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Togo : Ce pays qui renaît à la vie

Publié le jeudi 24 avril 2008 à 12h21min

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C’est le cas de le dire : un air nouveau souffle sur le Togo, depuis que la France a retrouvé les canaux de communication avec le pouvoir togolais, devenu fréquentable à partir de l’avènement de Gnassingbé-fils. L’Allemagne, l’ex-métropole, se montre aussi plus coopérative. Idem pour la Chine. Et l’Europe a repris sa coopération, interrompue il y a une quinzaine d’années.

Le FMI, qui avait boudé Lomé pour déficit démocratique, est lui aussi de retour. La Banque mondiale en a fait autant. Bref, en un mot comme en mille, les principaux bailleurs de fonds ont entrepris de renouer avec le Togo pour son redressement économique, s’engageant à alléger sa lourde dette.

Et ce, après que ce pays a organisé des élections "libres et transparentes", qui ont permis de le remettre sur les rails démocratiques. Et, grâce à l’entregent de Faure Gnassingbé, le pays renaît. Depuis que ce jeune homme est à la tête du pays, le Togo sort doucement mais résolument du trou. C’est parce que, selon certains, le président Faure procède d’un pas sage et mesuré pour réinsérer son pays dans la communauté internationale.

Le Togo revient de loin, sinon à la vie, c’est le cas de le dire. Privé d’aide extérieure depuis plus d’une décennie, celui-ci était véritablement confronté à de sérieux problèmes économiques et était criblé de dettes, en dépit des rentrées d’argent générées par le port. On se souvient encore que, suite à la proclamation officielle de la présidentielle qui a consacré l’arrivée aux affaires de Faure, le Commissaire européen au développement avait émis le vœu de voir ce pays entrer rapidement dans la voie de la réconciliation nationale. Depuis, ce jeune chef d’Etat a fait du chemin, même s’il faut admettre que la voie menant à la réconciliation nationale pour un pays comme le Togo reste encore longue.

Mais c’est peu dire que de reconnaître que Gnassingbé fils s’y est mis, et de la plus belle manière qui soit. Criblée de dette, l’ex-Suisse de l’Afrique l’est assurément ; car, on se souvient, en mars 2004 déjà, sous l’ère du Timonier national, l’ardoise s’élevait à quelque 1200 milliards de nos francs, avec une dette intérieure qui avoisinait les 300 milliards. C’est environ 350 milliards que le Togo devait à la seule Banque mondiale.

De 2004 à 2007, date de la reprise de la coopération avec l’Union européenne, ces montants avaient crevé le plafond, et sans cette secourable main extérieure, la situation risquait de virer à la catastrophe, tant le pays était endetté et l’économie devenue exsangue. Au creux de la vague, pour tout dire. Mais quelque deux mois après la mission conjointe au Togo qui a fait état d’une "situation encourageante" pour le redressement économique de ce pays, les institutions de Bretton Woods se sont décidées à l’y accompagner.

Marquant ainsi son accord, la Banque mondiale a signé, à Washington le 27 février 2008, avec le Togo, un protocole d’accord relatif à un processus d’apurement des arriérés de ce pays, estimés, au 2 janvier 2008, à 70 milliards de nos francs.

Quant à la Banque africaine de développement (BAD), son président, Donald Kaberuka, en fin de mission au Togo en début mars 2008, a réaffirmé la reprise de la coopération de son institution avec ce pays, devenu enfin "éligible" à l’instrument d’appui de la BAD. C’est peu dire que de se hasarder à affirmer que le Togo a fait un véritable bond en arrière depuis que ces grands de l’économie mondiale lui ont coupé les subsides. Avec cette coupe claire, les indicateurs socioéconomiques ont logiquement viré au rouge.

Enfin, le socialiste Dominique Strauss Khan, le patron du FMI, présent à Ouagadougou en février dernier, avait eu à rencontrer les grands argentiers du Togo. A l’issue de leur concertation, les responsables togolais ont basé leur plaidoirie sur les "efforts considérables" accomplis sur divers plans pour aider leur pays à sortir la tête de l’eau.

Aussi, le FMI a décidé, lundi 21 avril dernier, de reprendre son aide au Togo, interrompue en 1994 pour sanctionner le manque de rigueur dans la gestion des finances publiques. Cette décision, qui augure des lendemains qui chantent au pays d’Eyadéma, est la première étape d’un processus destiné à effacer une dette publique évaluée à 2 milliards de dollars, soit environ 1 000 milliards de F CFA. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Christian Mumssen, le chef de la mission du FMI au Togo.

Effacer 1 000 milliards de F CFA de dette d’un pays qui revient de si loin comme le Togo n’est aucunement négligeable et serait même à applaudir à tout rompre. Mais non seulement le FMI accepte d’effacer une ardoise non négligeable, mais aussi et surtout, il consent à octroyer au Togo une enveloppe d’environ 150 milliards de nos francs pour soutenir le programme économique du gouvernement.

Le retour de tous ces bailleurs de fonds ne traduit rien d’autre qu’un acte de confiance en l’aptitude du pays à mettre en œuvre des réformes structurelles en matière de gouvernance. Et nous espérons que, très bientôt, le Togo retrouvera son lustre d’antan et que les violences et les privations des quinze dernières années ne seront plus que de vieux souvenirs.

Boureima Diallo

L’Observateur

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