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Martin N’Terry : "La musique burkinabè est une histoire de clan, de mafia"

Publié le mardi 29 avril 2008 à 10h47min

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Révélé par son premier album "Sophie", Martin N’Terry vit actuellement aux États-Unis. De retour au pays après sept années d’absence, il raconte dans cet entretien son parcours, la rumeur sur son enrichissement...

Sidwaya Mag Plus (S. M. P.) : Depuis combien de temps vis-tu aux États-Unis d’Amérique ?

Martin N’Terry (M. N’T.) : Cela fait exactement sept ans que je suis aux États-Unis d’Amérique.

S. M. P. : Tu avais entamé une belle carrière avec ton album "Sophie". Alors pourquoi es-tu parti ?

M. N’T. : Je voulais progresser en apprenant, afin d’attaquer la scène internationale.
Je voulais aussi me faire des relations pour la future génération. Alors je suis allé à New-York.

S. M. P. : Ton intégration a-t-elle été facile ?

M. N’T. : J’avais quelques amis aux Etats-Unis mais l’intégration a été un peu difficile parce que je ne parlais pas l’anglais. J’ai pris deux années pour parler l’anglais. Aujourd’hui, j’ai eu des amis, un groupe. L’intégration continue.

S. M. P. : Tu as parlé d’apprentissage pour avancer dans ta carrière. En sept ans qu’as-tu appris ?

M. N’T. : Au début, c’était difficile de trouver des personnes qui ont confiance en moi, bien que j’avais mon album "Sophie" qui n’était pas enregistré en live. J’ai dû me battre pour confirmer en enregistrant un album live. J’ai suivi des cours de musique et de voix.

S. M. P. : Le professionnalisme des studios américains t’a-t-il fait peur ?

M. N’T. : Je n’avais pas peur mais j’étais plutôt excité. Parce que toutes les conditions étaient réunies pour apprendre beaucoup en musique. En plus, aux Etats-Unis, les rencontres sont aussi des moments d’apprentissage. C’est dans ce sens que j’ai pu rencontrer de grands noms de la musique comme Burning Spears et Lucky Dube. J’ai joué dans la même salle avec ce dernier. Paix à son âme. J’ai beaucoup appris auprès d’eux.

S. M. P. : Combien d’albums as-tu réalisé lors de ton séjour américain ?

M. N’T. : J’ai enregistré "vouloir c’est pouvoir" pour dire qu’il faut travailler pour obtenir ce qu’on voulait. Ensuite c’est "Détermination" pour dire qu’il faut se battre jusqu’à la victoire.
Mon objectif est de faire connaître mon pays le Burkina Faso à travers ma musique.

S. M. P. : Est-ce que tu as bénéficié du soutien de la diaspora burkinabè dans tes projets musicaux ?

M. N’T. : La plupart des Burkinabè aux Etats-Unis m’ont connu avec l’album "Sophie". A mon arrivée, j’ai été invité à jouer quelques titres à une soirée burkinabè. Après cela, chacun m’appelait pour donner des opportunités. Je les remercie tous.

S. M. P. : En dehors de l’aide de tes compatriotes comment vivais-tu ?

M. N’T. : J’ai eu beaucoup de chance. Contrairement à la plupart des gens qui font la plonge (des laveurs de vaisselles), j’ai été aidé par ma corpulence. A Mahnattan, j’ai été embauché comme agent de sécurité de boîtes de nuit par des amis. De là, j’ai pu rencontrer plusieurs artistes. Je le rappelle, mon objectif était d’aller apprendre la musique. Aujourd’hui, je vis à 80% de la musique et j’espère vivre à 100% de mon art.

S. M. P. : Parlons de ton retour au pays. En de- hors de ton album "Détermination" qu’avais-tu dans tes bagages ?

M. N’T. : (Rires). J’ai amené de l’amour. Je suis heureux de retrouver mes parents, mes amis. Ce sont des émotions pour moi. Je profite pour remercier le public qui m’a soutenu et continue de me soutenir.

S. M. P. : D’aucuns disent que tu es aussi revenu avec beaucoup d’argent puisque tu circules en ce moment, dans une grosse cylindrée. La rumeur dit que tu as gagné une tombola.

M. N’T. : C’est cela l’artiste. Avant je roulais en moto, je suis allé aux Etat-Unis pour réussir. Les gens doivent s’estimer heureux de constater que les choses changent pour les artistes. Je conseille à ceux qui racontent des conneries, surtout les artistes, de faire mieux que moi.

S. M. P. : As-tu l’impression d’être devenu une icône pour la jeunesse burkinabè ?

M. N’T. : J’aimerais l’être, j’ai gardé les mêmes relations avec mon public, mes amis.

S. M. P. : Parlons de la musique burkinabè. Comment apprécies-tu son évolution ?

M. N’T. : Il y a une évolution de cette musique, je m’informe sur la musique burkinabè à travers le presse nationale par Internet. Nous devons tout faire pour exporter cette musique.
Les promoteurs de notre musique doivent faire fi de la jalousie, de l’aigreur surtout de cette prétention à se prendre pour les patrons de la musique burkinabè.
Au fond, ceux qui se disent incontournables sont les tueurs de la musique burkinabè . Ils ont fait de la musique une histoire de clan, de mafia. Il faut soutenir les artistes sans arrière-pensée.

S. M. P. : En tant qu’artiste-musicien, que signifie pour toi la célébration des 40 ans de musique de Georges Ouédraogo ?

Je m’inspire de sa musique. Il a gardé sa voix intacte, je n’ai pas pu suivre l’événement parce que je jouais le même jour au jardin de la musique, Reemdoogo.

Alassane KERE

Sidwaya

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