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De la révision du code électoral : Plaisantins à l’élection présidentielle, abstenez-vous !

Publié le lundi 16 juin 2008 à 14h24min

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Le 11 juin 2008, l’Assemblée nationale burkinabè a organisé un point de presse à l’intention des médias nationaux et internationaux sur les conclusions des travaux de la Commission ad hoc qui avait pour tâche de se pencher sur le code électoral, afin de dégager les différentes modifications ou corrections possibles pouvant aider le Burkina Faso à avancer dans la quête de consolidation de son processus démocratique.

Créée le 26 mars 2008 et installée le 1er avril de cette même année, la commission ad hoc sur le code électoral était composée de dix députés issus de quatre groupes parlementaires siégeant effectivement à l’Assemblée nationale. Ce sont notamment les Groupes parlementaires : Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Alliance démocratie et justice (ADJI), Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) et la Convention des forces républicaines (CFR).
Ces groupes parlementaires avaient donc la lourde mission de présenter à l’Assemblée nationale, un avant-projet de proposition de loi sur la révision du code électoral. Une mission réconfortante pour le peuple burkinabè pour qui, si les différentes propositions de loi étaient adoptées par la représentation nationale, pourraient apporter un plus dans notre quête d’une société qui s’assume pleinement.

Des propositions et recommandations de la Commission, l’on peut relever la volonté affichée de faire barrière au nomadisme politique. Un combat qui en vaut la peine quand on sait combien de ces politiciens du "ventre" s’évertuent avec moult promesses lors des campagnes électorales pour se faire élire et, une fois à l’Assemblée, font un virement spectaculaire, au grand dam de leur électorat, à se repositionner dans un autre parti où ils espèrent un avenir meilleur.

Dans un Etat de droit démocratique où le mensonge et la duplicité doivent être proscrits, la volonté de faire obstacle à ces faux politiciens vise au renforcement de la transparence et la loyauté politique. Il est vraiment temps que l’Etat prenne ses responsabilités pour extraire et jeter dans les poubelles de l’histoire, ces fauteurs de troubles, assoiffés du gain facile, assortis d’une duperie caractérisée.

Le second élément sur lequel s’est penchée la Commission et qui, de notre avis est à saluer, est la proposition du relèvement de la caution pour la candidature à l’élection présidentielle. Si l’Assemblée entérine la proposition de la Commission, tout candidat à la présidentielle devra réunir au moins 200 signatures d’élus répartis dans les treize régions que compte notre pays, pour espérer se voir inscrire sur la liste électorale. Mieux, il lui faudra désormais débourser une caution de 10 millions de nos francs contre 5 millions de nos jours, pour se faire inscrire sur la liste électorale (caution remboursable en cas de défaite, si et seulement si le candidat à la présidence a obtenu 5% des suffrages exprimés à l’issue de la proclamation des résultats définitifs). Voilà quelques mesures parmi tant d’autres, qui ne doivent pas du tout plaire aux « farfelus politiques et autres farceurs » qui ne sont là que pour amuser la galerie, perturber la bonne avancée de notre démocratie, tout en profitant au passage indument des avantages de la République. Dans ce même souci de décanter le paysage politique pour une campagne électorale saine et conviviale, la Commission dans ses propositions de relecture du code électoral souhaite voir interdire la distribution des gadgets publicitaires et autres signes distinctifs pendant les campagnes électorales.

Les autres innovations suggérées sont entre autres, l’attribution de la responsabilité du contrôle de la régulation des élections locales au Conseil d’Etat, celle des scrutins (législatives, référendum et présidentielle) au Conseil constitutionnel. Cette vision des choses va en droite ligne du souci du Burkina Faso de faire de la décentralisation son cheval de bataille, afin d’offrir aux 13 730 258 habitants que compte notre pays, selon les résultats du recensement de la population burkinabè organisé du 9 au 23 décembre 2007, un cadre de transparence dans les scrutins à venir.

Une population qui attend des candidats des différents scrutins, des campagnes électorales empreintes de loyauté, de « fair play » et de transparence, signes évidents du bon ancrage de la démocratie.

Si ailleurs en Afrique, le jeu électoral comporte souvent beaucoup d’irrégularités et de multiples crocs-en-jambe, cela ne doit pas se transposer dans notre pays, et c’est pour prévenir ces états de fait, que la proposition de la relecture de notre code électoral trouve sa justification. Et les pistes de solutions dégagées par la commission ad hoc sur la relecture du code électoral devraient nous permettre d’avoir des scrutins transparents. Ces pistes devraient également nous permettre d’éviter des dérapages et prises en otage des champs électoraux, la manipulation des résultats des scrutins, la soif de certains candidats à vouloir coûte que coûte tirer la couverture à eux, malgré l’évidence qu’ils ont perdu la partie. L’exemple qui est d’actualité est bel et bien celui du Zimbabwe qui se passe de tout commentaire.

Un adage dit "qu’une seule main ne ramasse pas la farine" et cela, la commission ad hoc devant débroussailler le champ pour la relecture du code électoral l’a bien compris en associant à la réflexion, la société civile, les partis politiques, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le ministère en charge de l’Administration du territoire. Des entités qui ne peuvent pas logiquement être écartées dans la recherche de solutions fiables et consensuelles, pour aller à des élections transparentes et démocratiquement acceptables dans une société républicaine. La presse, maillon incontournable pour une bonne visibilité et vecteur de l’information juste, n’est pas en reste. Même si elle n’a pas été conviée au débat, n’en est pas moins sollicitée. Et pour preuve, l’invitation faite aux médias ce mercredi 11 juin courant, pour se faire l’écho des résultats obtenus à l’issue des travaux en dit long.

C’est pourquoi il convient de saluer cet esprit d’ouverture et de dialogue de la Commission. Signe de plus que le Burkina Faso avance résolument dans le renforcement de la démocratie, source de paix et de cohésion sociale. Ce sont là, des valeurs cardinales dont a réellement besoin notre pays. Et tout Burkinabè, quelle que soit sa position sociale ou sa position politique, doit œuvrer au renforcement et à l’édification d’un Burkina qui se construit dans un environnement sociopolitique sain, stable et prospère. Ce que nous voulons que notre pays soit demain, dépendra fortement de la pierre que chacun de nous aura apportée aujourd’hui pour son édification.

Par Jean Bernard ZONGO

Sidwaya

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