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Conférence de presse bilan du Premier ministre : Tertius Zongo s’attaque à la culture du non-suivi

Publié le mercredi 11 juin 2008 à 12h07min

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Tertius Zongo

Le Premier ministre burkinabè Tertius Zongo a animé, le 10 juin 2008 à Ouagadougou, une conférence de presse pour faire le bilan de son premier anniversaire à la tête du gouvernement. L’exercice, initié par le Club de la presse, a duré plus de 2 heures d’horloge et a ressemblé, à quelques détails près, au discours sur la situation de la nation prononcé par le chef de l’exécutif burkinabè le 27 mars dernier devant les députés de l’Assemblée nationale. Langage franc et humour ont caractérisé ce deuxième grand face-à-face du Premier ministre avec la presse après celui de l’année dernière suite à sa nomination.

A quelques détails près, la conférence de presse bilan du Premier ministre, Tertius Zongo, a été un remake de son discours sur la situation de la nation prononcé le 27 mars 2008 à l’Assemblée nationale. Abstraction faite du cadre (salle de conférences du ministère des Affaires étrangères), de l’auditoire (journalistes) et de la durée (2h 24), les autres aspects de l’événement rappelaient l’exercice constitutionnel : retransmission en direct à la radio et à la télévision nationales, présence de ministres et collaborateurs directs et, the last but not the least, bilan de douze mois de conduite du gouvernement. Durant pratiquement une demi-heure, Tertius Zongo a fait, en guise d’introduction à la conférence de presse, ce qu’il a qualifié de bilan sommaire. De l’économie à la politique en passant par le social, le Premier ministre a énuméré les actions réalisées et celles à venir.

Environ 16 milliards de F CFA pour les agriculteurs

Avec la crise alimentaire qui doit induire un changement des habitudes de consommation et de production, l’agriculture va occuper une place de choix dans l’action du Premier ministre. Dans sa déclaration liminaire, le chef du gouvernement a fait savoir que pour la campagne agricole 2008-2009, l’Etat va mobiliser près de 16 milliards de F CFA pour doter les producteurs de céréales de semences améliorées, d’engrais et de pesticides à un prix subventionné. Et cela pour permettre que l’objectif de 4 millions de céréales dont 260 000 tonnes de riz couvrant 60% des besoins en consommation du pays soit atteint. Les cotonculteurs ne seront pas en reste avec l’augmentation de la subvention à eux accordée, qui passera de 6,5 milliards de F CFA à 22,5 milliards de F CFA pour accroître aussi la production. On a par ailleurs retenu l’engagement du Premier ministre à lutter contre l’hydre de la corruption. La conférence de presse intervenant au lendemain de la prestation de serment et de l’entrée en fonction du contrôleur général d’Etat, premier responsable de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat, Tertius Zongo a inscrit son combat dans la volonté du gouvernement de rendre effective la lutte contre ce fléau qui s’est d’abord manifestée par une étude sur la pratique de la corruption dans l’Administration, les réformes du système de passation des marchés, la création du circuit intégré de la recette et le contrôle de la valeur au dédouanement des marchandises, etc.

Après avoir bouclé une année à la tête du gouvernement, le Premier ministre dit être animé par ce sentiment d’avoir accompli une mission avec conviction. Il s’est aussi réjoui de la "grande humilité des résultats auxquels le gouvernement est parvenu dans un environnement économique international particulièrement très hostile." Tertius Zongo a associé la presse nationale "plurielle", "responsable", "critique et affective à la fois", à l’atteinte des résultats. "Vos écrits que j’ai régulièrement lus avec bien sûr discernement m’ont permis d’entretenir une veille constante sur les avancées dans la mise en oeuvre des politiques publiques", a-t-il souligné.

Pas de langue de bois

Dans la partie questions-réponses, le Premier ministre a livré un discours direct et franc. Actualité oblige, la série de questions a commencé par la vie chère. Tertius Zongo a été interpellé sur les mesures prises par le gouvernement pour faire face au phénomène. En réponse, le chef de gouvernement a indiqué que les seules solutions viables sont celles prises par le Burkina, réitérant la pertinence des mesures d’allégement fiscal, de contrôle et de régulation qui ont rendu progressivement disponibles les produits de première nécessité sur le marché. Toutefois, il a tenu à relever que les mesures n’ont sans doute pas été à la hauteur des attentes des populations auxquelles il demande de la compréhension.

A l’époque, bien des personnes avaient laissé entendre que c’est le Premier ministre et la structure de contrôle des importations, COTECNA, qui étaient à l’origine du phénomène de la vie chère au Burkina. Est-ce bien le cas ? "Le Premier ministre et COTECNA n’y sont pour rien. C’est la conjoncture" qui explique cela, a répondu Tertius Zongo.

Autre préoccupation des journalistes : le départ de Salif Diallo du gouvernement à la faveur du léger remaniement du 23 mars. Ce départ a-t-il rendu le gouvernement plus collégial et plus cohérent ? Le Premier ministre est-il satisfait des résultats de ses ministres ? Le chef de l’exécutif burkinabè ne s’est pas trop étalé sur la première question. Pour lui, le remaniement du week-end pascal ne sera ni le premier ni le dernier. En plus, selon la conviction de l’enfant de Doudou, Salif Diallo aura le même engagement à servir le peuple qu’il soit ministre ou pas.

