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Elaboration du budget de l’Etat 2009 : Dans un contexte particulier

Publié le lundi 2 juin 2008 à 11h22min

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Par lettre circulaire en date du 5 mai 2008, le président du Faso, Blaise Compaoré, a donné des directives au Premier ministre, aux présidents d’institutions et aux ministres pour l’élaboration du budget de l’Etat, gestion 2009.
Le budget de l’Etat, faut-il le rappeler, est la traduction chiffrée de la politique gouvernementale.

Comme le rappelle la circulaire budgétaire présidentielle, « l’élaboration du budget de l’Etat, gestion 2009, intervient dans un environnement économique et financier mondial marqué par la flambée des prix des matières énergétiques et des denrées alimentaires et dont les effets se ressentent au plan national ». Il s’agit en fait, du phénomène de la vie chère qui trouble les certitudes établies depuis des lustres. Dans un tel contexte, le chef de l’Etat invite à centrer les efforts sur les bases d’un développement durable et la lutte contre la pauvreté. Il ajoute par ailleurs que « le renforcement de nos relations avec nos partenaires techniques et financiers et la consolidation de nos équilibres macroéconomiques constituent des préalables déterminants ».

Le décor est campé, le contexte bien décrit. Aux acteurs chargés de l’élaboration, de la mise en œuvre et de l’exécution du budget, de jouer leur partition dans un environnement particulièrement rude et hostile où les prédateurs font la loi. « La raison du plus fort est toujours la meilleure » ; cette sentence de La Fontaine n’a jamais illustré aussi parfaitement une situation que celle-là. Notre pays ressent encore plus durement les effets de la hausse vertigineuse et irrationnelle des coûts des hydrocarbures et des produits alimentaires. C’est vrai que les spécialistes avancent que la hausse des prix du baril de pétrole se répercute sur les coûts de production, de transformation et de commercialisation. C’est vrai qu’il est dit que l’augmentation du pouvoir d’achat des populations des pays émergents comme le Brésil, la Chine, l’Inde, la Thaïlande et la Malaisie alimente la demande mondiale des produits de base. La réalité est que l’incertitude et la tourmente dans lesquelles est plongée la planète, suite notamment à la crise du crédit immobilier aux Etats-Unis, amènent les spéculateurs mondialistes à opérer des placements intempestifs et hasardeux sur les matières premières.

Le Burkina n’est pas un pays pétrolier ; aussi la crise énergétique le laisse tout simplement impuissant. En revanche, il a les moyens de se prémunir et de se sortir de la crise alimentaire qui semble se refermer sur lui, de nos jours, comme un piège. « Si un homme t’a mordu, c’est qu’il t’a rappelé que tu as aussi des dents ». Cet adage pour dire que nous ne devons plus nous laisser avoir deux fois de suite. En prenant nos dispositions, nous devrions être en mesure de produire suffisamment pour nous nourrir, au lieu de tendre honteusement la main à l’extérieur pour manger. Le jatropha, l’énergie solaire et autres, intelligemment exploités, pourraient nous sortir un jour de la tyrannie des hydrocarbures fossiles. Cheick Yamani, le ministre saoudien du pétrole des années 1970 nous avait prévenus lorsqu’il disait par rapport au pétrole, que l’âge de la pierre taillée ne s’est pas terminé faute de pierres.

En instruisant les acteurs du budget 2009 à centrer les efforts pour un développement durable et pour la lutte contre la pauvreté, le président du Faso a donné les orientations à suivre pour permettre à notre pays, d’affronter la crise mondiale tout en consolidant nos grands équilibres macroéconomiques. Il s’agit plus particulièrement, de « rationaliser les dépenses de fonctionnement de l’Etat afin de libérer plus de ressources pour relever les défis du développement économique et social ». En même temps, le chef de l’Etat a fait un clin d’œil à la communauté internationale en interpellant les partenaires techniques et financiers dont le concours pour un pays à l’économie fragile comme le nôtre, est particulièrement attendu en ces moments de tourmentes planétaires. Comme l’a déploré le président du Faso à la 4ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, « la non réalisation des promesses concernant l’aide publique au développement et la poursuite de pratiques commerciales déloyales » sont, cependant, des freins au décollage de nos pays qui ont plus que jamais besoin de l’aide et de la solidarité internationales.

« Si on vous lave le dos, il faut aussi vous laver la figure », dit l’adage. C’est dire que l’heure des responsabilités à tous les niveaux a sonné. L’Etat a des missions de service public dans les domaines du développement humain, de la production et du soutien à la production. Il a pour rôle de définir et d’orienter les politiques et les stratégies nationales de développement, de réglementer la vie socioéconomique, d’assurer le contrôle et la surveillance des normes, d’organiser et de réaliser les grandes infrastructures sociales et économiques. La sécurité, la justice, la défense nationale, la diplomatie, la gestion des finances publiques et la promotion du développement institutionnel relèvent du domaine de souveraineté que l’Etat exerce à titre exclusif pour le bien de toute la communauté.

Les autres acteurs du développement national, à savoir les agriculteurs, les éleveurs, les industriels, les commerçants, les financiers, les artisans, les artistes, les intellectuels, les entrepreneurs, les manœuvres,…devraient à leur tour, jouer convenablement leur rôle, afin que le développement durable et la lutte contre la pauvreté deviennent des réalités tangibles. Le développement dépend en effet, de l’activité et du dynamisme des acteurs économiques. Le citoyen lambda qui sait revendiquer bruyamment ses droits de nos jours, devrait aussi savoir qu’au terme de l’Article 17 de la Constitution du 2 juin 1991, « le devoir de s’acquitter de ses obligations fiscales conformément à la loi, s’impose à chacun ».

Le rôle de l’Etat ne doit donc pas être surdimensionné, au risque de créer l’apathie, l’attentisme et l’assistanat au sein de la population. C’est au contraire en favorisant la libération des énergies créatrices de l’ensemble des acteurs économiques que l’Etat déclenchera une dynamique générale de développement.En ce jour anniversaire de la Constitution du 2 juin 1991, puisse le peuple burkinabè, dans toutes ses composantes, dans un sursaut de fierté, prendre résolument son destin en main et assumer ses responsabilités et ses devoirs devant l’histoire et devant l’humanité, pour assurer avec efficacité le développement économique, social et culturel du Burkina Faso, notre pays bien-aimé

Par Jean-Paul KONSEIBO

Le Pays

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