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Présidentielle zimbabwéenne : Mugabe refuse le K.-O.

Publié le vendredi 2 mai 2008 à 13h19min

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Tout porte à croire que le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de l’opposant Morgan Tsvangirai et l’Union nationale africaine du Zimbabwe, Front patriotique (Zanu-PF) de Robert Mugabe iront à un second tour dans la course à la présidence du Zimbabwe. Pendant que le premier parti cité refuse de participer à un second round, estimant qu’il a remporté le premier tour haut la main et qu’il n’a pas besoin d’un second tour, son concurrent direct, lui, se dit prêt à se relancer dans la bataille pour conserver le pouvoir pour un sixième mandat.

Un hypothétique second tour en perspective donc. Le président sortant, Robert Mugabe, 84 ans, a fait sa première apparition publique après le week-end du scrutin, à un moment où la rumeur faisait état de son éventuel départ et même de son exil. Simples bruits ou prémisses d’une fin de règne ? Ce qui est sûr, dans l’entourage du chef de l’Etat, certains notables de l’armée le poussent à continuer la lutte pour garder le trône.

Ce qu’il faut dire, c’est que l’ère Mugabe semble amorcer son terme au Zimbabwe. D’après les résultats de la Commission électorale nationale, le parti du président a perdu la majorité au Parlement à l’issue des élections générales.

Le MDC, le principal parti d’opposition, a pour sa part obtenu 105 des 210 sièges (50,3%). Un autre siège (6,8%) ayant été remporté par l’ancien ministre des Finances entré en dissidence, Simba Makoni, candidat indépendant. Le Zanu-PF de Mugabe, qui engrange 104 voix soit (42,9%), logiquement ne peut plus atteindre la majorité absolue.

Le maître du Zimbabwe, pour ce qui est de la présidentielle 2008, a voulu faire dans la transparence et les quelque 5,9 millions d’électeurs qui ont été appelés à choisir leur président, députés, sénateurs et conseillers municipaux se sont exprimés librement et ont fait tanguer les urnes en sa défaveur.

Présentement, tout est mis en œuvre, surtout par les médias d’Etat, pour préparer la population à la tenue du second tour. Un round que le pouvoir de Harare, pour éviter une humiliante raclée, fera tout pour gagner.

Le temps mis pour l’annonce officielle des résultats du scrutin n’est ni plus ni moins qu’une manœuvre en sourdine pour préparer effectivement les esprits à accepter le plat insipide que le parti au pouvoir entend servir.

C’est ce qui conforte certains observateurs de la scène politique zimbabwéenne dans leur position selon laquelle l’ancien syndicaliste Tsvangirai et les siens doivent courageusement, au cas où un second tour interviendrait, laisser Mugabe avoir toute honte bue sa chose, étant entendu que quoiqu’il advienne, sa crédibilité serait déjà entamée, son pouvoir ébranlé par la clairvoyance d’un peuple en proie aux méfaits d’un marasme économique jamais égalé.

Cela éviterait probablement à l’ancien grenier de l’Afrique australe une situation calamiteuse à la kenyanne, ce qui le précipiterait davantage dans le précipice sans nul doute. C’est ce qu’il faut souhaiter à ce pays, qui a connu de grands soubresauts lors de la vague de violences qui l’a parcouru en avril 2000, à la veille de la dissolution du Parlement, qui consacrait l’expropriation des fermiers blancs et asiatiques.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur

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