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Département de Koper : aperçu historique

Publié le jeudi 17 juin 2004 à 06h37min

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Créé par décret n° 81-489/PRES/CMRPN/IS/SG/DCP en date du 21 Octobre 1981, l’arrondissement de Babora, dans la subdivision de Dano, qui devait prendre peu de temps après le nom de Koper, répondait au vœu d’une population soucieuse de disposer d’une structure administrative à même de faciliter l’établissement de ses pièces d’Etat civil : extraits de naissance, cartes d’identité, bulletins et déclarations de mariage, etc.

Aussi, est-ce avec enthousiasme que les ressortissants contribuèrent à l’installation des services de leur arrondissement. Un réseau de transmission, acquis par cotisations, vint pallier son isolement ; le chef de l’arrondissement (devenu bientôt préfecture) et les services existants furent hébergés à titre gracieux, à Babora, pendant plusieurs années. A la satisfaction de tous, les bureaux administratifs augmentèrent rapidement en nombre : secrétariat, Etat civil, bureau militaire, police, etc. En 1985, les investissements humains et les cotisations aidant, la résidence du préfet et les bureaux furent construits à Pirkuon, sur un terrain indiqué par le chef de terre, à la limite de son village et de celui de Kpaï qui, tout comme Babora, relève de son territoire (circonscription de Têgan).

De l’avis de l’autorité supérieure, le choix de Babora était dicté par le fait que celui-ci est un gros village, central par sa position et lieu privilégié de rencontre parce qu’hébergeant les principaux services sociaux, économiques, religieux : dispensaire, école, coopérative, mission catholique, principalement. On pouvait, par ailleurs, penser que ce choix favorisait l’érection ultérieure d’une autre préfecture dans ce vaste canton colonial de Koper, qui absorba jadis l’ex-canton de Mémer, après que celui-ci eut perdu sa partie nord-est, peuplée de Pougouli, au profit du canton de Dano. Mais, la dénomination arrondissement de "Babora" menaçant d’être une pomme de discorde, on en vint à adopter celle

d’"arrondissement de Koper", espérant sauvegarder la belle unanimité du début. Mais, existe-t-il une panacée contre la division dans une société à segmentation telle celle des Dagara ? Et puis, ne dit-on pas que paroles du moment de tuer le chien, ne sont pas paroles du moment de le préparer, ni celles du moment de le partager ! Aujourd’hui tout dépérit à Koper sans que personne ne semble s’en inquiéter.

De l’administration et des services publics

A la préfecture, seul le bureau du préfet était demeuré actif jusqu’à une date récente où une secrétaire vient d’y être affectée. Tous les autres services se sont fermés les uns après les autres. Adieu le rêve d’y établir des cartes d’identité ! Le fameux RAT qui devait servir au désenclavement du département aurait échoué dans quelque magasin à Diébougou ou Dano et ne mérite plus son nom. Faute de gardien qualifié et permanent, les plaques solaires y ont disparu, tout comme d’ailleurs au dispensaire et au centre commercial.

A force de cotisations et d’investissements humains, le C.E.G., créé par arrêté n° ANVI- 0011/FP/EDUC/DEUTSD du 10 Août 1998, prend forme petit à petit, mais nul logement de professeur ni de directeur ; celui-ci habite à plus d’un km de là, à Babora. On attend vainement, à Koper, l’application de la règle qui associe école et logements de maîtres !

