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Pouvoirs publics : Les dangers du silence

Publié le vendredi 18 juin 2004 à 08h17min

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Un chef d’Etat africain face à toute la presse de son pays
pour parler de la vie de la nation sans sujet tabou. Le
phénomène ne court pas les rues sur le continent.

C’est
pourtant à cet exercice de rendre compte aux citoyens que
s’est soumis le président malien, Amadou Toumani Touré, au
lendemain des élections municipales. Les journalistes
avaient le loisir de poser toutes les questions, même celles
qui fâchent. Et ils ne s’en sont pas privés.

Cette forme vivante
de communication, loin des schémas engourdis et
stéréotypés des communiqués de presse sans relief,
constitue un pan important dans l’affirmation démocratique
d’une nation. Il ne sert à rien de rédiger de beaux textes où
tous les droits sont reconnus au peuple alors que la réalité
est tout autre.

Amadou Toumani Touré, en faisant le choix
de la transparence, garantit ainsi à son pays les conditions
objectives de la stabilité politique et sociale, levier de tout
développement. L’exemple malien n’est malheureusement pas
la démarche la mieux partagée en Afrique.
La plupart des chefs d’Etat du continent, en dehors des
traditionnels messages de fin d’année, restent silencieux la
plupart du temps. Même quand la nécessité de s’adresser
au peuple s’impose dans un contexte d’une gravité particulière
pour le destin de la nation.

Si aujourd’hui la rumeur a pignon sur rue à Ouagadougou et
plus généralement au Burkina Faso, cela est essentiellement
dû à la rétention morbidede l’information à toutes les étapes
décisionnelles. La rumeur, la désinformation et même
l’intoxication s’imposent donc comme une information
alternative. La violente répression des commerçants de
Rood Woko par la police en février dernier est encore vivace
dans les esprits. Alors que les rumeurs les plus folles
circulaient quant à la volonté des pouvoirs publics de
rétrocéder le marché à des commerçants de la communauté
libanaise, les autorités n’avaient rien fait avant la réunion des
commerçants pour rassurer ces derniers.

Généralement, on
s’empresse après le mal de bourrer les pages des journaux
et d’inonder les ondes des radios de démentis qui ne
servent strictement plus à rien, sinon qu’à étaler davantage
l’incurie de certains responsables.
Avec une bonne politique de communication en amont, on
aurait pu éviter ce gâchis et d’en rajouter à la misère de
pauvres commerçants déboussolés.

Cet attentisme est
également observable lorsque des informations, vraies ou
fausses, tendant à annoncer l’imminence d’un affrontement
entre deux villages, circulent dans les arrières-cours. Le
président camerounais, Paul Biya, a été donné pour mort
alors qu’il se trouvait en visite "privée" à Genève selon la
version officielle. Beaucoup de Camerounais ont cru à la
rumeur parce que la santé de leur président est un sujet
tabou qui peut conduire en prison ceux qui s’y intéressent de
trop près. Le journaliste Pius N’jawé, parlant des problèmes
cardiaques de Biya, en a déjà fait les frais. Dans un tel
contexte, on se laisse facilement convaincre de tout.

Dans un monde des autoroutes de l’information, transformé
en village planétaire, il est presque aberrant de chercher à
vivre dans une tour d’ivoire. Ce cloisonnement est
incompatible avec certaines responsabilités publiques même
si des pesanteurs socioculturelles obligent certaines
nationalités à cultiver la discrétion . Quoiqu’il en soit, on ne
peut pas vouloir assumer des fonctions publiques et refuser
de se soumettre au devoir de communiquer. C’est ouvrir ainsi
la voie à toutes sortes de supputations, préjudiciables à une
certaine harmonie sociale.

La Grèce antique continue de
fasciner à cause de ses moeurs politiques policées,
marquées notamment par la culture du dialogue permanent
entre le roi et son peuple sur la place publique appelée Agora.
Et le souverain était tenu de s’incliner devant la volonté
populaire au risque d’être déchu.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 juin 2004 à 14:06, par Casimir En réponse à : > Pouvoirs publics : Les dangers du silence

    Que les responsables de ce pays sachent une bonne fois pour toute : vous devez rendre compte à la nation. Vous êtes làbas parceque le peuple le veut. Vous êtes payés parceque le peuple paye ses impôts, ce devoir civique qu’il honore. On vous demande de collecter les impôts, les biens publiques et de les gérer(construire des routes goudronées, des villes, des écoles, des universités, des lieux touristiques, des biens publiques durables...), puis de rendre compte.
    Rien de publique ne vous appartient, ça appartient au peuple, à la nation. De quel droit alors ne rendez vous pas compte ? D’aucuns diront qu’il ya les rapports adminitratifs. Mais moi je dirai que ya la presse. Les rapports administratifs ne sont pas à accès libre de toutes les façons. Et avec un toux d’alphatisation faible, vous devez jouer carte sur table. La transparence dérange pourquoi ?

    - pareceque ceux qui doivent être transparents ne sont pas assez propres
    - parceque la vérité n’est pas bonne à dire ;
    - parceque le citoyen lamda verra clairement qu’on est entrain de le piller ;
    - parceque certains ne pourront plus piller les caisses de l’Etat ;
    - parceque certains se sentiront très proches du peuple, alors qu’en réalité, ils pensent qu’il ne le faut pas ;
    - parceque en réalité certains responsables ne sont pas au service du peuple, mais les biens publiques sont à leur service ;
    - parcequ’on risque de nous contredire ;

    Pour finir je dirai que nous devons accepter de vivre en Homme intègre même en cas de possiblité illicite de s’enrichir. C’est la seule façon de vivre libre. Libre par rapport au peuple. Je dirai ceci : celui qui a déjà détourner ne serait ce que 5FCFA du budget d’un projet publique doit être incarcéré. Ya pleins de candidats à la MACO dehors. Oeuvrons pour les y conduire, car ils n’ont pas servi honnêtement le peuple.

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