu en hauteur à 17 km de Bagré, sur les rives du lac donne une vision agréable au visiteur.

Là, le calme côtoie la beauté, le silence, la paix. A Bagré, grâce à la MOB, les conditions de vie des populations se sont nettement améliorées. Les commodités existentielles telles que l’eau, l’électricité, l’hébergement sont un acquis. Sur le plan des infrastructures, des Centres de santé, des écoles primaires, un collège d’enseignement général et, un lycée sont les cadres de formation des alphabetisés de cette localité pour le Burkina Faso. A Bagré, loin des intempéries, la vie y est agréable car avec l’élevage, le lait coule à flot et le riz mijote dans les marmites.

A condition qu’il n’y ait pas de pénurie. Sans oublier aussi, l’appui technique et financier de la République de Chine (Taïwan) qui donne un souffle de vie à ce projet en devenir. Avec son projet d’élevage piscicole qui se greffe aux potentialités qu’offre Bagré, la Chine (Taïwan) produit en moyenne 10 tonnes de poissons par mois essentiellement du tilapia, du capitaine et du silure. D’une capacité productrice de 200t/mois, ce centre d’élevage piscicole fait la fierté de Bagré. Toute chose qui permet de joindre l’utile à l’agréable.

DEO

Sidwaya

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