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Tourisme : comment assurer son développement au Burkina ?

Publié le samedi 26 juin 2004 à 13h06min

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En Afrique, le secteur du tourisme représente la deuxième source de devises après le pétrole. Au Burkina Faso, il apporte plus de 20 milliards de FCFA par an à l’économie nationale, sans compter le nombre d’emplois qu’il génère. Ces quelques données suffisent pour montrer à quel point le secteur du tourisme reste primordial pour le développement de notre pays.

C’est d’ailleurs pourquoi, convaincu de son importance, le gouvernement pour une synergie d’actions a rattaché le volet tourisme à la culture et aux arts, donnant ainsi le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme.

Conséquence directe de ce changement, le secteur connaît une évolution qualitative au regard du nombre sans cesse croissant de touristes qui visitent notre pays. Mais, qu’on ne se voile pas la face, le chemin pour que le tourisme au Burkina occupe une place de choix est encore long et même très long. D’où la nécessité d’investir et de s’investir en ayant en tête comme le dit le ministre Mahamoudou Ouédraogo, que chaque Burkinabé est un touriste en puissance.

Le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme assure entre autres la mise en œuvre et le suivi de la politique du gouvernement en matière de culture, d’art et de tourisme. Plus spécifiquement, en matière de tourisme et d’hôtellerie, il est chargé de la réhabilitation, de la rénovation, de l’entretien et de la protection des sites touristiques et de la valorisation des ressources touristiques nationales. Enfin, le ministère réglemente et contrôle les activités touristiques et hôtelières. La mise en œuvre et le suivi de toutes ces actions, de toutes ces activités exigent une politique volontariste doublée de moyens financiers conséquents.

Les fondements d’une politique

Le rattachement du secteur du tourisme à celui de la culture et des arts n’a suscité aucun commentaire encore moins une polémique - chacun ayant compris qu’en Afrique et particulièrement au Burkina, la culture rime parfaitement avec arts et tourisme - cela ne pouvait qu’être accepté, et même encouragé. Après donc cet acquis institutionnel, le travail pour le développement du tourisme pouvait bien commencer. Il fallait montrer que le Burkina Faso est avant tout un pays culturel. De ce fait, sa visibilité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur est étroitement liée à la capacité des uns et des autres à valoriser et à la promouvoir.

C’est d’ailleurs pourquoi, l’Office national du tourisme burkinabé (ONTB) travaille de concert avec la Direction du tourisme et de l’hôtellerie (DTA) et la Direction du patrimoine culturel (DPC) pour une synergie d’actions. Ainsi, l’ONTB a en charge la promotion du tourisme et la DTA s’occupe des questions administratives et réglementaires. Le tout étant coiffé par le ministère.

La mise en œuvre de la politique de développement et de promotion du tourisme commence à porter ses fruits, malgré les efforts qui restent à faire. Aujourd’hui, notre pays se classe au 5e rang des pays les plus visités des 16 pays de l’Afrique de l’Ouest avec plus de 200 000 visiteurs en moyenne. Qu’en sera-t-il, si chaque Burkinabé s’adonnait au tourisme ?

Les atouts touristiques du Burkina

De part ses retombées sur l’économie, les emplois qu’il crée de manière directe ou indirecte, le tourisme est considéré comme l’industrie du XXIe siècle. Pour que ce secteur devienne effectivement une industrie, il faut remplir des conditions et avoir des atouts - L’une de ces conditions est sans conteste la stabilité politique et sociale. A ce niveau, notre pays donne l’exemple.

Mieux, le sens de l’accueil, l’hospitalité légendaire, héritage de nos grands parents sont autant d’atouts qui prédisposent notre pays à entrer dans le cercle bien restreint des pays touristiques.

En plus on a répertorié plus de 300 sites dont la valorisation et la promotion pourront nous permettre de nous positionner définitivement dans le concert des grandes nations de tourisme. Ce ne sont certainement pas les initiatives qui manquent dans ce sens. Le ministre Mahamoudou Ouédraogo ayant fait de la promotion et de la valorisation de la culture son cheval de bataille, les initiatives ne pouvaient donc pas manquer : tournées sur les différents sites touristiques, sensibilisation, aménagements des sites, etc.

Ainsi, la Guinguette de Bobo, les ruines de Loropéni et autres aires de camping bénéficient aujourd’hui d’un regard particulier et intéressé. D’ailleurs pour véritablement camper le "sujet" et positionner les atouts touristiques, le pays a été divisé en zones. La zone de l’Est, la zone du Centre, la zone du Nord et celle de l’Ouest.

