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Lettre de Washington : Le pape Benoît XVI, Obama et la Campagne

Publié le jeudi 17 avril 2008 à 12h11min

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C’est la troisième fois que nous séjournons aux Etats-Unis, mais c’est la seconde fois (après 2005) que nous allons à Washington District de Colombia, la capitale fédérale, siège de la Maison blanche et du capitole. Une ville qui vit au rythme de la campagne électorale, (surtout que les prochaines primaires se dérouleront le 22 avril 2008 dans l’Etat voisin en Pennsylvanie),mais qui a accueilli sa sainteté Benoît XVI dont le discours aura un lien même subliminal avec cette présidentielle.

C’est donc dans cette ville que, sur invitation du département d’Etat, nous sommes arrivés depuis le mardi 15 avril 2008 pour suivre les primaires en Pennsylvanie. Avec certains confrères de la sous-région (Mali, Côte d’Ivoire, Cameroun, Togo, Sénégal et Guinée). En ces temps de campagne, l’attention des Américains est certes captée par le duel sans fin entre les deux candidats démocrates, mais aussi par la récession économique qui a touché le pays suite au phénomène des subprimes.

Mais ce qui frappe dans certaines rues de Washington, ce sont les effigies et les bouquins relatifs au pape Benoît XVI qui y sont vendus. Inutile de dire que cette effervescence a un rapport avec la visite de 6 jours qu’effectue sa sainteté chez l’oncle Sam. La puritaine Amérique, on le sait, est fondamentalement religieuse même si le premier amendement affirme clairement la laïcité de ce pays-continent.

Ainsi, chaque dirigeant américain a toujours eu son guide spirituel à l’instar de Bill Clinton avec le prédicateur Billy Graham, véritable pythie nationale celui-là même qui jadis conseilla aussi un certain Georges W. Bush alors qu’il avait la quarantaine, d’abandonner « Johnnie Walker pour Jésus Christ ».

Après donc Paul VI et Jean Paul II, Benoît XVI est le troisième pape à se rendre aux USA notamment à Washington et à New York. « The pope », entre un aller au siège de l’ONU et son audience avec le président Bush, s’adressera aux 65 millions de catholiques américains.

Thèmes récurrents dans ses sorties : son opposition à la guerre en Irak, à l’avortement et à la peine de mort. Sa sainteté franchira également la façade byzantine de la Park East Synagogue le vendredi 18 avril où il s’adressera à la communauté juive sur invitation du rabbin new-yorkais, Arthur Schneider, un des survivants de l’holocauste.

En principe, le pape ne parlera pas de politique en ce temps de bataille électoral pour la présidentielle de novembre, mais chaque candidat n’ignore pas que les thèmes développés par le souverain pontife sont éminemment politiques.

Traditionnellement, les catholiques s’alignent à droite sur l’échiquier américain notamment sur des sujets tels l’avortement, les mariages gays, l’euthanasie… mais ils sont « libéraux » sur la peine de mort, l’immigration, la lutte contre la pauvreté et la guerre en Irak. Ainsi, en 2004 ils ont voté pour Bush à 54% contre 47 pour Kerry ayant trouvé ce dernier « pas trop catholique ».

On le voit, dans une Amérique certes protestante, que ce soit les croyants originels ou les « born again » (chrétiens reconvertis), les catholiques auront encore leurs mots à dire. De toute façon, selon une étude récente, chaque Américain change 3 fois de religion au cours de sa vie.

La semaine dernière, Obama, qui eut un écart langagier en privé, mais repris sur un site internet, tente de se racheter alors que cela constitue pain béni pour sa rivale ; il aurait dit : « Vous allez dans ces petites villes de Pennsylvanie ou du Midwest, les emplois ont disparu depuis vingt ans... les gens ont régressé sous Clinton et Bush... Pas surprenant qu’ils soient amers, s’accrochent à leurs flingues et à leur foi… ». Des propos donc sur l’Américain moyen « accroché » à la religion et aux armes qui viennent s’ajouter à sa rupture avec son pasteur Jérémih Wright.

Problème : la prochaine grande bataille a pour enjeu la Pennsylvanie ce 22 avril 2008, un Etat à presque 90% catholique. Tiendra-t-elle rigueur au sénateur de l’illinois ?

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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