Mais, c’est le cas des services de santé qui est le plus déplorable. Le dispensaire de Babora, qui représente l’unité de soins principale du département, a été fermé pendant plusieurs années pour cause de réfection. En fait, les travaux ont duré peu de temps, puis ont été arrêtés sans motif apparent. Durant cette fermeture, les services des consultations et des soins ont déménagé à la maternité, où se mêlaient gémissements des parturientes, délires des malades et vagissements des nouveau-nés . Il a fallu attendre plusieurs années pour voir le dispensaire rouvrir enfin ses portes, après une finition très approximative. Dans ce contexte, c’est évidemment avec joie que la population a accueilli la construction d’un CSPS sur les lieux. Mais, hélas ! depuis deux ans, le chantier souffre d’un abandon incompréhensible. Quelques machines qui y demeurent, continuaient de se rouiller sous la pluie et le soleil, lors de notre dernier passage. Qu’en dit dame rumeur ? Quelqu’entrepreneur, cuirassé de garanties politiques, mais aux moyens limités, aurait réussi le tour de force de rafler tous les marchés de CSPS de la région. Ensuite, il ne lui serait plus resté qu’à procéder à du saupoudrage pécuniaire sur ses ouvriers, lesquels ont fini par aller chercher le pain quotidien ailleurs. On imagine aisément que l’entrepreneur défaillant à son tour accuserait une rupture de financement de la part de l’Etat ! Bref : à entendre récemment un ministre promettre un CSPS en cinq mois à une certaine localité, on ose espérer que les choses connaîtront bientôt une révolution !

Des structures socio-économiques

Tout le Sud-Ouest a soupiré de soulagement à voir le projet de bitumage de la route Pa-Dano-Gaoua-Frontière de la RCI se concrétiser, même si des misères d’un autre genre ont fait leur apparition, cyniquement orchestrées par les sociétés de transport et tristement illustratives de leurs comportements de compradors : passagers abandonnés par-ci, bagages emportés sans les propriétaires par-Ià ; bref, l’heure semble au pillage.

Que dire de la bretelle routière Dano-Kpomane-Dissin, dont l’aménagement tant souhaité et entrepris depuis environ trois ans, tourne à l’épreuve de Sisyphe ? Si quelques passages ont été améliorés, pour d’autres, n’est-on pas allé de Charybde en Scylla ? La vieille piste, dégradée mais solidifiée, a été cassée et la belle voie escomptée se fait attendre. Brusquement, à l’approche d’un nouveau pont, le voyageur se trouve en face d’une muraille : édifié dans le lit du cours d’eau, l’ouvrage, trop étroit, a perdu ses remblais latéraux, par suite des averses, et alors gare à l’imprudent ! Cette bretelle constitue une voie importante de transit vers le Ghana et sa dégradation actuelle n’empêche pas qu’elle soit encore très fréquentée. Aussi quelle surprise quand c’est le tronçon Djikolo-Kpomane-Ouessa, sur l’axe

Bobo-Diébougou-Léo, qui a reçu en priorité le choix des décideurs pour un aménagement et un bitumage.

Concernant l’électrification, les liaisons téléphoniques et postales, Koper se trouve également confronté à de sérieux problèmes d’enclavement. Lors de l’annulation du projet de barrage hydro-électrique de la Bougouriba, la TV nationale, par la voix de Mme Coulibaly Jeanne, annonçait qu’un projet de barrage hydro-agricole viendrait en remplacement et que la question de l’électrification de la région serait étudiée dans le cadre de l’interconnexion Bobo-Ouagadougou. A présent que Diébougou et Dano bénéficient de l’électricité, qu’adviendra-t-il de Koper et des autres localités ?

Une structure socioéconomique de Koper qui mériterait aussi de l’attention, c’est son barrage. Construit en 1964, celui-ci n’a pas bénéficié, à notre connaissance, jusqu’à ce jour, de récurage. De ce fait, bien que très solide par son infrastructure, il connaît un tarissement accéléré et devrait être réhabilité à l’instar d’autres ouvrages de même âge.

On pourrait encore citer le manque d’eau aux écoles, à la maternité et au dispensaire où un vieux puits, don d’une association au nom évocateur de "Misereor" ( puits de la pitié ?) se montre bien insuffisant, de même qu’au centre commercial, dans la zone en lotissement, etc.

