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Alimentation : Donnons une chance au riz local

Publié le jeudi 8 mai 2008 à 11h01min

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Le monde entier souffre de la flambée des prix des produits de première nécessité et il est de bon ton que les consommateurs changent les habitudes de consommation pour faire face à la nouvelle donne. Cette alternative appelle le Burkinabè à avoir plus de considération pour les produits locaux. Ainsi, le riz local qui connaît en temps normal une mévente du fait de l’envahissement du marché par des riz de moindre qualité mais moins chers, ne connaîtra meilleure occasion pour sa promotion. Les acteurs de filière sauront-ils la saisir ?

Comme c’est le cas dans la majorité des pays africains, le riz est devenu l’aliment de base des Burkinabè. Au Burkina, il a supplanté des céréales comme le mil et le maïs. Plus de trois cent mille tonnes de riz seraient consommées chaque année dont plus de 2/3 de la quantité sont importés notamment de pays asiatiques (Taïwan-Inde-Thaïlande-Chine-Vietnam). Ce qui incontestablement occasionne une hémorragie de devises dont devrait se passer un pays comme le Burkina Faso.

C’est pourquoi de la part des autorités, d’énormes efforts sont consentis pour réduire cette dépendance en matière de riz. Depuis quelques années la production locale de riz connaît un intérêt particulier. Outre l’aménagement de périmètres irrigués et autres bas-fonds, le riz a bénéficié d’une action gouvernementale dans la recherche des semences améliorées et leur mise à la disposition des producteurs dont beaucoup ont été formés aux nouvelles méthodes. (11 738 producteurs et 6313 productrices ont été formés). Les rendements de riz atteignent aujourd’hui quatre tonnes l’hectare. L’Etat a mis en place 14 décortiqueuses et 28 batteuses sur les sites de production pour la transformation de riz paddy.

L’attention particulière accordée à la production de riz a donné des résultats très appréciables. Dans la vallée du Sourou, 1600 ha de périmètres irrigués permettent de produire 12 800 tonnes de riz par an. Le barrage hydro-électrique de Bagré produit, selon certaines sources, 10% du riz burkinabè. Le projet Riz pluvial qui se cultive dans des bas-fonds de moindre importance apporte un plus à la production nationale de riz. Entre 2002 et 2007, la production burkinabè est passée de 89 104 tonnes à 189 176 tonnes soit une moyenne annuelle de 111 387 tonnes. Une quantité loin de pouvoir satisfaire la demande.
Le déficit est grand et le Burkina aura besoin, pendant longtemps encore, de l’apport extérieur pour satisfaire ses besoins.

Une situation internationale favorable

En principe, les magasins de riz local devraient se vider rapidement compte tenu de la forte demande. Que nenni ! Le riz burkinabè connaît de façon paradoxale une mévente qui oblige les producteurs à le brader dans des foires commerciales à Ouagadougou. Les raisons invoquées seraient son coût d’achat qui serait élevé et sa qualité nutritive. C’est vrai, à cause du soutien à la production et de la main d’œuvre très bon marché en Asie, le riz importé des lointaines rizières du Vietnam, de Thaïlande, de Chine… revient moins cher au consommateur que celui du Sourou et de Bagré. Toutefois, il faut reconnaître que la conjoncture internationale présente incite à plus d’optimisme pour la conquête du marché local par le riz local.

En effet, les pays fournisseurs de riz au Burkina, qui sont par ailleurs parmi les plus peuplés au monde subissent aussi les effets du changement climatique qui entraîne une baisse de leur production. Pour satisfaire aux besoins de leurs populations et éviter les manifestations, certains à défaut d’interdire l’exportation de leur production, ont fortement réduit les quantités. C’est dire que l’accès de plus en plus difficile à ce riz d’importation le rendra plus cher, ce qui se ressent déjà sur le marché, sans compter qu’avec la rigueur observée dorénavant dans la gestion des importations au Burkina, il est évident que l’application de la vérité des prix ne sera pas pour arranger les choses pour le riz venant d’Asie si les importateurs opéraient loyalement, ce qui évidemment favorisera le riz national qui deviendra moins cher sur le marché.

Est-ce à dire que la flambée des prix est une chance pour la production locale de riz ? Les acteurs de la filière en tout cas l’espèrent fortement pour une juste récompense de leurs efforts.

Par Ahmed NAZE

L’Opinion

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