LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Bertrand Gaston SOUBEIGA, Président de la FEDAP-BC : « Nous n’avons pas de contradictions avec le CDP en tant que parti... »

Publié le lundi 9 juin 2008 à 12h47min

PARTAGER :                          

La première sortie officielle de la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (FEDAP-BC) lors de l’inauguration de son siège le 19 avril dernier a donné lieu à toutes sortes d’interprétations. Certains analystes sont allés jusqu’à voir en elle un parti concurrent du CDP en gestation, poussé par M. François Compaoré. Tout le contraire selon B. Gaston Soubeiga, président de la FEDAP-BC. Lisez plutôt !

L’Hebdo du Burkina (H.B) : En plus d’être le président de la FEDAP-BC, qui est M. B. Gaston Soubeiga ?

M. B. Gaston Soubeiga (BGS) : Permettez-moi tout d’abord de vous dire merci pour votre démarche. Vous avez choisi de venir à la source pour recueillir l’information vraie, afin de la mettre à la disposition des citoyens au lieu de vous contenter de simples opinions et autres spéculations comme c’est le cas de certains organes de presse. Votre initiative est à saluer et à encourager. Pour ce qui concerne la question de savoir qui est M. Soubeiga, je suis le président de la FEDAP-BC. Mais avant tout, je suis un simple citoyen burkinabé et employé à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) en tant que Directeur des Ressources Humaines (DRH). Sinon, je suis docteur en économie du travail.

L’idée de créer une fédération des associations qui soutiennent le président Blaise Compaoré date de la célébration du 20e anniversaire de son accession au pouvoir. Concrètement comment cela s’est passé pour la mise en forme de l’idée ?

Contrairement à ce qui est dit, l’idée de créer la FEDAP-BC ne date pas de la célébration du 20e anniversaire de la renaissance démocratique au Burkina avec Blaise Compaoré. L’idée en elle-même date de bien longtemps. A la dernière élection présidentielle, le président Blaise Compaoré avait déjà créé le déclic en invitant à Ziniaré, lors de son investiture comme candidat à la présidentielle de 2005, toutes les couches et sensibilités sociales, confessionnelles et politiques de notre pays, à fédérer dans l’action pour un Burkina prospère. C’est un acte fondamental plein de signification, car il y avait là un message fort de sagesse qui veut dire qu’il est l’homme du peuple au-delà des partis. Et que le peuple a obligation et intérêt dans sa diversité à regarder ensemble vers ce qui est essentiel, c’est-à-dire la construction de la patrie. Les membres fondateurs de la FEDAP-BC avaient pris note de l’appel historique de Ziniaré et cela les a inspiré dans la création de la FEDAP-BC que nous considérons comme une méga association.

Comment s’est passé votre désignation pour diriger cette nouvelle structure ?

Comme vous le savez, pour toute organisation naissante, il y a ce qu’on appelle l’assemblée constitutive. C’est lors de cette assemblée constitutive que j’ai été porté à la présidence de la FEDAP-BC.

Aux côtés de la structure fédérale, il y a des présidents d’honneur qui ont été désignés. Quelles sont les autres structures ou instances dirigeantes de la FEDAP-BC ?

Il y a des présidents d’honneur. Il y a également des présidents d’honneur associés qui sont essentiellement, les présidents des organisations qui ont fédéré pour créer la FEDAP-BC. La fédération est structurée en bureau national, en coordination régionale et provinciale. On retrouve les points focaux au niveau des départements et des villages, des arrondissements et des secteurs.

Comment fonctionnent ces structures à l’intérieur de la fédération ?

Le fonctionnement de ces structures ? C’est à peu près comme dans toutes les organisations du même genre. Quand nous parlons de bureau national, c’est l’instance par essence qui dirige l’association et qui répond de tout temps au nom de la fédération. Il y a donc le bureau national élargi aux Présidents d’honneur, puis il y a le bureau exécutif qui est chargé d’exécuter les décisions du bureau national. La coordination régionale est le bureau exécutif cette fois-ci sur le plan régional. Et vous avez la coordination provinciale et les points focaux.

Vous parlez tantôt des structures qui ont fédéré ensemble notamment les ABC, les tanties de Blaise Compaoré, etc. Est-ce que la mayonnaise a pris à la base ?

On peut constater sur le terrain une forte implication et adhésion des militants de toutes les associations qui ont fédéré au niveau de la FEDAP-BC.

