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Vie des partis politiques au Burkina : Vive la vulgarité du langage

Publié le samedi 19 juin 2004 à 12h37min

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Un proverbe mossi dit que : "Avoir des liens de parenté avec le bouc, c’est pleurer à longueur de journée à l’abattoir". Ce proverbe, à le lire entre les lignes s’applique à l’opposition burkinabé. Et les militants qui croient dur comme fer à ces leaders sont à plaindre au regard du spectacle auquel ils se livrent à longueur de journée surtout en ces temps de précampagne présidentielle.

L’opposition semble divisée en opposition républicaine, consciente de son rôle d’opposant au pouvoir et en opposition à cette opposition républicaine.

La dernière sortie de l’opposition lors du débat sur la" Télévision qui nous ressemble" laisse plus d’un Burkinabé perplexe et montre encore si besoin est que les militants de cette opposition ne sont pas au bout de leurs peines, de leurs déboires. Le débat, loin de rapprocher les leaders de l’opposition a creusé davantage le fossé qui les séparait et surtout intensifié les querelles individuelles.

Loin d’être une approche ou une tactique de conquête du pouvoir comme le pensent les inconditionnels de l’opposition, cette échauffourée de langage aura mis à nu les réelles difficultés de nos opposants à se respecter et au-delà, respecter leur militants.

Le débat de Remi Danjinou a permis de décanter une fois pour toute le paysage politique de l’opposition burkinabé. Désormais ceux de l’opposition qui ont un langage policé, qui reconnaissent, quand il le faut, les bonnes actions du pouvoir et qui par dessus tout veulent travailler dans la légalité de la république auront sur leur dos l’opposition qui se dit vraie. L’opposition dite vraie qui se retrouve dans le R 14 voit d’un mauvais œil les comportements républicains des autres opposants qu’ils traitent de gâteaux.

Si l’opposition en est là aujourd’hui, si elle s’entredéchire, c’est simplement le manque de tolérance et d’acceptation de l’autre dans sa différence. Certains opposants s’arrogent aujourd’hui le droit d’être des donneurs de leçons d’honnêteté et de probité. Pour eux, le pouvoir de la IVe République enregistre sur toute la ligne un bilan nul, désastreux, et rien de positif ne doit être mis à son actif et tout opposant qui reconnaît en ce pouvoir un mérite est un traître. Et Me Sankara n’a pas hésité à traiter son homologue Bado Laurent de malhonnête.

Le jusqu’au-boutisme, le langage vulgaire de certains opposants sont les graves plaies qui infectent l’opposition et la réduisent en une putréfaction dont les odeurs sont ressorties en grandeur nature lors du débat télévisé. Ce sont donc les militants qui paient au quotidien le lourd tribut des dérives et l’amateurisme politiques de ceux qu’ils ont portés à la tête du parti, s’ils ne se sont pas imposés.

Les militants piétinés

Sous d’autres cieux, ces dérives de l’opposition, ce spectacle nauséabond des leaders de l’opposition serait suivi de vote-sanction pour apprendre à ces leaders qu’on ne foule pas au pied la dignité et le respect des milliers d’âmes de la sorte. Ces sorties désastreuses de Me Sankara de l’UNIR/MS, de Laurent Bado du PAREN ne sont autre qu’un manque de respect à l’endroit de leurs militants respectifs qui sont aujourd’hui la risée du peuple au regard du spectacle dégradant que ces deux leaders ont offert sur le petit écran.

Et dire que c’est dans cette opposition qu’on parle d’alternance alternative, qu’on parle de démocratie, de respect du peuple burkinabé. De quelle alternance veut donc cette opposition ? Une alternance dont les souches sont l’intolérance, la haine, le mépris des Burkinabè et de leurs avis. Si c’est cette alternance que veulent proposer Me Sankara de l’opposition "vraie", et Laurent Bado de l’opposition "gâteau" aux Burkinabé, il est certain que la majorité des Burkinabè, préfèreront la continuité du pouvoir en place. Le risque de faire glisser ce pays vers l’instabilité politique est grand.

Jules Robert Ilboudo
L’Hebdo

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