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Burkina : Combattons-nous vraiment la corruption ?!

Publié le vendredi 6 juin 2008 à 11h40min

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La corruption est un fléau qui ronge et tue à petit feu les économies des États. Pour les économies très faibles comme celles du Burkina et de nombreux autres pays africains, la corruption est un chancre mou. Telle cette plante saprophyte qui dessèche à la longue les grands arbres parce que ses germes pénètrent l’arbre, du sommet jusqu’à ses racines et sucent leur sève, les corrupteurs et les corrompus essaiment tous les secteurs économiques d’un pays, les gangrène pour finir par les détruire.

Combien d’opérateurs économiques, d’entrepreneurs, de commerçants ont fermé boutique dans ce pays parce que tout simplement ils ont été incapables de suivre le rythme, vu l’allure à laquelle galope la corruption ? La corruption dévore les économies, annihile et décourage les efforts des honnêtes citoyens.

Les crimes de la corruption dont ont été victimes des individus comme des nations sont devenus si inquiétants et si nombreux que des États lui ont déclaré une guerre sans merci. A côté de nous, le président béninois Yayi Boni n’a pas hésité à prendre la tête d’une marche contre la corruption. Plus loin, au Cameroun, l’opération "Epervier" montée par les autorités pour combattre la corruption qui se pratique dans la haute hiérarchie de l’administration civile et de l’armée peut aujourd’hui se vanter de ses trophées. Des hauts cadres de l’administration, de l’armée et de la police sont à présent derrière les barreaux et attendent d’être jugés. La Côte d’Ivoire a mis en place un système anti racket. Des initiatives et des mécanismes multiples sont déployés par plusieurs pays pour combattre l’hydre de la corruption. De leur côté, les corrupteurs et les corrompus développent des stratégies nouvelles pour contrecarrer les mesures mises en place.

Pendant ce temps, que fait le Burkina pour combattre la corruption ? Croit-on toujours que le phénomène de la corruption existerait uniquement dans l’esprit de gens jaloux ? La corruption est un fait réel. Elle existe. Mais ya-t-il dans ce pays une volonté réelle de la combattre en dehors des discours de condamnation et de dénonciation et en dehors de la création par le pouvoir des nombreuses structures de lutte ? On dit que combattre la corruption, c’est combattre le système qui l’a généré et grâce auquel elle vit et prospère. Dans ce cas, traquer les corrupteurs et les corrompus, c’est s’attaquer au système. Cette vérité fait que la corruption a de très beaux jours devant elle, la plupart des régimes africains étant fondés sur la corruption, les achats de consciences, de votes, etc.

Au Burkina, on est fondé à émettre des doutes sur l’éfficacité réelle des structures étatiques de lutte contre la corruption pour la bonne raison qu’elles dépendent administrativement de la Présidence et de la Primature. L’existence des organes étatiques de lutte contre la corruption semble par ailleurs être un prétexte pour déclencher une politique d’affaiblissement des associations comme le Réseau national de lutte anti corruption (REN-LAC) dont le but visé est probablement d’amener leurs traditionnels bailleurs de fonds à leur couper les subsides. Les partenaires étrangers du Burkina, qui ne ratent jamais une occasion pour dénoncer la corruption et l’impunité, devraient soutenir ces associations grâce auxquelles ils ont l’avis d’une structure indépendante de lutte contre la corruption.

Au Burkina Faso, la corruption est devenue un mode de vie, tellement elle est répandue à travers tout le corps social. Et celui qui refuse de faire comme tout le monde, c’est-à-dire de hurler avec les loups, doit disparaître. De la corruption et de ses conséquences, tout le monde en parle ; mais rarement on trouve une personne qui porte plainte pour tentative de corruption. On a comme la désagréable impression que dans notre pays, on a le devoir de corrompre et le droit d’être corrompu grâce à cette omerta. Ainsi s’explique le fait que des responsables aient été chassés de leur poste soit pour des actes de corruption pratiqués à ciel ouvert soit parce qu’ils ont refusé la corruption et les corrupteurs ont eu leur peau. Peut-être que par la magie de la nouvelle dynamique que veut impulser le Premier ministre, à travers l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat, un sérieux coup de grâce sera porté à la corruption. Autrement, cette hydre continuera à vivre et à prospérer..., pour le malheur des populations confrontées à la vie chère et à la crise alimentaire dont la corruption ne fait qu’accroître les effets.

Le Pays

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