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Lutte contre la vie chère : Parlement et syndicats, même trompette

Publié le mercredi 28 mai 2008 à 11h35min

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Après sept semaines de consultations et de cogitation, les commissions parlementaires créées par le président de l’Assemblée nationale les 1er et 2 avril derniers ont déposé leurs rapports. L’une des commissions ad hoc avait en charge de proposer des solutions pour faire face à la crise de la vie chère dont la résolution est devenue la priorité des priorités tant elle fait peser des menaces sérieuses sur la cohésion et la stabilité du pays. Les casses du mois de février sont révélatrices des dérapages possibles que peut engendrer cette situation.

La vie chère, comme on le dit, a la peau dure. Les mesures d’urgence prises par le gouvernement n’ont pas produit les effets escomptés. L’inflation est là, galopante. C’est dans un tel contexte que les députés burkinabè ont été appelés à la rescousse du gouvernement. Il faut le rappeler, en initiant ces commissions parlementaires, l’Assemblée nationale est dans son rôle constitutionnel. Si elle ne l’avait pas fait, l’on aurait trouvé à redire. Maintenant, que vaut ce rapport sur la vie chère et que va en faire le gouvernement ?

Les Burkinabbè sont dans l’expectative. Mais si on s’en tient aux grandes lignes des conclusions du rapport de la commission ad hoc sur la vie chère, on retient que les députés ont franchi un pas que le gouvernement n’a jamais voulu faire pour diverses raisons. En effet, la commission embouche la même trompette que les syndicats sur notamment la nécessité de revoir le pouvoir d’achat des Burkinabè. Sur le long terme, la commission ad hoc interpelle les pouvoirs publics sur la nécessité de réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur.

En réalité, les parlementaires n’inventent rien de nouveau, ils rappellent au gouvernement les B-a-ba en matière de gouvernance économique. Ces recommandations sont donc une sorte de piqûre de rappel venant d’une institution qui contrôle l’action du gouvernement, consent l’impôt et vote la loi. Les contempteurs du gouvernement diront cependant qu’il a échoué dans son action au vu de ces conclusions.

D’autre part, on peut également faire le reproche au parlement de s’être enfermé à l’hémicycle, s’octroyant des indemnités quand il le juge nécessaire et oubliant ainsi les préoccupations du "pays réel". Lui non plus n’a pas vu venir la crise.

En réalité, la revendication de revoir le pouvoir d’achat ne date pas d’aujourd’hui. Elle a été le cheval de bataille des syndicalistes depuis une dizaine d’années. Et le dépôt de ce rapport, en même temps qu’il dédouane les députés, devra être une occasion pour le gouvernement de rebondir, de prendre de nouvelles initiatives dans l’intérêt de la majorité des Burkinabè. Ce doit être également l’occasion d’établir un véritable dialogue entre le parlement et les autres couches socio- professionnelles de la société et entre parlement et l’exécutif. De ce dialogue , on est en droit d’attendre des propositions ou des avant- projets de loi allant dans le sens d’une revalorisation du pouvoir d’achat certes, d’une meilleure protection des consommateurs et surtout la fin de la collusion entre les agents économiques et les politiques qui privent l’Etat d’une bonne partie de ses recettes et taxes.

Il est urgent que le parlement et le gouvernement aillent au- delà du dépôt du rapport sinon les populations auront, une fois de plus, le sentiment qu’on les a diverties avec la mise en place des commissions pour calmer la tempête. Si tel était le cas, ce ressentiment serait alors légitime. On rappelle les espoirs et les déceptions qui ont suivi la publication du rapport parlementaire sur les produits de grande consommation. Un rapport public qui avait été édulcoré pour seulement préserver les intérêts de quelques opérateurs privés au détriment de l’information des consommateurs.

Au moment où l’on est en train d’aborder l’An un de Tertius Zongo, le gouvernement tient là une bonne occasion d’assainir l’environnement économique en mettant au pas les fraudeurs du fisc, et les commerçants. Car dans cette pagaille, une augmentation du pouvoir d’achat via les salaires sera une épée dans l’eau. L’augmentation tant attendue des salaires ne suffira pas à résorber la crise si elle n’est pas doublée d’un contrôle plus serré des prix, des importations et de la qualité des produits de consommation. Il s’agit de contenir à tout prix les prix avant de tenter une augmentation de salaire. C’est l’une des conditions majeures pour que le relèvement du pouvoir d’achat soit vécu comme un soulagement par le panier de la ménagère.

"Le Pays"

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