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France : Le Quai d’Orsay reconnaît la dégradation de l’image de la France en Afrique

Publié le lundi 28 avril 2008 à 11h18min

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Les ambassadeurs Français en poste en Afrique soulignent la dégradation de l’image de la France sur ce continent, selon une série de télégrammes diplomatiques citée samedi par le journal le Monde.

L’image de la France "oscille entre attirance et répulsion dans nos anciennes colonies, au gré du soutien politique ou des interventions, militaires notamment, dont ont fait l’objet ces pays", selon un télégramme de synthèse cité par le journal.

Les avis des 42 ambassadeurs de France en poste en Afrique ont été sollicités à l’automne 2007, après notamment un discours du président Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet, très critiqué dans l’opinion et les capitales africaines.

"La France n’est plus la référence unique ni même primordiale en Afrique. Les Français ont du mal à l’admettre", selon un diplomate cité par le journal.

La présence de bases militaires françaises en Afrique "alimente le fantasme d’une France qui n’agit qu’au profit de gouvernements iniques et pour des causes opaques", peut-on encore lire.

"On nous reproche à la fois de trop intervenir et de lâcher l’Afrique. Quoi qu’on fasse, on a tort", estime encore un ambassadeur.

Un diplomate français met aussi au exergue les "dégâts durables" pour l’image de la France de l’affaire de l’Arche de Zoé, l’association qui a tenté de faire sortir clandestinement du Tchad des enfants supposés être des réfugiés du Darfour.

Les télégrammes mettent également en exergue l’incompréhension entre l’opinion française qui tend à voir dans les Africains "des gens pauvres parce que corrompus", et l’opinion africaine qui voit une France "frileuse, doutant de ses intérêts, méfiante à l’égard de la jeunesse africaine".

La France dispose toutefois parmi ses atouts de la "terrible demande" pour la langue française, et est créditée d’une "connaissance irremplaçable du terrain".

Le ministère des Affaires étrangères, interrogé samedi par l’AFP, n’avait pas de commentaire officiel à faire sur la parution de ces extraits dans le journal.

Des diplomates soulignaient néanmoins que ces télégrammes entraient dans le cadre plus vaste d’une réflexion interministérielle sur l’action de la France en Afrique, qui se poursuit encore.

"Nous analysons l’ensemble des paramètres de notre action pour la refonder et peut-être mieux l’inscrire dans un cadre européen, dans un objectif d’efficacité de l’action de l’Etat", a assuré un responsable du Quai d’Orsay, en ajoutant "qu’aucune conclusion ni décision n’ont été arrêtées".

Des exercices similaires sont en cours sur d’autres régions du monde, assure-t-on également au Quai d’Orsay.

A Dakar, M. Sarkozy avait été critiqué pour avoir notamment évoqué "le drame de l’Afrique, (qui est) que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire".

Il avait ensuite en février, lors d’un déplacement en Afrique du sud, souhaité contrer l’image d’une France paternaliste et "gendarme de l’Afrique" en annonçant une révision des accords de défense liant Paris à plusieurs pays de ce continent.

La volonté réelle de la France de revoir en profondeur sa relation avec l’Afrique a toutefois fait l’objet de nouvelles controverses après le départ le mois dernier du secrétariat d’Etat à la Coopération Jean-Marie Bockel, qui s’était aliéné plusieurs dirigeants africains par ses critiques sur la "Françafrique".

AFP

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