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Guinée : Un corps sans tête

Publié le vendredi 30 mai 2008 à 12h03min

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Après avoir eu la tête du ministre de la Défense, les soldats mutins de Guinée en sont à réclamer le départ de tous les hauts galonnés de l’armée suspectés de "corruption" et accusés d’être "coupés de la base". Et, pour prouver leur détermination, ils rendent des "visites" armes au poing à certains de ces officiers supérieurs pour les délester de tous leurs biens.

A l’origine de ces bruits de bottes et de balles, qui terrorisent le peuple guinéen, des revendications salariales récurrentes, car nées il y a un lustre avec la contestation dans laquelle le pays s’est installé. Un malaise de l’armée en rapport avec le malaise social généralisé qui prend sa source dans la "vacance" du pouvoir consécutive à la maladie du Président Conté. La Guinée n’est en fait plus gouvernée que par procuration, Lansana Conté s’en remettant à ses amis militaires et politiques pour gérer les affaires courantes.

Le vieux Président grabataire se "réveille" en fonction de l’acuité de cette grogne sociale, pour donner les directives à même de calmer la tempête. Une situation ubuesque qui donne de la Guinée l’image d’un corps sans tête aussi bien au sommet de l’État que dans le corps social. Car, si cette "affaire-là" perdure, c’est bien parce qu’il n’existe pas (ou pas encore) au sein de l’armée, des hommes capables de prendre leurs responsabilités pour balayer l’oligarchie qui se trouve au pouvoir. Une oligarchie qui a noyauté la haute hiérarchie militaire donc, la rendant comptable de la pourriture générale. Conséquence, les soldats "tournent en rond" dans les casernes, et, lorsque la vie devient trop "caillou" ils se livrent à des exactions et actes délictueux envers les populations civiles, tout en réclamant du "rab" au pouvoir central. Et, comme on ne plaisante pas avec la "musique" militaire, il est fait droit à leurs revendications jusqu’à la prochaine mutinerie.

La question principale reste de savoir jusqu’à quand la Guinée se complaira dans cette "prise en otage" de tout un peuple par un pouvoir en fin de règne. A l’analyse, cela peut durer jusqu’à la mort biologique de Conté, car, il apparaît que ce dernier a "verrouillé" le système au point que même son ombre fait peur aux Guinéens.
Une situation favorisée par l’histoire politique avec Sékou Touré qui a lui aussi, dirigé le pays d’une main de fer, même si le "Syli" n’avait pas le choix en instaurant ce régime policier. L’impérialisme guettait en effet, et avec l’envahissement de la Guinée en 1970 par des mercenaires, la psychose du complot était devenue perpétuelle.

Conté qui est un "produit" du système Sékou a hérité de cette "science" et l’applique à merveille depuis trois décennies. Et, comme il a opté pour l’indépendance de son vis- à- vis de l’extérieur ("la Guinée n’a besoin de personne" ) a-t-il coutume de dire, les investissements dans le pays se font au compte-gouttes. Mais, "ça marche", et, le problème de la Guinée ce n’est plus Conté, mais les Guinéens eux-mêmes. Tant qu’ils se complairont dans ces mutineries et autres "révolutions" avortées, Conté fera son beurre sur leur dos, leur lâchant de temps à autre des miettes.

Boubacar SY
magnansy @ yahoo.fr

Sidwaya

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