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Awa Melone, musicienne : "Les jeunes musiciens vont vite dans la précipitation"

Publié le mardi 20 mai 2008 à 11h07min

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Awa Melone est cette jeune artiste qui a longtemps roulé sa bosse dans les chœurs au Burkina Faso. Elle a entamé une carrière solo et séjourne actuellement aux USA à Wisconcy au Conservatoire de la musique pour un perfectionnement. A la faveur de son récent séjour à Ouagadougou, nous l’avons rencontrée.

Sidwaya Mag Plus (S.M.P.) : Que devient Awa Melone ?

Awa Melone (A.M.) : Tantôt je suis au pays, tantôt à Wisconcy (USA)

S.M.P. : Que faites-vous là-bas ?

A.M. : Je vais à l’école au Conservatoire de la musique.
J’y apprends la musique, le piano et les performances vocales.

S.M.P. : Qu’est-ce qui vous a motivé ?

A.M. : Dans la vie, lorsque tu as un coup de main, c’est une chance à saisir. J’ai été aidée par de bonnes volontés pour aller me perfectionner et me faire connaître aussi outre-Atlantique.

S.M.P. : Comment se passent alors les cours ? Qu’est-ce que vous y apprenez ?

A.M. : J’apprends les méthodes de techniques vocales, les touches du piano. Aujourd’hui les femmes sont de plus en plus nombreuses à vouloir faire la musique mais peu sont celles qui essaient d’apprendre à jouer un instrument de musique. A mon avis, le chant et l’instrument se complètent.

S.M.P. : En dehors de l’école, que faites-vous d’autre aux USA ?

A.M. : J’essaie de chercher des contacts, de promouvoir mon album. Cet été, je dois participer à six (6) festivals dans l’Etat de Wisconcy et bien d’autres.

S.M.P. : Que devient l’album que vous avez mis sur le marché voilà plus d’un an ? Ça semble être le silence total ?

A.M. : Pour moi, chaque chose a son temps. J’ai fait ce que je pouvais côté promo ; l’album n’a pas totalement pris. Un autre fait explicatif, c’est qu’au moment où l’album sortait, il y avait une tendance musicale qui faisait grand tabac et moi je fais de la world music. Je vais essayer de faire un effort pour m’adapter et faire en sorte que mon genre puisse être apprécié.

S.M.P. : Est-ce simplement parce que la rythmique n’était pas adaptée au contexte ou est-ce à cause d’un problème de manager, de promotion ?

A.M. : Je ne rentrerai pas trop dans les détails. Je me dis que c’est surtout lié à une question de tendance rythmique. Mais comme il y a toujours un temps pour tout, je sais que la musique que je fais sera beaucoup écoutée d’ici-là.

S.M.P. : Vous pensez alors rectifier le tir ou bien vous lancer dans un autre genre ?

A.M. : Pour le moment, l’album est sur le marché. Je vais essayer de voir ce que je peux faire pour sa bonne promotion. Après, l’on verra pour la suite.

S.M.P. : Vous êtes tout de même aux USA. Comment ferez-vous pour relancer l’album ici au Burkina Faso ?

A.M. : Il y a deux structures (Seydoni Production et Kalao) qui ont les mains dans la pâte pour la distribution. Je viens juste d’arriver des USA et je n’ai pas encore pu faire le point.

S.M.P. : Actuellement, tu es en compagnie d’un représentant d’une autre structure de production (ETK). Est-ce un nouvel allié ?

A.M. : L’avenir nous le dira. Mais pour le moment, c’est quelqu’un (Sylvestre Ilboudo) qui croit en ce que je fais et qui veut me donner un coup de pouce. Au Burkina, l’artiste est tantôt producteur, distributeur.
Ce n’est pas du tout aisé.

S.M.P. : On a l’impression qu’ici, toutes les choristes veulent avoir une carrière solo. Est-ce réellement facile ?

A.M. : Je ne vais pas dire que c’est facile. La vie est d’abord une école. Il y a toujours un début à tout : aller à l’école, avoir des diplômes et finalement chercher à être là où l’on est ou encore où l’on désire être.
Il est vrai que chez nous, il n’y pas tellement d’écoles de musique. La bonne école pour moi consistait d’abord à être interprète dans des pianos-bars, suivre des orchestres pour faire des chœurs.
La performance commence par là. Aux USA, je profite actuellement de cette expérience que j’ai eue ici. Au conservatoire de la musique où je me perfectionne, l’on est souvent surpris de certaines qualités que j’ai sans toutefois avoir fait une école de musique. Ce que je retiens, c’est qu’on ne finit jamais d’apprendre.

S.M.P. : Combien de temps dure ta formation là-bas ?

A.M. : J’ai trois mois à faire au Conservatoire de la musique et en plus renouvelables. Au début, j’ai eu un problème d’adaptation par rapport à la langue. Aujourd’hui, tout se passe bien. J’accepte les critiques et on évolue. Au Burkina Faso, il y a un problème. Les gens n’aiment pas les critiques.

S.M.P. : A t’entendre chanter, on a l’impression d’écouter Aïcha Koné. Qu’en dis-tu ?

A.M. : Cela est vrai. Lorsque je chante en mandingue, je le sens. Cela est en fait dû au fait que durant mon enfance, j’ai été beaucoup bercée par sa musique. C’est une musicienne que j’ai toujours appréciée, c’est mon idole. C’est peut-être ce qui me colle à la peau.
Tant mieux pour moi si je peux suivre ses traces.

S.M.P. : Tu as pu vivre l’anniversaire des 40 ans de musique de Georges Ouédraogo. Qu’est-ce que cela te fait en tant que jeune artiste ?

A.M. : Pour moi, c’est une gloire. Il n’est pas donné à tout le monde de persévérer dans ce domaine jusqu’à atteindre 40 ans de carrière. C’est pour moi, jeune artiste, une chance d’avoir de telles personnes et auprès de qui nous pouvons beaucoup apprendre. Aujourd’hui, les jeunes musiciens vont vite dans la précipitation, sans réellement comprendre ce qu’est la musique et de quoi est fait le milieu. Georges Ouédraogo est maintenant comme un baobab. C’est à nous de l’approcher et de demander conseils pour espérer fêter également 40 ans de carrière musicale si Dieu nous donne longue vie.

Entretien réalisé par Ismaël BICABA (bicabai@yahoo. fr )

Sidwaya Plus

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