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Poussières de sang : La compagnie Salia ni Seydou met à nu les souffrances humaines

Publié le lundi 9 juin 2008 à 11h31min

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"Poussières de sang", c’est la toute dernière création de la compagnie Salia ni Seydou. Deux représentations publiques données en fin mai au Centre de Développement chorégraphique (CDC), la Termitière ont marqué son entrée en scène et sa bénédiction par les siens avant son envol pour d’autres contrées. "Poussière de sang", c’est un chef-d’œuvre qui choque et qui interpelle les consciences sur les souffrances humaines.

Dans un monde déjà en proie aux aléas climatiques et autres catastrophes naturelles, l’homme a-t-il besoin d’en rajouter aux souffrances de son prochain ?
Et pourtant c’est ce que nous vivons au quotidien dans ce monde ici bas au moment même ou on crie à la vie chère sur tous les toits. Toute chose qui nous éloigne de la culture de la paix, une paix dont on ne connaît l’importance que lorsque l’on la perdue. Dans une chorégraphie savamment orchestrée, Salia Sanou et Seydou Boro mettent à nu dans la Poussière les souffrances engendrées par l’intolérance et la cruauté de l’homme.

Durant une heure d’horloge, le spectateur en aura pour son compte.
Dès l’entame, une chanson mélancolique entonnée par une dame tout de rouge vêtue, couleur symbolisant le sang, vous glace le corps et réveille vos sens. Comme pour dire, "soyez attentif, le désastre commence".
Puis, un coin de voile s’élève lentement sur des corps qui se torturent de douleur sur la scène, laquelle va s’animer progressivement au rythme des événements.
Les huit danseurs laissent parler leur corps et étalent leurs souffrances dans la poussière, la poussière de sang.

Et comme des fous révoltés, ils bousculent tout sur leur chemin et se livrent à des chutes parfois fracassantes qui réveillent davantage les consciences.
Heureusement que des pas de danse beaucoup plus gais viennent de temps en temps interrompre ce spectacle désolant de souffrances.
Dans un mouvement d’ensemble au rythme du balafon, djembé, cora, flûte et autres instruments bien maîtrisés, les danseurs nous transportent dans la région san du Burkina dans leurs pas.

C’est là aussi une des forces de la compagnie Salia ni Seydou qui, depuis un certain temps a réussi à introduire dans ses créations des éléments de notre musique traditionnelle et celles d’ailleurs.
Après "un pas de côté" avec Jean Pierre Drouet et la compagnie Ars Nova en 2006, voici donc "Poussières de sang" une autre coproduction de Salia ni Seydou avec plusieurs structures partenaires qui va à la conquête des prestigieuses scènes du monde.
Nul doute qu’elle connaîtra le même engouement et la même notoriété que ses devancières.

Zakaria YEYE


Jean-Pierre Bejot, journaliste français : Je suis séduit par la chorégraphie exceptionnelle

Journaliste français, éditeur du quotidien la Dépêche diplomatique et spécialiste de danse contemporaine, Jean-Pierre Bejot a suivi avec intérêt la représentation de "Poussières de sang".

Jean-Pierre Béjot : J’ai été réellement séduit par cette représentation d’une qualité internationale. C’est un spectacle parfait dans la créativité, la conception et la réalisation. La chorégraphie en soi-même, est exceptionnelle et exprime parfaitement la créativité qui peut y avoir en Afrique dans le domaine contemporain. On dit toujours que l’Afrique est une sorte de folklore ou de tradition, mais on se rend compte que la création y est aussi une chose contemporaine et cette création peut être compétitive au plan international. La preuve est que cette compagnie est invitée dans plusieurs pays à travers le monde. Je crois savoir qu’elle s’apprête à participer très prochainement à un certain nombre de manifestations en France.
Je retiens aussi que dans la salle il y avait des gens qui, pour la première fois découvraient la danse contemporaine, mais ils en n’étaient pas déçus. Preuve que le spectacle était bon et accessible à tous.
Je pense que c’est une découverte qui est une nécessité pour les populations d’ici de faire irruption dans une modernité qui est en même temps une perception de ce qui est leur traditionalité. C’est ce lien qui est important. Il ne faut pas que la création contemporaine soit en rupture avec la tradition mais qu’elle soit son aboutissement.
Si cette compagnie réussit c’est en partie à cause de cela. Ici ce n’est pas un danseur qui s’exprime et s’affirme mais d’une compagnie avec des danseurs, danseuses, musiciens qui n’a rien à voir avec le folklore d’aéroport auquel on réduit généralement la création artistique africaine.