Est-ce qu’il n’y a pas des gens qui se sentent plus ABC, tontons ou tanties de Blaise Compaoré à l’intérieur de la Fédération ?

Là, je voudrais apporter un éclaircissement. Nous ne sommes pas dans une structure où les organisations composantes sont venues se dissoudre. Non. Ce n’est pas une absorption. Elles sont plutôt venues fédérer. La FEDAP-BC est une organisation faîtière. Tant et si bien que les unes et les autres gardent leur récépissé de reconnaissance. La FEDAP-BC se veut un creuset pour l’action unitaire de toutes ses associations membres en vue de renforcer l’efficience de leur soutien au Président Blaise Compaoré.

Comment un particulier un groupe ou une structure associative peut adhérer à la FEDAP-BC ?

Il faut simplement adhérer aux objectifs et aux missions de la FEDAP-BC qui consistent essentiellement à soutenir et accompagner l’action du Président Blaise Compaoré. On peut adhérer individuellement comme collectivement.

Vous vous réclamez de la société civile. Mais selon certains bservateurs, le fait de soutenir le président et par ricochet sa politique vous disqualifierait de porter ce label. Alors pour vous, c’est quoi la société civile ?

La société civile pour nous, c’est une forme d’organisation des citoyens en vue de défendre leurs intérêts, mais aussi de faire des critiques, des observations et d’émettre des avis sur la manière de gérer la cité. La société civile est également une force de proposition et un partenaire important et puissant pour le pouvoir. Nous sommes une organisation de masse dans laquelle les clivages politiques sont sublimés au profit d’un dénominateur commun qui est le soutien à Blaise Compaoré. Mais les individus membres, en tant que citoyens burkinabè, gardent leurs convictions idéologiques et leur vie militante à l’intérieur de leurs formations politiques. Au fait, ceux qui feignent de ne pas le comprendre comment rangent-ils les syndicats dits de lutte de classes ainsi que le Collectif des partis politiques et organisations de masse ? Nous, nous ne sommes pourtant pas allés jusqu’à ce registre là.

Certains vous reproche d’être des courtisans intéressés, dont voudrait se servir M. François Compaoré contre le CDP. Est-ce que vous pouvez nous parler de vos relations avec le CDP, la mouvance présidentielle et M. François Compaoré ?

Vous savez chacun peut émettre des opinions. Dans le cas présent, nous sommes en démocratie et la liberté d’opinion est un droit absolu. Mais par rapport à la réalité, c’est-à-dire que si on quitte le cadre des opinions, ceux qui veulent savoir réellement qui nous sommes peuvent se référer à nos textes fondamentaux, où les missions et les objectifs de la FEDAP-BC sont clairement définis. Jusqu’à preuve de contraire nous pensons que nous ne sommes pas sortis de nos obligations statutaires. Si cela arrivait on pourra éventuellement nous le signifier. Pour ce qui concerne la relation qui existe entre le CDP et la FEDAP-BC, nous disons tout simplement que le CDP est un parti politique qui brigue des mandats politiques alors que la FEDAP-BC est une association qui n’a pas d’objectifs politiques de prise de pouvoir et de gestion du pouvoir d’Etat. Il y a une relation de collaboration, voire même de complémentarité entre la FEDAP-BC, le CDP et tout autre parti de la mouvance d’autant plus que nous apportons tous un soutien au président Blaise Compaoré. Ce que nous avons de commun avec la mouvance présidentielle, c’est de supporter le programme du président Blaise Compaoré. C’est une relation de collaboration autour du programme du Président du Faso. Concernant M. François Compaoré, il est avec plusieurs autres personnes d’obédiences politiques diverses, une personne ressource pour la FEDAP-BC. Et comme toute personne ressource, il apporte à la FEDAP-BC son soutien. Ni plus ni moins.

A l’inauguration de votre siège, vous avez déclaré que la politique ne devrait plus être le monopole des seuls professionnels. Cela a pu contribuer à accréditer la thèse de ceux qui soutiennent que la FEDAP-BC va s’immiscer dans la vie politique, voire se transformer en parti politique. Certains journaux avaient même avancé la date du 02 juin. Qu’en est-il exactement ?