Du lotissement de Koper

Le nouveau lotissement de Koper mériterait une présentation étendue, vu les problèmes y relatifs qui se dessinent à l’horizon. L’initiative de ce lotissement de Koper, qui est localisé en très grande part au village de Babora, revient aux ressortissants dudit département résidant à Ouagadougou. Le but visé au départ était de faciliter l’installation des structures de développement (relatives, par exemple, à l’électricité, l’eau, la communication), par l’attribution de terrains propres. Les demandeurs, regroupés au sein de l’Association pour le développement de Koper (ADK-KV), envisageaient à cet effet le lotissement d’une certaine zone s’étendant à partir du siège de la préfecture. L’opération mettait à contribution les demandeurs ; aussi une souscription de dix mille (10 000) francs par personne intéressée fut-elle lancée, qui connut son succès. Puis l’idée vint de solliciter le concours de l’administration, non moins intéressée. Les démarches auprès de la Direction régionale de

l’Urbanisme, comme par un heureux hasard, méritèrent son attention. Mais, à partir de ce moment, les choses prirent un virage insoupçonné, à l’insu, semble-t-il, des initiateurs eux- mêmes, à moins qu’il s’y cachât des complicités. L’espace à lotir, le traitement des concessions et des bâtiments déjà implantés - qui était une condition préalable, les modalités d’acquisition des parcelles (âge, position des requérants en tant que résidants ou non-résidants), etc., tout se détermina à vrai dire sans la participation effective des demandeurs, et encore moins de la population qui ignore tout des implications d’un lotissement, n’ayant pas bénéficié de sensibilisation ni d’information suffisantes.

On envisage de casser des bâtiments, sans dédommagement, comme si le quadrillage mathématique des voies était une norme nationale, plus impérative dans cette brousse que dans Ouagadougou, la capitale. Dans la tournure actuelle des choses, comment un paysan de cette zone, déguerpi de ses terres, sans aucune compensation, qui réalisait environ huit cents kg de coton par an, peut-il espérer trouver de la brousse à défricher pour poursuivre cette culture de rente en même temps que la production de céréales, nécessaire à la subsistance de sa famille ? Certains ont perdu une grande partie de leurs champs sans même bénéficier du titre de résidant, parce que leur case se trouve en dehors de la zone lotie !

Curieusement, ce lotissement dit "de Koper" a l’air de porter préjudice aux autres villages en général et de consacrer la mort du village de Babora en particulier, au profit de Koper (village d’origine du premier chef de canton colonial, qui a donné son nom à tout le canton, puis au département) Tout ce qui se trouve sur le territoire du département finit par porter le nom de Koper. Même sur la carte, le nom de Koper figure à la place de Babora. Or, Koper doit s’entendre ici comme une région, englobant plusieurs villages (au même titre que le loba, la province), non comme un site précis. Bien entendu, les cartographes pourraient rétorquer qu’à l’échelle de 1/1000 000, il est difficile d’indiquer distinctement deux localités distantes de moins de cinq km. Toujours est-il que Koper, la région, ne doit pas être confondue avec le site de la préfecture, qui se trouve d’ailleurs à l’orée du village de Pirkuon. Par exemple, il existe, dans le département, le marché de Kpaï et celui du village de Koper, se de récurage. De ce fait, bien que très solide par son infrastructure, il connaît un tarissement accéléré et devrait être réhabilité à l’instar d’autres ouvrages de même âge.

On pourrait encore citer le manque d’eau aux écoles, à la maternité et au dispensaire -

où un vieux puits, don d’une Association au nom évocateur de "Misereor" ( puits de la pitié ?) se montre bien insuffisant, de même qu’au centre commercial, dans la zone en lotissement, etc.

Du lotissement de Koper

Le nouveau lotissement de Koper mériterait une présentation étendue, vu les problèmes y relatifs qui se dessinent à l’horizon. L’initiative de ce lotissement de Koper, qui est localisé en très grande part au village de Babora, revient aux ressortissants dudit département résidant à Ouagadougou. Le but visé au départ était de faciliter l’installation des structures de développement (relatives, par exemple, à l’électricité, l’eau, la communication), par l’attribution de terrains propres. Les demandeurs, regroupés au sein de l’Association pour le Développement de Koper (ADK-KV), envisageaient à cet effet le lotissement d’une certaine zone s’étendant à partir du siège de la préfecture. L’opération mettait à contribution les demandeurs ; aussi une souscription de dix mille (10000) francs par personne intéressée fut-elle lancée, qui connut son succès. Puis l’idée vint de solliciter le concours de l’administration, non moins intéressée. Les démarches auprès de la Direction Régionale de l’Urbanisme, comme par un heureux hasard, méritèrent son attention. Mais, à partir de ce moment, les choses prirent un virage insoupçonné, à l’insu, semble-t-il, des initiateurs eux-mêmes, à moins qu’il s’y cachât des complicités. L’espace à lotir, le traitement des concessions et des bâtiments déjà implantés - qui était une condition préalable, les modalités d’acquisition des parcelles (âge, position des requérants en tant que résidants ou non résidants), etc., tout se détermina à vrai dire sans la participation effective des demandeurs, et encore moins de la population qui ignore tout des implications d’un lotissement, n’ayant pas bénéficié de sensibilisation ni d’information suffisantes.

