LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

« Vie chère au Burkina » : La commission ad hoc de l’Assemblée nationale rencontre les acteurs économiques

Publié le vendredi 18 avril 2008 à 01h21min

PARTAGER :                          

La commission ad hoc de l’Assemblée nationale chargée des réflexions et des suggestions sur la vie chère a entrepris, mercredi 16 avril 2008, une série de rencontres avec les acteurs du secteur économique. Rencontre dont les conclusions seront consignées dans un rapport qui sera adressé au président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré.

Le phénomène de la vie chère demeure l’actualité phare qui cristallise les débats ces dernières semaines au Burkina Faso. La représentation nationale qui s’est engagée dans la réflexion afin de trouver des solutions y relatives à travers la commission ad hoc créée à ce sujet a rencontré mercredi 16 avril 2008 différents acteurs de la vie économique. Cette commission conduite par le député Benoît Ouattara a, en effet, reçu dans la matinée, d’abord les organisations des petits commerçants et ensuite le bureau de la Chambre de commerce, le Groupement professionnel des industriels (GPI), le Syndicat des commerçants importateurs et exportateurs (SCIMPEX), le patronat...
Avec tout ce beau monde, les députés membres de la commission ad hoc ont voulu savoir leur appréciation du phénomène. La crise est-elle conjoncturelle ou structurelle ? S’est-elle installée dans la durée ? Est-ce un phénomène que ces acteurs ont vu venir ? Leurs appréciations des mesures gouvernementales et leurs propositions pour faire face au phénomène. Ce sont autant de préoccupations que les députés ont soumises à leurs hôtes.
Pour les uns et les autres, le phénomène est diversement apprécié. Pour certains, c’est une crise conjoncturelle tandis que pour les autres, elle est structurelle.

Des grincements de dents pour certains

De l’avis de Lassiné Diawara, vice-président de la Chambre de commerce, le phénomène tire sa source du fait que les tendances des pays producteurs vont vers la production du biocarburant, du changement des habitudes alimentaires, que le prix du baril de pétrole a atteint un niveau record jamais égalé... « Sans une étude, l’aperçu de tous ces éléments laisse croire que le phénomène va durer... », a laissé entendre Lassiné Diawara.

Pour beaucoup, le phénomène était prévisible au regard de la flambée du prix du pétrole. Expliquant sa vision du phénomène, le représentant des transporteurs, pour sa part, a indiqué que la vie est chère quand tous les prix grimpent alors que l’argent manque. « Il y a donc une demande fictive à identifier et à maîtriser... », soutient-il. Et le porte-parole de l’Union des meuniers et boulangers du Faso d’indiquer que dans leurs milieux, il y a grincement de dents. Il affirme que le stock de sécurité mondial est à son plus bas niveau : 105 millions de tonnes. « Cela veut dire que nous sommes en danger... », a-t-il noté. Pour lui, le phénomène pourrait être conjoncturel à condition que dame nature soit clémente. « Il faudrait trois années de bonnes récoltes pour revenir à un bon niveau de stock de sécurité... », a-t-il indiqué. Il a annoncé que le prix du pain pourrait augmenter parce que le blé, la matière de base pour la fabrication du pain n’a pas été pris en compte dans les mesures d’exonération des taxes douanières et la TVA.
La cherté de la vie frappe tous les secteurs d’activité même le secteur du bâtiment. Le porte-parole des architectes à la rencontre l’a dit. Le seul secteur qui semble plus ou moins épargné est celui des médicaments. Le représentant de l’ordre des pharmaciens a affirmé que les médicaments n’ont pas connu une hausse sensible.

Le gouvernement a pris des mesures certes pour permettre à la population de faire face à la situation. Des mesures appréciées positivement par les interlocuteurs des députés même si l’impact de ces mesures n’est pas ressenti à tous les niveaux à en croire certains. « La compensation prévue par le gouvernement afin de permettre aux commerçants de combler leur manque à gagner suite aux mesures se limite aux grossistes et semi-grossistes. Elle ne descend pas jusqu’aux détaillants. Ne leur demandez donc pas de vendre les produits concernés par ces mesures aux prix arrêtés de concert avec le gouvernement... », a souligné Idrissa Compaoré de l’Association des petits commerçants voyageurs. Certains de ses collègues ont proposé que le gouvernement mette sur le marché des produits de première nécessité à prix social comme l’a fait le ministère de l’Agriculture avec les céréales pour couvrir le déficit dans les provinces.