Je peux vous dire que toutes les projections de date par rapport à cette prétendue mutation ne sont que les résultats de supputations et des imaginations les plus folles. Sinon, nous au niveau de la FEDAP-BC nous n’avons jusqu’à preuve de contraire, aucun programme de transformation de nos structures en parti politique. Pour préciser mon idée lors de mon discours pendant l’inauguration du siège, j’ai tout simplement dit qu’aujourd’hui la vie et l’avenir de la nation toute entière ne peut plus être l’apanage des seuls professionnels de la politique. Et je crois qu’en le disant je n’ai rien inventé et je ne vous fais pas découvrir l’Amérique. Ils existent plusieurs organisations de la société civile qui agissent sur l’action politique. Si on prend par exemple le centre pour la gouvernance démocratique (CGD) qui fait des propositions à l’Assemblée nationale pour des amendements éventuels de notre Constitution, est-ce que cela signifie que le CGD est un parti politique en gestation qui s’intéresse à la conquête du pouvoir politique ? Non, ce n’est pas un parti politique. Il n’a pas un objectif de prise de pouvoir ni de gestion du pouvoir d’Etat. Mais l’opinion du CGD compte désormais en politique au Burkina. Nous ne disons pas cela avec l’intention d’adresser un message voilé à qui que ce soit. Et quand on va plus loin, il y a par exemple les alter mondialistes. Aujourd’hui, on est obligé de compter avec eux. Voilà l’idée que nous avons voulu traduire. Nous souhaitons que tout un chacun nous comprenne de cette façon.

Un groupe de partis d’opposition a publié récemment une virulente déclaration sur la gouvernance démocratique au Burkina. C’est directement la politique du président Compaoré que vous soutenez qui est mis en cause. Les partis signataires de cette déclaration parlent de refondation. Quel est votre point de vue sur cette question ?

Ce groupe de partis politiques étant de l’opposition, je crois que c’est leur droit le plus absolu de critiquer l’action gouvernementale. Mais la question de la refondation qu’ils évoquent, nous estimons qu’elle repose et doit reposer essentiellement sur un débat d’idées. A ce titre, l’idée de refondation doit être approchée dans un cadre d’échange et de partage entre les différents acteurs politiques en vue de dégager des solutions consensuelles. En tout état de cause, il ne nous appartient pas en tant qu’association de porter des jugements directs sur les prises de position des partis politiques. Nous suggérons tout de même, qu’il faut autant que faire se peut, éviter de jouer aux cassandres lorsqu’on est patriote.

Si le président Blaise Compaoré vous demandait des suggestions par rapport à la recherche de solutions durables à la question de la vie chère, quelles sont les propositions ou les pistes de propositions que vous préconisez ?

Pour la vie chère, nous avons eu à nous prononcer là-dessus à plusieurs occasions. Et nous disons que la vie chère est un phénomène qui n’épargne aucun Etat, aucun peuple. La FEDAP-BC pense que la solution doit résider dans la concertation et le dialogue entre le gouvernement, les opérateurs économiques et les autres acteurs sociaux de notre pays. Cette concertation doit permettre de faire la sensibilisation, la mobilisation et l’information des différentes couches de la société pour que chacun joue pleinement son rôle d’émancipateur auprès de sa communauté. Si cela est fait, je pense que déjà on a amorcé la solution du problème. Sinon, nous connaissons bien les raisons de la vie chère. Si nous devons agir, c’est en nous-même. Les solutions sont endogènes et non exogènes.

Depuis la mise en place de la FEDAP-BC et l’inauguration du siège, quelles sont les activités prévues pour l’année 2008 pour témoigner de votre soutien à la mise en œuvre du programme du président Blaise Compaoré ?

Nous sommes une jeune fédération. Et on aime à le dire, les enfants sont nés avant la mère. Les enfants ici sont comme les différentes structures associatives qui sont réunies au sein de la FEDAP-BC. Ces associations existaient avant l’existence de la FEDAP-BC qui se réclame aujourd’hui la mère de toutes ces associations. Alors la mère a un devoir et une obligation d’effectivité. Et nous pensons que pour cette année, nous allons nous y atteler fermement et de la façon la plus sérieuse. Parce qu’on parle de nous infiltrer pour nous noyauter de l’intérieur. Nous sommes à pied d’œuvre pour éviter cela. Parce que dès que vous ne vous accrochez pas, vous ne pouvez pas accrocher une cruche. Sinon, vous et la cruche, vous allez atterrir. Notre programme actuel, c’est de nous asseoir et de rendre effectif la FEDAP-BC sur l’ensemble du territoire. Bien sûr avec tout ce que cela comporte comme difficultés et autres. Nous n’oublions pas notre rôle et la mission essentielle qui est de sensibiliser, mobiliser, informer l’ensemble de nos membres et nos sympathisants ainsi que les leaders d’opinions sur la paix et le progrès social avec Blaise Compaoré.