Tout n’est pas rose

Par rapport au rendement de l’équipe gouvernementale, le Premier ministre a dit qu’il y a une satisfaction à en tirer malgré les limites qui n’ont pas manqué. "Tout n’est pas rose mais globalement, chacun a fait de son mieux", a-t-il dit. De fait, des faiblesses subsistent dans l’organisation, la conduite des Hommes au niveau des ministères. Tertius Zongo ajoute que la grosse insuffisance à corriger est l’absence d’un suivi sérieux de l’action gouvernementale. Pour cela, il recommande l’instauration d’une culture de suivi. En attendant, et confidence du chef du gouvernement, un système de relève a été créé au niveau de son cabinet pour que les engagements et les décisions prises en Conseil des ministres ne restent pas sans suite.

L’audition qui a failli conduire en prison l’actuel directeur général des douanes a été aussi évoquée lors de la conférence de presse bilan. A ce propos, Tertius Zongo a fait savoir qu’il n’appartient pas au gouvernement de commenter les faits et gestes de la justice. "Le dossier suit son cours, des investigations sont menées", a-t-il conclu sur le sujet.

Sur la refondation dont le bien-fondé, les tenants et les aboutissants sont en train d’être expliqués au peuple par les porteurs de ce projet, le chef de l’exécutif a dit qu’il n’a eu seulement connaissance que d’un exposé de motifs qui, toutefois, peuvent être bénéfiques. Et comme pour clore le débat, il a indiqué que, le seul programme politique qu’il connaît est celui du chef de l’Etat qu’il applique, à savoir "Le progrès continu pour une société d’espérance". Les journalistes étaient nombreux à vouloir poser des questions au chef de gouvernement. Mais au regard de son emploi du temps sans aucun doute très chargé, son chef de la communication et chargé de mission, Sylvestre Somé, qui distribuait la parole, a été bien obligé d’écourter ce face à face avec la presse. Avant de prendre définitivement congé des journalistes, Tertius Zongo a eu une pensée pour les candidats aux différents examens, tout en fustigeant au passage la fraude à laquelle malheureusement certains ont toujours recours. Il a terminé en demandant aux Burkinabè d’aider le gouvernement à rester sur terre et pas sous terre.

Par Séni DABO


DANS LES COULISSES DE LA CONFERENCE : L’équipe était presqu’au complet

En dehors de ceux qui étaient en mission, ils étaient presque tous là. Yéro Boly de la Défense ; Jean Baptiste Compaoré des Finances et du Budget ; Laurent Sédogo de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques ; Gilbert Noël Ouédraogo des Transports ; Seydou Bouda de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat ; Cécile Béloum en charge des Relations avec le Parlement ; Salamata Sawadogo de la Promotion des droits humains ; Salifou Sawadogo de l’Environnement et du Cadre de vie ; Kader Cissé en charge des Mines ; Sékou Ba des Ressources halieutiques ; Hippolyte Lingani des Infrastructures et du désenclavement ; Filippe Sawadgo de la Culture, du Tourisme et de la Communication ; Minata Samaté de la Coopération régionale ; Vincent T. Dabilgou de l’Habitat et de l’Urbanisme, Joseph Paré des Enseignements secondaire, supérieur et de le Recherche scientifique étaient, entre autres ministres, aux côtés de Tertius Zongo à l’occasion de cette conférence de presse qui marquait l’An I du Premier ministre et son gouvernement. Même Marie Odile Bonkoungou, de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, après avoir sacrifié au rituel de la tournée dans des centres d’examen, CEP oblige, est venue renforcer l’équipe.

L’atmosphère était des plus détendues malgré l’importance de l’ordre du jour. Avant et après la conférence, hommes de médias et ministres ont rigolé ensemble comme le feraient de vieux copains. Qui a dit que les hommes du pouvoir et les journalistes devaient toujours se regarder en chiens de faïence ?

Et voici Salif Diallo !

Comme il fallait s’y attendre, le limogeage de Salif Diallo, ancien ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, a refait surface au cours des débats de la conférence animée par le Premier ministre. Ceux qui pensaient que la question embarrasserait Tertius Zongo ont été déçus. Il a abordé le sujet comme tous les autres, relevant au passage les mérites de Salif Diallo. Pour le Premier ministre, l’ancien ministre d’Etat, là où il se trouve présentement, travaille sans doute dans l’intérêt de la nation. Tertius Zongo a également mentionné que ce n’était pas le premier départ du gouvernement et que ce ne serait pas le dernier. Il en sait d’ailleurs quelque chose lui-même en tant qu’ancien ministre en charge des Finances.

Les 300 Chinois de Moustapha Thiombiano

Atypique et réservoir d’idées, Moustapha Thiombiano le demeurera encore longtemps. Le P-DG de Horizon FM-TVZ a réussi la prouesse de poser une dernière question au Premier ministre alors que Sylvestre Somé, le "gendarme" de la cérémonie, avait clos les listes. C’est alors que le Laabli national a recommandé au Premier ministre de mécaniser l’agriculture, afin de pousser définitivement la "daba" au musée. Moustapha a aussi demandé à Tertius Zongo de lui donner 50 000 hectares de terre afin qu’il fasse venir 300 Chinois pour nourrir le Burkina entier. Sacré Laabli !

Laissez la place pour les hommes de presse

Nombre d’hommes de médias n’ont pas pu s’asseoir au premier rang pour une conférence qui était censée être la leur. En effet, les places qui étaient destinées aux journalistes ont été occupées par d’autres personnes qui auraient bien pu se mettre ailleurs dans la salle. Conséquence, certains de nos confrères qui désiraient intervenir n’ont pu le faire puisqu’ils n’étaient pas dans le champ de vision du maître de cérémonie. A l’avenir, si chacun respectait l’ordre établi et que les organisateurs veillaient au grain, tout irait certainement pour le mieux, dans le meilleur des mondes possible.

Le Pays

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