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Poutine Medvediev : Un duo contre l’unilatéralisme américain

Publié le jeudi 8 mai 2008 à 10h41min

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La Russie a opéré une passation de pouvoir rarissime dans les systèmes démocratiques européens. Le président sortant, par un jeu subtil de chaises musicales, devient premier ministre, parce qu’il ne peut plus se présenter à l’élection présidentielle. On pourrait crier à la mainmise d’un seul homme sur le pays et à une parodie d’alternance, en ce sens que Vladimir Poutine continue ainsi de détenir la plupart des leviers du pouvoir. Mais le cas russe est unique.

Le pays revient de loin. Après sa dislocation , il a fallu un homme à poigne pour le sortir du coma profond dans lequel il était plongé. En moins d’une décennie, Poutine a fait faire un bond prodigieux au pays, le hissant de dernier de la classe à une puissance économique et militaire capable de rivaliser avec les plus grands. Il a redonné à la Russie sa fierté d’antan, en lui permettant de retrouver sa splendeur perdue dans les décombres de la guerre froide. Le peuple russe, en élisant massivement le poulain de Poutine et en acceptant que ce dernier demeure premier ministre, a voulu avoir à sa tête un digne fils.

Peu importent donc les astuces juridico-politiques qu’il a utilisées pour demeurer au pouvoir, l’essentiel étant qu’elles respectent la Constitution. En politique intérieure comme extérieure, les Russes ont de quoi être fiers de leur président sortant. Il a propulsé le pays vers des performances économiques qui lui ont épargné les différentes crises qui frappent l’Occident ( bourses, subprimes, inflation, etc). C’est cette puissance économique retrouvée qui permet à la Russie de briser l’hégémonie américaine. Elle a à nouveau les moyens de rétablir le fameux équilibre de la terreur avec des armements au même niveau de perfection que celui des Etats-Unis. Elle peut aussi déployer sa diplomatie à travers le monde pour faire valoir sa vision des relations internationales.

Une vision qui n’épouse pas forcément celle des Etats-Unis, faite d’un bellicisme à outrance. En fait, c’est l’ensemble du monde qui doit une fière chandelle à Poutine. Parce que son avènement a refreiné les ardeurs hégémoniques de l’Amérique avec un George W. Bush à sa tête. Sans la Russie, on ne sait pas où en serait la guerre contre l’Axe du mal déclenchée à partir de l’Irak. Nationaliste ayant une haute idée des intérêts de son pays, Poutine n’en est pas moins un grand défenseur d’un ordre mondial basé sur la justice et le droit. Ce sont ces qualités qui font sa popularité. Et tant que son peuple le plébiscitera, il va sans dire que sa retraite politique n’est pas pour demain, n’en déplaise aux Occidentaux.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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