Est-ce que la FEDAP-BC va essayer de coordonner les activités que les tanties, les ABC, l’AJCBC génération 2000 etc., vont mener ?

Non. Chaque association membre peut initier, selon ses moyens, toute activité spécifique autonome. Dans le cadre de la FEDAP-BC nous élaborons les actions unitaires à travers nos structures propres. Mais, si nos structures sont conviées à une activité spécifique d’un groupe membre, nous y assistons.

Toutes ces activités dont vous parlez à savoir la sensibilisation, le plaidoyer auprès de la population sur la paix et le progrès nécessiteront des moyens. Comment la FEDAP-BC compte mobiliser ces ressources pour aller vers les populations ?

C’est très simple. C’est une association et vous savez d’une manière générale comment est le mode de financement des associations. Ce sont les cotisations des membres, la vente des cartes des membres, les dons et les legs. On ne peut pas aller au-delà.

Parlant de cotisation, on constate le plus souvent que les gens cotisent moins dans les mouvements associatifs. Comment comptez-vous vous organiser pour pouvoir compter sur ces ressources propres ?

Je suis économiste et quand on parle de ressources propres, c’est ce que vous-même vous dégagez d’abord. Nous sommes une organisation à but non lucratif. Nous ne pouvons donc pas vendre quelque chose pour avoir de l’argent. Nous sommes dans l’obligation de faire en sorte que nos membres puissent cotiser. C’est vrai que même les associations les mieux organisées, n’arrivent pas à faire en sorte que les membres cotisent comme il se doit. Mais nous, nous sommes obligés de le faire. Et compter sur le fait que pour être membre, il faut avoir une carte. Et la vente des cartes constitue une source d’entrée d’argent qui puisse permettre de mener nos activités. Il y a aussi les dons et les legs.

Est-ce qu’on peut parler de FEDAP-BC à l’extérieur du Burkina Faso ?

La FEDAP-BC à l’extérieur du Burkina c’est pour le moment une intention. Les gens se contentent d’en parler, mais en réalité nous n’avons rien entrepris pour le moment pour conquérir les Burkinabè de l’extérieur. Comme je vous le disais tantôt, notre vision, le clou de notre programme actuellement c’est l’effectivité de la FEDAP-BC sur le territoire national. Ensuite nous avons des correspondants des gens de bonne volonté qui nous parviennent de partout et qui nous demandent de venir ou à défaut d’envoyer des documents pour leur permettre de mettre en place des structures. Mais pour le moment nous disons que si nous n’arrivons pas à couvrir le territoire national, et que nous commençons déjà à conquérir l’extérieur, nous pourrions manqués d’être efficaces.

Avez-vous quelque chose à ajouter pour terminer ?

Mon dernier mot, ce sera juste pour vous dire merci de nouveau. Vous dire merci parce que vous êtes venus vers nous. Nous prenons cela comme une marque de considération pour nous. De plus, vous nous donnez cette occasion de dire ce que nous pensons sur un certain nombre de questions que certains de vos collègues préfèrent traiter sur fond de spéculation. On nous a appelé de tous les noms d’oiseaux, mais ce n’est pas grave. Avec le temps et au résultat de nos actions, les burkinabé apprendrons à mieux nous connaître. Ces deux éléments sont des motifs réels de satisfaction pour nous et pour lesquels nous vous remercions beaucoup. Nous profitons lancer un appel à tous ceux qui veulent soutenir le Président Blaise Compaoré mais qui pensent que le cadre d’un parti ne leur sied pas, à venir se joindre à nous. Nous répétons également que nous n’avons pas de contradictions avec le CDP en tant que parti, mais plutôt des relations de complémentarité et de collaboration. Le CDP soutient le président Blaise Compaoré comme nous, nous le soutenons. Du reste, il suffit d’observer le profil, ou la ligne éditoriale de ceux qui s’érigent aujourd’hui en défenseur des intérêts du CDP contre la FEDAP-BC pour comprendre qu’il s’agit d’une tentative de manipulation politique dont nous avons une idée sur l’origine.

Merci

Interview réalisée par Abou OUATTARA et Roger NANA

L’Hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique