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Inaccessibilité des savons SN-CITEC à Sya : Les consommateurs victimes des intermédiaires de vente

Publié le mardi 27 mai 2008 à 10h17min

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A Bobo-Dioulasso, des consommateurs se plaignent ces derniers temps que les savons de la Nouvelle société huilerie et savon CITEC (SN-CITEC) aient disparu des rayons des boutiques. En dehors de la flambée des prix des matières premières qui a contraint la SN-CITEC à fermer sa savonnerie pendant des mois, une autre raison non moins importante explique cette situation plus ou moins fondée. Les intermédiaires de vente (grossistes, demi-grossites….) font grimper le prix des savons SN-CITEC au-delà des marges de spéculation autorisées, ce qui dissuade la plupart des boutiquiers d’en acheter pour revendre.

Dans ce contexte de “vie chère” où le prix des produits de consommation courante ne cesse de grimper, les consommateurs se saignent pour subvenir à leurs besoins vitaux. Si en plus de cela, certains de ces produits très prisés manquent sur le marché, c’est la croix et la bannière. Et c’est ce que de nombreux Bobolais vivent en ces moments, condamnés qu’ils sont à regretter le manque du savon SN-CITEC chez le boutiquier du quartier. En effet, peu de boutiquiers en disposent à Sya et les raisons évoquées sont les mêmes. Les savons N°1, (250g) et N°2, (400g), les plus prisés par les consommateurs, sont pratiquement absents des rayons.

De Bolomakoté, à Koko en passant par Accart-ville et bien d’autres quartiers de Bobo, les savons SN-CITEC sont rares et “chers”. Bouba Sana, boutiquier à Bolomakoté, est catégorique : “On ne trouve plus tellement les savons SN -CITEC. Quand on en trouve, c’est cher et nous ne pouvons pas rentabiliser en les vendant”. Affairé dans sa boutique située à Sikasso-Cira, Daouda Kaboré, est du même avis : “Les savons SN-CITEC manquent et sont devenus chers. Donc moi je n’en vends plus”, soutient-il. Bien que de nombreux boutiquiers se plaignent des prix “exorbitants” des savons SN-CITEC qui les rebutent, quelques uns d’entre eux continuent de vendre ces produits de consommation courante à faible quantité, mais non sans grincements de dents. Sont de ceux-là, Hamadé Ouédraogo, commerçant à “Lemburulogo” ou marché de fruits : “Les savons SN-CITEC se font rares et sont devenus très chers pour être commercialisés. J’ai fait néanmoins l’effort pour me procurer une petite quantité de savons N°1 et 2 que je vends respectivement à 250 et 350 F CFA. Les clients trouvent que c’est cher”.

Toujours est-il que certains intermédiaires de vente à l’image de Boureima Ouédraogo disposent de stocks de savon SN-CITEC et ne se plaignent pas de leur écoulement. A notre passage à son lieu d’activité à Koko, ce demi-grossiste disposait de 40 cartons de savons SN-CITEC. Si la plupart des boutiquiers approchés ne sont visiblement plus partants pour investir dans les savons SN-CITEC car trop “cher” , c’est bien parce selon certains d’entre eux, les grossistes et demi-grossistes les leur revendent cher.

Plus de 50 F CFA sont ajoutés sur les prix préconisés

Sur cette question, la SN-CITEC soupçonne les intermédiaires de vente, de vrais spéculateurs, de ne pas respecter les marges autorisées qu’elle a établies selon la structuration du prix du savon. Toute chose qui contribue à faire grimper les prix aussi bien pour les boutiquiers que pour les consommateurs, car les intermédiaires de vente veulent gagner plus que ce qui est prescrit. “Les marges de spéculation ne sont pas respectées. A preuve, les prix de vente autorisés et à ne pas dépasser pour la vente en détail (200 F CFA pour le savon N°1 et 300 F CFA pour le savon N°2), ne sont pas respectés dans les boutiques.

Au moins 50 F CFA sont ajoutés sur ces prix. Il y a des pratiques spéculatives hors normes dans le système de vente”, relève le responsable des ventes de la SN-CITEC, Mahama Ouédraogo. La directrice générale (DG) de la SN-CITEC, Bintou Diallo, ne pense pas le contraire. “La relative cherté de nos produits est une raison qui explique le manque de nos savons dans les boutiques. Cette cherté est due aux mauvaises pratiques spéculatives des intermédiaires de vente. Chacun veut se faire de l’argent en foulant aux pieds les marges de spéculation imposées. Les prix grimpent anormalement dans le circuit de distribution, dissuadant ainsi les boutiquiers d’investir dans nos savons.

L’autre raison conjoncturelle est que la flambée des prix frappe aussi les matières premières dont nous avons besoin, surtout l’acide gras que nous commandons d’Asie et de Côte d’Ivoire. Le prix de cette matière première a augmenté de 35 %. Ce qui nous a contraint à faire 6 mois sans produire du savon. Nous avons recommencé à produire au mois de mars 2008 et disposons de 500 tonnes de savon dans nos magasins”, confie Mme Diallo. Elle soutient même que “l’huilerie rapporte plus que la savonnerie que nous n’allons pas pour autant fermer car nous faisons du social et sommes conscients que nos savons sont beaucoup consommés par les Burkinabé”. Qu’est-ce qui sera fait pour satisfaire et protéger le consommateur des mauvaises pratiques spéculatives des intermédiaires de vente en ces temps de “vie chère” ?

La DG de la SN-CITEC se veut stratégique : “Nous allons travailler à réduire les intermédiaires de vente même si nous ne sommes pas contre ceux-ci qui ont fait de notre société ce qu’elle est aujourd’hui. L’objectif, c’est de rendre nos savons directement accessibles aux consommateurs aux prix recommandés. Nous avons déjà commencé à limiter la vente du nombre de cartons à 5 dans nos 3 points de vente qualité à Bobo, histoire de privilégier davantage le consommateur que les spéculateurs. Outre cela, nous allons bientôt organiser des campagnes de vente directe de nos stocks de savons aux consommateurs qui sont prioritaires. C’est notre contribution à la lutte contre la vie chère”.

Kader Patrick KARANTAO
stkaderonline@yahoo.fr

Sidwaya

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