On envisage de casser des bâtiments, sans dédommagement, comme si le quadrillage mathématique des voies était une norme nationale, plus impérative dans cette brousse que dans Ouagadougou, la capitale. Dans la tournure actuelle des choses, comment un paysan de cette zone, déguerpi de ses terres, sans aucune compensation, qui réalisait environ huit cents kg de coton par an, peut-il espérer trouver de la brousse à défricher pour poursuivre cette culture de rente en même temps que la production de céréales, nécessaire à la subsistance de sa famille ? Certains ont perdu une grande partie de leurs champs sans même bénéficier du titre de résidant, parce que leur case se trouve en dehors de la zone lotie !

Curieusement, ce lotissement dit "de Koper" a l’air de porter préjudice aux autres villages en général et de consacrer la mort du village de Babora en particulier, au profit de Koper (village d’origine du premier chef de canton colonial, qui a donné son nom à tout le canton, puis au département) Tout ce qui se trouve sur le territoire du département finit par porter le nom de Koper. Même sur la carte, le nom de Koper figure à la place de Babora. Or, Koper doit s’entendre ici comme une région, englobant plusieurs villages (au même titre que le loba, la Province), non comme un site précis. Bien entendu, les cartographes pourraient rétorquer qu’à l’échelle de 1/1000 000, il est difficile d’indiquer distinctement deux localités distantes de moins de cinq km. Toujours est-il que Koper, la région, ne doit pas être confondue avec le site de la Préfecture, qui se trouve d’ailleurs à l’orée du village de Pirkuon. Par exemple, il existe, dans le département, le marché de Kpaï et celui du village de Koper, se tenant à des jours distincts, tandis que celui de Babora, devenu quotidien, a mué en centre commercial. Cette confusion comporte donc ses inconvénients.

Le coup d’œil sur la région de Koper ne manque pas de susciter une impression générale de piétinement, voire de régression, surtout chez ceux-Ià qui ont connu cette région dans les années 60, par exemple, lorsqu’elle augurait un développement prometteur. Et les airs de musique mondaine des week-ends, entrecoupés des rires nocturnes des cabarets au centre commercial de Fa-kul, n’y changent rien, bien au contraire ! Pourtant, le département ne manque pas de ressources humaines et naturelles. Mais, le grand mal ici comme dans la majeure partie du Sud-Ouest, ainsi que le dénonçait si bien à propos Monsieur l’Abbé R. Dabiré (cf. les 24 heures de la TV à Gaoua), consiste dans le défaut d’encadrement et de mobilisation. Les projets nationaux y sont bien représentés par des locaux, mais, sans encadrement efficace, ils s’étiolent. Les occasions de réunir les ressortissants qualifiés, au-delà des clans multiformes et légendaires, en vue de générer une dynamique de développement, se font attendre, à moins qu’elles passent inaperçues. Et pour cause, les politiques se contentent de sillonner la région comme des météores aux moments des élections. Conscients de tenir leurs places des gourous des grands partis nationaux, ils préfèrent se comporter en "électrons libres", évitant autant que faire se peut de tremper dans des problèmes locaux, et pourtant prédisposés aux basses besognes.

Ce n’est pas lorsque le Sud-Ouest en général, et le département de Koper en particulier, seront réduits au même sort que certaines zones défavorisées par le climat, qu’il faudra songer à leur inventer une thérapie de survie. C’est maintenant qu’il convient certainement d’y appliquer des stratégies de développement et des modalités d’exploitation, qui entretiennent et améliorent les ressources, au profit des populations locales et de tout le pays.

G.MEDAH

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