LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Marché de Tenkodogo : 200 millions pour rien ?

Publié le jeudi 17 juin 2004 à 06h37min

PARTAGER :                          

"Nous avons entamé une série de dialogues et bientôt tout
rentrera dans l’ordre". Le maire de Tenkodogo, Allassane
Zakané, est confiant quant à la résolution de la crise née du
refus des commerçants d’intégrer le nouveau marché. Dans cet
entretien, il fait un tour d’horizon de la question et dresse un
bilan, à un an de la fin de son mandat.

"Le Pays" : Les commerçants refusent d’intégrer le nouveau
marché. Que se passe-t-il exactement ?

Allassane Zakané : Le nouveau marché est un projet du Conseil
municipal précédent en place de 1995 à 2000. C’est un marché
financé à hauteur de deux cents millions de francs CFA.

Vous n’avez pas répondu à ma question...

Il faut dire que nous avons entamé une phase de dialogue avec
toutes les parties concernées. Peut-être qu’à l’époque les gens
étaient un peu passionnés. Maintenant les choses sont en train
de rentrer dans l’ordre. Je pense sincèrement que d’ici là il y
aura quelque chose.

Concrètement que voulez-vous dire par "il y aura quelque chose"
 ?

Je veux parler de l’intégration du nouveau marché.

C’est pour quand ?

Je ne peux pas vous donner de date pour le moment.

Si aujourd’hui les commerçants se montrent réticents à
rejoindre le nouveau marché, peut-être qu’ils n’ont pas été
concertés pour la construction de l’infrastructure...

Avant la construction du marché, nous avions mis en place une
commission ad’hoc composée du Conseil municipal, de
commerçants et des différentes confessions religieuses. Les
commerçants nous avaient fait à l’époque un certain nombre de
suggestions notamment le morcellement de l’aire du marché.

Nous avons dégagé cinq cents places pour qu’on puisse les
attribuer aux commerçants qui n’auraient pas de boutiques déjà
construites. Ils avaient aussi évoqué l’électrification du marché.
A ce sujet, nous avions adressé une correspondance au
directeur général de la SONABEL. Nous avions élaboré
ensemble le règlement intérieur. Nous avions mené une large
concertation avant le début des travaux. Mais la communication
n’est jamais suffisante surtout dans un contexte comme celui de
Tenkodogo.

Faites-vous allusion à des considérations d’ordre politique ?

Non. Il n’y a pas de grandes contradictions comme des gens
tentent de le faire croire. A Tenkodogo, on se comprend. Raison
pour laquelle nous avons entamé une série de dialogues. Et je
suis convaincu que tout rentrera dans l’ordre.

Mais d’ici là, le FICOM (Fonds d’investissement communal),
bailleur de la construction du marché, refuse de financer deux
projets routiers d’une valeur totale d’environ 125 millions de
francs CFA. C’est beaucoup d’argent de perdu pour une
commune comme Tenkodogo...

Je le sais. Pour le moment, il y a peut-être une hémorragie.
Mais nous pensons qu’à la fin tout va rentrer dans l’ordre et nous
pourrons récupérer ce qui semble être perdu.

On remarque sur le site des boutiques dont la construction a été
arrêtée. Visiblement il s’agit d’un marché inachevé...

Le marché est de type évolutif. Selon les prévisions, si les
commerçants occupaient les cent quatorze boutiques, on allait
entamer la construction d’autres boutiques. Actuellement, seul
le hall central est occupé à moitié. Nous estimons que la série
de dialogues va nous amener à occuper tout le reste.

Le hall central dont vous parlez n’est occupé que par les
commerçantes de légumes du petit marché du secteur 6 que
vous avez fait déguerpir...

Il est très difficile de faire bouger le monde commerçant. Mais
avec le temps et la sensibilisation , je crois qu’on va y arriver.

Pourtant vous avez réussi à faire bouger le marché du secteur
6...

Ce n’est qu’un petit marché de moins de cent femmes. Le
grand marché c’est autre chose. Il date de 1700. Il y a des
habitudes séculaires qui se sont installées et qu’on ne peut
changer en un tour de bras.

Le problème sera-t-il résolu d’ici la fin de votre mandat,
c’est-à-dire dans un an ?

Je suis un élu. Il appartient à la population de décider d’intégrer
ou non le nouveau marché.

Certains vous reprochent de n’avoir pas fait grand chose durant
votre mandat qui tire à sa fin ?

Ceux qui disent cela ne suivent pas l’évolution de la vie
communale. Nous avons réalisé un certain nombre
d’infrastructures. Il est bien vrai que le projet du marché avait été
initié par le conseil précédent mais nous avons construit
soixante quatre boutiques. Nous avons tout fait pour construire
cinquante autres boutiques sur le même site à l’occasion de la
foire régionale qui a eu lieu à Tenkodogo. Nous avons réalisé
un dortoir et des bureaux au collège de jeunes filles Marie-Reine
tout simplement parce que nous croyons en l’éducation des
filles. La deuxième phase de l’extension dans cet établissement
va bientôt commencer.

Nous avons initié un lotissement à
l’entrée de la ville d’un montant de 56 millions de francs CFA. La
police municipale n’existait pas. Nous avons recruté et formé dix
policiers. La commune a également financé la construction d’un
centre multi-média. Nous avons réhabilité l’abattoir à hauteur de
vingt millions de francs CFA et mis en place un projet pilote de
ramassage des ordures. Tous les services de la mairie sont
informatisés. Nous avons acheté des motos. Aujourd’hui, nous
sommes membres de l’Association internationale des maires
francophones.

A ce titre là, nous avons obtenu un financement
pour la construction d’un marché secondaire et l’équipement du
centre multi-média. Nous sommes en train de développer notre
partenariat avec un certain nombre de communes françaises.
En novembre prochain, nous allons recevoir un certains nombre
d’élus français. Nous avons fait des recrutements à la mairie. Je
pense que mon bilan n’est pas négatif.

N’est-ce pas une aberration que de vouloir construire un marché
secondaire alors que les commerçants refusent de s’installer
dans l’actuel ?

Avec les différentes démarches entreprises, les commerçants
disent être prêts à intégrer le nouveau marché tout en souhaitant
qu’on laisse certains d’entre eux dans l’ancien.

Que leur avez-vous répondu ?

On s’est entendu. Il s’agit maintenant de définir des critères et
de dire qui part et qui reste.

Au vu de votre bilan qui "n’est pas négatif", pensez vous que la
population peut vous renouveler sa confiance dans un an ?

Il ne m’appartient pas de le dire. Le citoyen reste souverain.
C’est l’essence même de la décentralisation et de la
démocratie.

Propos recueillis par Adama SAVADOGO
Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km