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David Axelrod, le Gourou d’Obama

Publié le mardi 20 mai 2008 à 11h18min

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Les élections américaines de novembre, et plus particulièrement les primaires démocrates qui connaîtront très certainement leur dénouement dans les jours à venir sont l’un des sujets les plus attrayants parmi ceux qui font l’actualité ces derniers temps.

L’importance des enjeux, alliée à l’âpreté de la lutte qui oppose les deux prétendants du parti de l’âne (Barack Obama et Hillary Clinton) font que les chroniqueurs politiques les plus avertis et les bloggeurs les plus influents s’y intéressent avec la plus grande attention, multipliant analyses et conjectures sur les péripéties successives de ce duel au sommet. Pour conquérir l’électorat démocrate et les voix des super délégués (libres de leur choix à la Convention Nationale de Denver du 26 au 28 Août), les deux protagonistes usent de tous les artifices et stratagèmes sous la houlette de « gourous » de la communication qui leur servent de mentors.

Le propos de cet article est de vous présenter l’un de ces experts de la vie politique américaine, ces faiseurs de rois, qui peaufinent les discours politiques des candidats et sans lesquels, il serait quasiment impossible à quelque candidat que ce soit de remporter une élection locale, voire nationale. Il s’agit de David Axelrod, conseiller en stratégie politique et directeur de campagne de Barack Obama, actuellement favori de la course à l’investiture démocrate pour les élections de 2008.

Inconnu du grand public, cet ancien journaliste de 52 ans, diplômé de l’Université de Chicago s’est forgé une solide réputation de consultant et de stratège politique de par les diverses campagnes électorales qu’il a menées et les trajectoires politiques de leaders charismatiques qu’il a contribué à façonner. Né dans une famille juive new-yorkaise, d’un père psychologue rescapé des camps de concentration nazis (qui se suicida alors qu’il avait à peine 19 ans) et d’une mère journaliste, il commence sa carrière en tant que chroniqueur au Chicago Tribune. A 29 ans, il est engagé comme directeur de campagne de Paul Simon, un candidat démocrate au Congrès américain. Depuis, il a fondé AKP & D Message & Media, son cabinet de consultant à Chicago, d’où il a fait aboutir plusieurs candidatures, dont celles d’hommes politiques afro-américains : Harold Washington, le premier maire noir de Chicago, John Street, élu de Philadelphie, Anthony Williams, de Washington, Dennis Archer, de Detroit, Michael White, de Cleveland, Lee Brown, de Houston, et surtout Patrick Deval, le premier gouverneur noir du Massachusetts.

Ces hauts faits d’arme font que d’aucuns le comparent déjà à un Karl Rove, le brillantissime conseiller en stratégie politique de George W. Bush, celui qui l’a fait élire deux fois de suite à la Maison Blanche en 2000 et 2004. En effet, il fait partie de ces experts de la communication rompus aux concepts anglo-saxons de Personal Branding (promotion de son image de marque) ou de Storytelling (l’art de manipuler l’information en imposant à l’opinion des prismes de lecture spécifiques de l’actualité en fonction de ses propres intérêts). Ces concepts apparus depuis l’ère Reagan ont été largement éprouvés par les conseillers politiques de l’administration Clinton, ou avec George Bush pour légitimer la guerre en Irak. Aujourd’hui en France, ces communicants chevronnés se déclinent sous des personnalités comme Thierry Saussez (Directeur de la Communication de l’Elysée) ou Jacques Séguéla (Havas Advertising et ancien directeur de campagne de Mitterrand) qui n’en sont pas à leur coup d’essai en terme de campagnes électorales.

Aux Etats-Unis, la personnalité charismatique d’un Barack Obama, porteur d’espoir, chantre d’un discours universaliste se définissant au-delà des clivages et considérations raciales n’est rien d’autre que le fruit d’une composition méticuleuse, stratégique, répondant aux attentes d’une opinion savamment analysée, à mettre au crédit de son mentor.

Disposant d’un réseau relationnel extrêmement étendu, David Axelrod est parvenu à lever des sommes colossales (plus de 41 millions de dollars pour la seule période de mars) pour financer la campagne de son poulain. L’objectif n’est pas ici de minimiser le charisme naturel, ni les qualités politiques intrinsèques d’un Barack Obama, mais seulement de montrer la très grande influence et le rôle essentiel de ces hommes de l’ombre, figures clefs dans des situations où l’importance des enjeux requiert une justesse du discours, une efficience de la stratégie, ainsi qu’une élaboration circonstanciée d’une image consensuelle à véhiculer pour se forger un destin politique.

Philip D. COUBOURA,
d’après le Figaro et le New York Times.

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