La zone de l’Est se présente comme celle des Safaris et des aires de conservation et de protection de la faune (parc national "W", les réserves d’Arly...).

La zone du Centre, en plus du tourisme d’affaires qu’elle offre, Ouagadougou reste la capitale des grandes rencontres et de culture...

Les quatre régions touristiques regorgent des atouts inestimables à même de constituer des vecteurs de développement de notre tourisme. A ces atouts, si l’on ajoute les manifestations culturelles telles la semaine nationale de la culture (SNC), le Festival Panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), le Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), les festivals de théâtres (FITMO, FITD, CITO etc...) on ne peut que "positiver" quant à l’avenir du tourisme dans notre pays.

Cérise sur le gâteau, le département chargé du tourisme est à pied d’œuvre pour la mise en place d’un schéma directeur d’aménagement agro-touristisque et écono-touristisque. Tout un ensemble qui vise le développement du tourisme en ayant surtout pour souci la préservation de l’environnement. Car autant il faut promouvoir le tourisme, autant il faut songer à ses effets "pervers". Telle la dégradation du patrimoine, le tourisme sexuel (le cas malheureux de la Guinguette est illustratif).

Tourisme et hôtellerie

Un des handicaps majeurs qui freinait la promotion et le développement du tourisme, c’est l’insuffisance des infrastructures (hôtels, routes, campements). Mais depuis quelques années le secteur de l’hôtellerie est en pleine expansion, même si cela ne s’observe que principalement dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Grâce à la volonté conjuguée des opérateurs économiques et du gouvernement, la capacité hôtelière d’accueil de notre pays est devenue appréciable, même s’il reste beaucoup à faire et à parfaire. Les villes moyennes telles Kaya, Tenkodogo, Ouahigouya, Koudougou disposent désormais les quelques hôtels dignes de ce nom.

Le tourisme, rimant parfaitement avec l’hôtellerie, il est important que les efforts entrepris se poursuivent. Il en est de même des infrastructures routières pour désenclaver certaines zones touristiques.

Quelques entraves au développement du tourisme au Burkina

Avec un peu plus d’efforts, de mobilisation et de sensibilisation, le Burkina Faso, grâce à ses atouts touristiques et à sa politique promotionnelle, pourra d’ici quelques années "égaler" certains pays considérés comme les meilleures destinations touristiques en Afrique. Cependant, il est important de lever certaines entraves pour pouvoir réussir ce qu’on pourrait appeler le pari.

Une de ces entraves vient d’être levée par l’Assemblée nationale qui a adopté le 22 octobre dernier un projet de loi relatif aux établissements de tourisme et à la promotion touristique au Burkina Faso. Pourquoi ce projet de loi ? En dépit de l’importance du tourisme dans l’économie nationale et malgré l’évolution qualitative de ce secteur, les textes qui régissent le tourisme et l’hôtellerie ont peu évolué depuis 20 ans. C’est pourquoi, vu le nouveau contexte, il était impérieux de se pencher sur la relecture de certains textes. Cela est devenu une réalité depuis le 22 octobre dernier.

Ce projet de loi sans être un tout englobe pas mal de dispositions qui pourront être salvatrices pour le développement du tourisme et de l’hôtellerie dans notre pays. Il a entre autres pour souci :
- d’adapter la législation à l’évolution du secteur du tourisme avec la prise en compte des nouvelles exigences et des nouveaux acteurs ;
- d’harmoniser la législation aux règles communautaires de la CEDEAO et de l’UEMOA ;
- de professionnaliser les acteurs et de créer des conditions nécessaires à l’emploi du personnel burkinabé qualifié ;
- de mobiliser de nouvelles recettes au profit du budget de l’Etat et pour la promotion du tourisme.

Ainsi du fonds de développement du tourisme, (ce fonds sera de 300 millions dans le budget 2004) aux agences de voyages et de tourisme en passant par le désenclavement et l’aménagement des sites et les établissements touristiques et les restaurants de tourisme rien ou presque n’a été occulté dans ce projet de loi.

Comme entraves, on peut noter aussi la perception qu’ont les Burkinabés du tourisme (voir encadré) et le manque de moyens financiers et humains pour le secteur. Notre pays ne dispose pas encore d’une école supérieure en tourisme et hôtellerie. Il en est de même de ceux qu’on appelle les guides.

Bref, il reste encore tout un ensemble d’actions à mener pour que le tourisme au Burkina soit un véritable pourvoyeur de devises et occupe réellement sa place d’industrie du XXIe siècle. L’espoir est permis. Le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme s’y attelle.

Idrissa Kaboré
L’Hebdomadaire

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