Sidwaya : La thématique de cette création s’adapte-t-elle uniquement à l’Afrique ou va-t-elle au-delà ?

J.P.B. : C’est une thématique qui touche les africains au premier chef. J’étais en compagnie d’une amie burkinabè qui a eu l’avantage sur moi qui suis de culture occidentale, de bien comprendre le texte et les problèmes qui sont soulevés. Elle a parfaitement perçu la connection qui peut y avoir entre cette création très contemporaine et la réalité de son quotidien. C’est-à-dire la difficulté, la préoccupation que nous avons dans ce monde à nous affirmer en tant qu’être humain dans un contexte un peu difficile.
Il y a donc cet ancrage dans le quotidien et en même temps cette possibilité de faire émerger ce spectacle au plan international, parce qu’il parle à tout le monde.
Ce qui est important dans cette démarche, c’est de ne pas laisser percevoir que la danse contemporaine est un domaine élitiste réservé à quelques spécialistes et critiques mais que également des gens qui n’ont jamais vu ce genre de spectacle, puissent en percevoir la réalité.
La réalité, c’est celle du quotidien, du corps, du cri, du chant, de la musique. En quelque sorte, c’est cette irruption du contemporain dans la vie quotidienne.
J’ai été très heureux de découvrir la Termitière dont j’ai tant entendu parler. Personnellement, je suis amateur de danse contemporaine et je suis depuis plusieurs décennies les travaux d’un certain nombre de chorégraphes dont Caroline Carlson, chorégraphe américaine qui travaille beaucoup en Europe, Magui Marin etc...
Bon nombre de ces chorégraphes mondiaux ont parfois séjourné au Burkina. C’est le cas de Caroline Carlson.

S. : Qu’est-ce qui vous attache tant à l’Afrique et particulièrement au Burkina Faso ?

J.P.B. : Je travaille sur l’Afrique depuis le 15 octobre 1967. Ce qui me permet bien souvent de dire que j’ai 20 ans d’avance sur le président Blaise Compaore (rire).
J’ai fait plusieurs centaines de missions et de reportages sur ce continent qui me passionne et où j’ai eu la chance de circuler librement. J’ai beaucoup appris ici. Plus le temps passe, plus l’expérience s’accumule. Les rencontres s’ajoutent aux rencontres, les découvertes aux découvertes mais avec une leçon essentielle, à savoir que lorsqu’on travaille avec l’Afrique, c’est l’humilité.
Pour ce qui est particulièrement du Burkina, c’est l’expérience burkinabè qui me fascine.
J’ai connu ce pays quand il s’appelait toujours Haute Volta. J’ai suivi un peu son évolution avec les différents changements de régimes. Depuis le 11 septembre 2001, après une longue expérience dans la presse panafricaine, Marchés Tropicaux, Jeune Afrique Economie, Africa Golf Echo, j’ai décidé de me consacrer à l’édition d’une lettre quotidienne qui vise à analyser l’évolution des relations internationales dans le monde contemporain, la Dépêche Diplomatique.

Z.Y.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 26 mars 2009 à 14:03, par jennifer En réponse à : Poussières de sang : La compagnie Salia ni Seydou met à nu les souffrances humaines

    bonjour a tous,j’ai été voir votre spectacle choregraphie ce mardi 24 mars 2009 au theatre de dunkerque vous avez etait geniale c’etait un tres beau spectacle,il y a du travail,l’echange et les mouvements que vous avez sont tres fort,j’ai adorer,j’ai discuter avec deux personnes a la fin du spectacles qui était tres sympa (je pense que c était le percussionistes avec ses petites drede) ;il ma donner d’ailleurs un ptit depliant avec des sites,j’essaye de trouver des stages de danses mais dans le dunkerquois c ’est pas evident donc je devrais plus venir sur paris,par contre je suis decu car j’avais un peu filmer votre spectacles pour montrer a une amie qui avait pas pu venir mais malheureusement j’ai plus rien j’ai eu un soucis,donc j’aimerais savoir si il y aurait pas quelqu un qui aurait filmer ou si il aurait un dvd avec ce spectacles,merci bonne continuation et peut etre a bientot

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