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Présidentielle zimbabwéenne : Un second tour, au fait dans quelles conditions !

Publié le vendredi 13 juin 2008 à 09h45min

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Le 29 mars dernier, Robert Mugabe, à la tête du Zimbabwe depuis 1980, perdait le premier tour de l’élection présidentielle face à son challenger, Morgan Tsvangirai. Il s’en est suivi un cycle de violences, qui n’est vraiment pas rompu. C’est dans ces conditions que la ZANU-PF de Mugabe et le MDC se préparent pour le second round du scrutin, prévu, on le sait, pour le 27 juin prochain. Mais la situation actuelle fait douter de la tenue effective de ce second tour, le vieux Bob opérant des tours de vis tous azimuts, comme nous l’écrivons dans un de nos éditoriaux, dans le but de désarçonner l’opposition.

En effet, le président Mugabe avait fait interdire à l’opposition tout rassemblement, allant jusqu’à faire arrêter à plusieurs reprises son adversaire politique, Morgan. Plus encore, un diplomate américain avait été agressé à Harare, la capitale zimbabwéenne, ce qui a exacerbé l’insécurité dans cette contrée. C’est donc dans une atmosphère hautement délétère que se déroule la campagne pour le second tour dans ce pays où l’économie, du fait la gestion calamiteuse du pouvoir par le héros de la guerre d’indépendance, est aujourd’hui plus que jamais exsangue.

Une situation de violence que bon nombre d’observateurs refusait de reconnaître. On se rappelle d’ailleurs que même le chef de l’Etat sud-africain, Thabo Mbeki, médiateur entre le pouvoir et l’opposition au Zimbabwe, avait fait peu de cas des violences qui sévissent dans l’ex-Rhodésie du Sud. Pour Pretoria, il n’était pas non plus opportun que la crise zimbabwéenne soit inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, « car elle ne constitue pas une menace pour la paix régionale ».

C’est cynique tout de même, pareille considération ! Le Zimbabwe peut donc continuer de sombrer dans le marasme, pourvu que cela ne dérange pas les voisins. Mais aujourd’hui, le président sud-africain doit se rendre à l’évidence et abandonner sa « diplomatie secrète ». Ce que le patron de la nation arc-en-ciel est en train de faire.

Et il a fallu pour le déloger de sa réserve, la double arrestation du chef de l’opposition zimbabwéenne, Morgan Tsvangirai, la mort d’hommes ainsi que la pression des Etats-Unis, qui avaient estimé, depuis l’agression d’un des leurs, que le médiateur de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a été défaillant quant à sa mission d’assurer la sécurité dans cette sous-région.

Thabo Mbeki reconnaît donc maintenant, au vu du développement de la violence, que la situation est inquiétante. Le chef de l’ANC, Jacob Zuma, quant à lui, qualifie la situation qui prévaut au Zimbabwe d’« alarmante ». Des pays tels la Zambie et l’Ouganda partagent également ce sentiment. Le chef de l’Etat ougandais, Yoweri Museweni, prend, lui aussi, ses distances avec le pouvoir de Harare, et se demande si dans le climat actuel, un second tour du scrutin est probable.

Il est question en tout cas qu’une mission de l’ONU se rende au Zimbabwe, dans les prochains jours, pour voir de plus près la situation politique et travailler à l’apaisement dans la perspective du second tour. On parle de négociations qui déboucheraient sur un hypothétique gouvernement de transition, un concept que l’opposant Morgan Tsvangirai a balayé du revers de la main.

A deux semaines donc du second tour de la présidentielle zimbabwéenne, rien n’est encore sûr. S’il a lieu à la date indiquée, le 27 juin, on ne sait vraiment pas trop dans quelles conditions il va se dérouler. Papy Bob étant passé maître dans l’art de faire feu de tout bois.

Agnan Kayorgo

L’Observateur

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