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Sahara occidental : Le Maroc est-il une puissance occupante ?

Publié le mercredi 25 juin 2008 à 10h45min

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Sur la politique adoptée par le Maroc en matière d’exploitation et de gestion des ressources naturelles de ses provinces du Sud, une littérature abondante a été et est développée. Cette littérature tend à présenter le Maroc comme "une puissance occupante" qui "exploite les ressources naturelles du Sahara au mépris des populations du territoire". Littérature de désinformation ou triste réalité ?

Face à l’émergence d’un consensus au niveau de la communauté internationale sur la nécessité d’un règlement politique mutuellement acceptable de la question du Sahara marocain, à travers le dialogue et la négociation entre les parties, une certaine opinion tente de détourner l’attention et de déplacer le débat sur la question relative à l’exploitation et à la gestion des ressources naturelles. Selon cette opinion, le Maroc est présenté comme "une puissance occupante". Pour elle, "cette exploitation des ressources naturelles ne bénéficie pas du tout aux populations du Sahara". La réalité est tout autre et les faits semblent démontrer le caractère erroné et infondé de cette conception.

En effet, la politique adoptée par le Maroc en matière de gestion des ressources naturelles des provinces du Sud n’a rien à voir avec les modèles d’exploitation adoptés par les puissances coloniales et dont les caractéristiques sont entre autres :
- un développement dérisoire des territoires occupés ;
- une exploitation à outrance des ressources naturelles ;
- un transfert systématique des bénéfices à la métropole ;
- et une gestion autoritaire et opaque fondée sur l’exclusion totale des populations locales.

Lorsque le Maroc a récupéré ses provinces sahariennes, au climat désertique et aride, il a consenti des efforts importants pour leur développement, selon « un modèle de gestion intégrée, participative, solidaire et bénéficiant, en priorité, aux populations de la région ». Il a fait appel à des moyens exceptionnels et y a investi des milliards de dollars. Trois secteurs d’investissement illustrent particulièrement cet effort consenti au profit des populations de ces provinces : l’urbanisation, les infrastructures de base et l’alimentation en eau potable.

Ainsi, les taux d’urbanisation jadis très bas de ces provinces du Sahara atteignent aujourd’hui des chiffres élevés : 61% pour les villes de Guelmin, de Es-Semara et 90% pour Laayoune. Les infrastructures de base, elles aussi, connaissent un essor assez significatif : construction d’un millier de kilomètres de routes nationales (3 milliards de dirhams) et réalisation de 4 ports (2,46 milliards de dirhams) et 4 aéroports (532 millions de dirhams). Avec l’investissement de 1,500 milliard de dirhams de 1975 à 2006, l’alimentation en eau potable des provinces sahariennes par camions-citernes ou par dromadaires est révolue. Car ce sont des barrages, des forages, des stations de dessalement, des réseaux d’assainissement, des stations d’épuration que ces investissements ont permis de réaliser, notamment à Laayoune et à Boujdour.

Valoriser les potentialités

Outre les trois secteurs prioritaires d’investissement (l’urbanisation, les infrastructures de base et l’alimentation en eau potable), le royaume du Maroc s’est intéressé à d’autres domaines non moins importants. Dans ce sens, la création par le roi Mohammed VI en mars 2002 de l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Sud du Royaume et sa dotation (pour la période 2004-2008 ) d’une enveloppe de 7,200 milliards de dirhams (650 millions d’euros) a permis la création de 20 000 emplois fixes, à travers le financement de 226 projets dans les domaines de l’eau et de l’environnement (2,31 milliards de dirhams), de l’habitat(1,65 milliard), des routes(1,5 milliard), de l’électrification (3,086 milliards de dirhams), de la pêche (création de villages de pêcheurs pour près de 2 milliards), du tourisme et de l’artisanat, de l’agriculture et de l’élevage...

L’exploitation des ressources naturelles des provinces du Sud par le Maroc s’opère donc dans le cadre d’une politique de développement économique et sociale, basée sur la préservation et la valorisation des potentialités, leur affectation au bénéfice des populations locales et leur utilisation comme levier d’émergence des secteurs de l’industrie et des services. L’établissement de cette politique se fait avec la participation des populations locales, par le biais de leurs représentants au Parlement et de leurs élus locaux.

Peut-on dans ces conditions parler « d’actes de pillage du Maroc des provinces sahariennes au détriment des habitants de la région » ? Assurément non ! Car comme le témoigne le conseiller juridique dans son avis au Conseil de sécurité en date du 12 février 2002, « L’exploitation des ressources naturelles est conforme au droit international si elle se fait au bénéfice des populations, en leur nom, ou en consultation avec leurs représentants ».

Des transferts financiers énormes

De 2001 à 2005, le total des transferts budgétaires de l’Etat marocain vers les provinces du Sud s’est chiffré à 51,25 milliards de dirhams (une moyenne annuelle de 12,2 milliards). Ce montant est mesuré en termes de dépenses effectives se déclinant en d’importantes exonérations fiscales en vue d’encourager les investissements et de rendre la vie moins chère aux catégories sociales défavorisées. L’impact de ces transferts financiers se traduit par la réalisation de grandes infrastructures et l’amélioration des indicateurs économiques et sociaux de base : un médecin pour 1600 habitants, 53,80 % de taux de scolarisation contre une moyenne nationale de 31,9 %, un taux d’analphabétisme estimé à 25 % contre 48 % pour la moyenne nationale, un taux de pauvreté de 9,8 % contre le taux national qui était de 14,2 % en 2004. Les villes de la région où sont concentrées les opérations d’investissement sont Guelmin, Es-Semara, Laâyoune, Boujdour, Sakia El Hamra, Lagouira...

Une contrepartie faible

Les transferts de ressources des régions du Sud vers l’Etat du Maroc sont estimés à 7,4 milliards de dirhams pour la période 2001-2005 contre 51,25 milliards dans le sens inverse. Les recettes engrangées par le budget de l’Etat de ces provinces du Sud sont de l’ordre de 0,885 milliard de dirhams. Les investissements du Royaume ont permis de faire du Sahara marocain un espace de développement socioéconomique avec comme socles, l’appui aux activités génératrices d’emplois et de revenus, le soutien à la société civile et la promotion de pôles de développement. Ainsi, les secteurs du commerce (avec une subvention annuelle de 0,5 milliard de dirhams), de l’industrie (un chiffre d’affaires de plus de 1,5 milliard de dirhams), des mines (environ 3 milliards d’investissement), de la pêche maritime (4 milliards), de l’agriculture (plus d’un milliard de dirhams d’investissement) ont été dynamisés.

La construction d’établissements et de zones touristiques a motivé 40 000 touristes à visiter les provinces du Sud en 2006. Dans le domaine de la santé, grâce aux investissements du royaume, 50 établissements sanitaires de base et 5 unités hospitalières ont pu être érigés. Ce vaste chantier d’investissements dans ces provinces sahariennes autorise à soutenir que ces provinces vivent déjà, au plan économique et social, dans la dynamique de l’autonomie prônée par le Maroc. C’est un acquis dans le règlement du différend régional sur la question du Sahara. Reste à la communauté internationale de doter cette réalité économique et sociale d’un contenu juridique. C’est ce à quoi devrait maintenant s’atteler l’ONU, de concert avec les parties concernées si elle veut réellement mettre fin à l’impasse actuelle.

Sita TARBAGDO

Sidwaya

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