Lorsque le président de la commission Benoit Ouattara a demandé l’avis, suite à cette proposition, des membres de la délégation de la Chambre de commerce, SCIMPEX, du GPI, ceux-ci ont estimé que ce n’était pas une bonne solution. « L’Etat ne doit pas se substituer aux importateurs. Ce n’est pas son rôle. A la limite, il pourrait lancer un appel d’offres à travers la Société nationale de gestion des stocks de sécurité (SONAGESS), aux importateurs qui lui fourniraient les produits. Mais cela ne peut pas s’inscrire dans la durée... », a répondu le vice-président de la Chambre de commerce, Lassiné Diawara.
Les petits commerçants ont demandé que l’État allège les conditions pour l’importation du riz afin de permettre à un plus grand nombre de le faire. Une situation de monopole injuste à leurs yeux, accordée seulement à deux sociétés importatrices (aucun représentant des deux sociétés n’était présent à la rencontre).

Il n’y a pas de monopole

Mais pour Boureima Nana, président du Groupement professionnel des industriels (GPI), il ne s’agit pas d’un monopole, parce que lui en importe. « Pour avoir une autorisation, il faut être en mesure d’importer au moins 1 000 tonnes de riz. Multipliez ce tonnage par au moins 400 euros et vous trouverez ce qu’il faut investir pour importer une telle quantité de riz... », a-t-il expliqué. Dans l’ensemble, les différents acteurs sont d’avis que la mesure de compensation est difficile à répercuter sur toute la chaîne de distribution. Il a été également question de la disponibilité des produits notamment du riz, sur le marché. L’ouverture des boutiques témoins annoncée n’est pas effective, à en croire les petits commerçants, dont certains affirment n’avoir jamais entendu parler ou ne connaissent pas où sont situées ces boutiques. Pour ce qui est de la disponibilité, ils sont unanimes qu’il y a du riz sur le marché.

Boureima Nana a d’ailleurs affirmé qu’il a commandé une cargaison de riz qui se trouve actuellement au port de Lomé. Ce riz composé de 5 % de brisures sera sur le marché dans les tout prochains jours au prix de 16 850 francs CFA le sac de 50 kg. Pourquoi vous ne commandez pas le riz avec 25 % ou bien 35 % de brisures qui reviendrait certainement moins cher au consommateur ? , a demandé la présidence des débats. « Sur le marché international, on ne peut pas trouver actuellement le type de riz dont vous faites allusion. Je n’ai acheté que ce qu’on pouvait trouver sur le marché... », a-t-il répondu.

Le vice-président de la Chambre de commerce a estimé qu’une combinaison de certaines structures de l’État et des hommes d’affaires dans le circuit de distribution doit pouvoir faire baisser les prix des denrées. Car selon lui, au moment où le gouvernement prenait les mesures, il y avait les stocks existants, les stocks flottants et les commandes à venir. Si on connaissait déjà les prix des stocks existants, ceux des stocks flottants avaient déjà augmenté tandis que ceux des commandes à venir avaient davantage augmenté. « En faisant une petite analyse, on se rend compte que les efforts faits par l’État avait déjà été annihilés par les effets des différentes hausses alors qu’on demande aux hommes d’affaires de vendre au même prix... », a-t-il relevé. Pour lui, il était important d’expliquer aux députés qu’il n’y avait pas une volonté manifeste de procéder à une hausse des prix, mais plutôt l’existence de facteurs exogènes non maîtrisés par les importateurs qui jouaient sur ces prix. Aussi, ils ont demandé une concertation pour expliquer à l’État ce qu’il y a, afin que chacun de son côté puisse agir pour obtenir des prix acceptables pour tout le monde.

Etienne NASSA

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 18 avril 2008 à 10:03, par Arsène K étudiant à Bruxelles En réponse à : « Vie chère au Burkina » : La commission ad hoc de l’Assemblée nationale rencontre les acteurs économiques

    Moi je pense qu’il n’ya pas d’études économiques approfondies réalisée au préalable avant toute action d’importation.Vous savez il ya ce que l’on appelle le prix d’equilibre à l’importation.Ce prix tient compte de la commande à effectuer ;de la fluctuation des cours de devise pouvant survenir et des delais de reception de la marchandise.Alors il faudra tenir compte de tous ces facteurs avant de se lancer dans le commerce internatinal.Je pense que nous avons d’émerite chercheurs qui pourront se pencher sur la question afin de trouver une solution à ce problème de "vie chère".Je vous enverrais plutard le mode de calcul de ce prix, qui maitrisé, ne jouera plus sur la variation des prix.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)