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Commerçants véreux : Un bouc émissaire nommé Ousmane

Publié le mardi 20 mai 2008 à 11h26min

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L’acte répréhensible d’Ousmane Kaboré, ce commerçant qui reconditionnait frauduleusement des sacs de riz de 50 kg, continue d’alimenter les conversations. Quoi de plus normal en ces temps de vie chère, au cours desquels le père de famille qui s’en va chez le boutiquier du coin chiale à s’arracher les yeux quand l’heure de sortir les 20 000 FCFA, prix d’un sac de riz de 50 kg, de son portefeuille qui pue la moisissure a sonné. Imaginons maintenant sa réaction s’il se rendait compte qu’il n’y a que pour 41 kg de semoule dedans !

S’il est un peu cardiaque, il n’y aura que les pompiers qui seraient capables de le sortir d’une mort avant terme. Et c’est à ce genre de jeu dangereux que s’adonnait notre marchand, Ousmane Kaboré, qui a été tiré de son petit nuage spéculatif par la gendarmerie de Boulmiougou et l’Inspection générale des affaires économique (IGAE) le 12 mai 2008.

Bravo donc aux pandores officiant du côté de Pissy et de ses environnants. Coup de chapeau aussi aux inspecteurs de l’IGAE, qui ont permis de prendre le criminel (par ces temps qui courent, ce qualificatif n’est pas très fort) les deux mains dans le sac…de riz. Ils ont joué à perfection leur rôle d’empêcheurs d’escroquer en rond.

Malheureusement, des détaillants et des grossistes à l’image d’Ousmane Kaboré pullulent dans les villes et les villages du Burkina. Celui qui vient de tomber dans le filet n’est que, comme on le dit, le menu fretin. C’est rageant de remarquer que s’il n’y avait pas eu ce coup de semonce de la semaine dernière, l’arnaque continuerait et les consommateurs n’auraient que leurs yeux pour pleurer. Et Dieu seul sait depuis quand les clients vivent cette arnaque !

Dans la composition de l’Inspection générale des affaires économiques, structure étatique créée en mai 1996, figure pourtant en bonne place la lutte contre les pratiques commerciales peu recommandables, parmi lesquelles on peut ranger la pratique d’Ousmane. Cette activité relève des attributions de la cellule dénommée « Inspection de la Qualité et de la Métrologie (IQM).

Avouons tout d’abord que l’on ne peut pas demander l’impossible à une institution qui brille de par son indigence en moyens financiers, humains et techniques. N’empêche, cette découverte au secteur 16 de Ouagadougou doit être l’occasion pour elle de ratisser large à travers des visites inopinées dans les magasins de nos chers épiciers.

Sacs de riz, de farine de blé, sucre en poudre, ciment, instruments de pesée…, tout doit passer sous leur contrôle. Il ne faut plus attendre la dénonciation par un citoyen lambda pour que la machine répressive soit mise en branle. Si sur l’inefficacité de la décision du gouvernement de baisser les prix de certains produits de base vient se greffer l’immobilisme de l’Inspection générale des affaires économiques, viendra un jour, dans ce pays, où le consommateur mangera du sable à la place du couscous.

Issa K. Barry

L’Observateur

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