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Culture du travail : Tertius Zongo met la pression

Publié le lundi 16 juin 2008 à 14h10min

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Le 11 juin dernier, le chef du gouvernement burkinabè, Tertius Zongo, s’est soumis volontairement à l’exercice des questions-réponses, face à la presse nationale et internationale. Au menu des échanges qui, par la densité du speech, la durée des débats et le décor choisi, avaient les traits d’un discours bis à la Nation, figuraient plusieurs questions touchant autant à l’actualité qu’aux préoccupations quotidiennes du citoyen burkinabè.

Libre à présent à chaque Burkinabè qui aura écouté le chef du gouvernement, de juger de sa prestation. Mais quoi qu’on puisse dire de ce grand jamboree avec la presse, l’histoire retiendra que rarement, sous nos cieux, un Premier ministre a autant eu le souci de communiquer. Sous cet angle, on peut dire que Tertius Zongo opère une rupture.

Rupture dans la forme d’abord. En l’écoutant, ce téléspectateur qui a longtemps séjourné aux Etats-Unis et qui est rentré tout récemment au bercail, a eu des mots bien aimables à son endroit : "Je n’ai pas si souvent vu un Premier ministre burkinabè aussi direct, et qui, par son langage aussi franc que familier, donne l’impression de s’adresser au plus petit des Burkinabè". Assurément, le chef de l’Exécutif burkinabè ne sait pas faire dans la langue de bois. Discours sans fioritures, qui peut déranger autant qu’il arrache des éclats de rire, mais qui ne perd rien de son sérieux. Et puis, il y a aussi en ce personnage cette capacité à admettre les erreurs et les insuffisances, notamment celles de son équipe. En cela, Tertius Zongo aura montré qu’autant il sait faire des critiques autant il sait rester ouvert aux critiques. Et cela témoigne du souci du Premier ministre de mettre chaque ministre devant ses responsabilités et de lui mettre la pression !

Rupture dans la forme, mais aussi dans le fond. En mettant le doigt sur un des grands fléaux de l’Administration burkinabè, à savoir la culture du non-suivi, le Premier ministre soulève assurément un gros lièvre. Dire que l’absence de suivi est un facteur inhibant de notre développement et de celui du continent en général relève d’un euphémisme. Que peut-on réaliser de grand si le volet suivi fait défaut ?

Au-delà de la culture du suivi, ce qui manque le plus aux Africains, c’est la culture du travail. Pour avoir séjourné aux Etats-Unis, Tertius Zongo a suffisamment d’éléments de comparaison pour savoir que l’Africain ne se foule pas assez la rate, qu’il ne travaille pas suffisamment. Pour ne citer que le cas du Burkina, combien de travailleurs de l’Administration a-t-on surpris pendant les heures de service là où ils ne devraient pas être, c’est-à-dire dans les débits de boissons, autour de 10h, ou chez le vendeur de brochettes d’à-côté ? Combien seraient ravis à l’idée de faire des heures supplémentaires quand bien même on leur proposerait plus, en terme de traitement salarial ?

Il faut le dire tout net, la réputation de "peuple travailleur" collée au Burkina convient mieux au monde paysan.

Statutairement, le chef de l’Exécutif n’était pas tenu de se prêter à cet exercice. Il faut donc saluer cette initiative à sa juste valeur, tout en espérant qu’elle ne s’arrêtera pas en si bon chemin. On peut espérer que cette rencontre ne sera pas la dernière, pour cadrer avec l’esprit de suivi qu’il appelle de ses voeux. Pourquoi ne pas, par exemple, transformer cette rencontre en un rendez-vous annuel ?

En tout état de cause, on peut dire que Tertius Zongo a, une fois de plus, produit de l’effet. Mais, tout n’est pas de faire sensation. Ce que les Burkinabè attendent le plus aujourd’hui, c’est encore plus d’actions sur le terrain, qui valent mieux que les prêches et les formules choc.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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