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Tchad/Soudan : Il ne reste plus que la déclaration de guerre

Publié le lundi 16 juin 2008 à 13h55min

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Finalement pour Déby, le répit aura été de courte durée. En effet, après les violents affrontements de février 2008 à N’Djamena entre son armée et la rébellion, qui ont failli emporter son régime, le revoilà au creux de la vague. Depuis le mercredi 11 juin dernier, son régime est de nouveau dans l’œil du cyclone. En dépit des multiples accords signés entre lui et Oumar El Béchir, le président soudanais, réputé être le tiroir-caisse des rebelles tchadiens.

Les deux principales coalitions de la rébellion tchadienne, à savoir l’Alliance nationale (AN), du général Mahamat Nouri, et l’Union des forces pour le changement et la démocratie (UFCD), du colonel Adouma Hassaballah, disent avoir riposté aux attaques aériennes de l’armée tchadienne contre leur position et occupent la localité de Goz-Beida à l’est du Tchad. Et de part et d’autre, les communiqués contradictoires et triomphalistes, sont diffusés. Ainsi, le président Idriss Déby crie à qui veut l’entendre qu’il a anéanti les rebelles ; accusant au passage son frère ennemi El Béchir d’avoir violé l’accord de bon voisinage signé le 8 février dernier et d’avoir programmé la destabilisation du Tchad.

Dans cette guerre des communiqués pour au moins gagner la "guerre médiatique", les opposants armés d’Idriss Déby ont adjuré la France, qui dispose sur place de moyens de renseignements et logistiques assez importants, de ne pas intervenir pour soutenir "le régime honni" du tombeur d’Hissène Habré.

Mais l’Hexagone, qui soutient à bout de bras ce régime dur, instauré par Déby depuis sa prise du pouvoir en 1990, saura-t-elle, une fois au moins, observer une position de stricte neutralité ? Rien n’est vraiment sûr, même si, minimisant ces nouveaux bruits de bottes au Tchad, Jean François Bureau, le porte-parole du ministère français de la Défense, a fait valoir que toute éventualité d’intervention française est conditionnée à une "agression extérieure caractérisée".

Cela coule de source qu’en parlant "d’agression extérieure caractérisée", la France fait référence au Soudan, qui, depuis, empêche Déby de gouverner en rond. Si donc la main du Soudan dans la guerre civile au Tchad n’est plus qu’un secret de polichinelle, cela sous-entend que la France ne saurait être neutre dans ce conflit et continuera à fournir de précieux renseignements et une logistique appropriée à l’armée tchadienne pour combattre la rébellion, voire mettre hors d’état de nuire El Béchir et ses hommes.

Après de multiples accords sans lendemain, signés entre Déby et El Béchir et dont le dernier en date avait pour cadre Dakar, la capitale sénégalaise, en marge du dernier sommet de l’OCI on voit qu’il était peut-être écrit que ces deux hommes sont faits pour ne pas parler le même langage. Chose qui déteint, de manière effroyable, sur la sécurité dans cette partie du monde. C’est El Béchir qui a aidé Déby à prendre le pouvoir par les armes.

Mais véritablement, rien ne dit que ces anciens "pôtes sûrs", que sont Déby et El Béchir, fumeront un jour le calumet de la paix. Après s’être fait la guerre par diverses rébellions interposées et avoir rompu leurs relations diplomatiques, il ne leur reste plus vraiment que la déclaration de guerre. Ce n’est pas souhaitable. Mais qui sait, c’est peut-être par là que passerait une paix durable dans cette partie du continent !

Boureima Diallo

L’Observateur

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