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Promotion du riz local : Des associations en ordre de bataille

Publié le mercredi 16 avril 2008 à 10h46min

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Etant donné que la filière riz est menacée par une mauvaise conjoncture internationale, le Réseau de communication, d’information et de la formation des femmes dans les ONG au Burkina (RECIF/ONG), l’Union nationale des producteurs de riz du Burkina Faso (UNPRB) et le Réseau des femmes africaines économistes (RFAE) ont opté de se mettre ensemble. Objectif : mener des actions en vue de promouvoir la consommation du riz local. La teneur de leur engagement dans le communiqué de presse que nous publions in extenso.

La filière riz est l’une des filières menacées par la signature d’un accord de partenariat économique (APE) dons le contexte actuel du Burkina Faso. La perspective de la signature de ces Accords et de leurs conséquences prévisibles met en évidence la nécessité d’une mobilisation de toutes les ressources nationales afin de projeter des solutions adaptées. Selon les statistiques, la production de riz local se situe autour de 110 000 tonnes (riz paddy) pour plus de 70 000 tonnes de riz décortiquées. Cette production de riz néanmoins, représente environ 4% de la consommation de céréales du pays. La demande en riz est actuellement très importante (près de 300 000 tonnes/an) et s’accroît à un rythme de 4,6% par an. Le pays importe plus de 300 000 tonnes pour une voleur de plus de 30 milliards de F CFA.
Cette voleur de riz importé pourrait atteindre 70 milliards de F CFA d’ici 2010 si rien n’est fait et surtout si notre pays venait à ouvrir son marché à l’UE et dans les conditions actuelles.

Bien que la production locale soit en deçà de la demande, force est de reconnaître que les riziculteurs, pour des raisons diverses, n’arrivent pas à commercialiser d’une manière efficiente leur maigre production et sont contraints de la brader. Cela est essentiellement lié à une concurrence du riz importé et surtout à une inadaptation du système national de promotion des productions nationales. En plus, les difficultés suivantes sont rencontrées sur le terrain par les différents acteurs : faible organisation des acteurs à la base, difficultés d’accès au crédit, insuffisance de matériel de transformation, d’infrastructures de séchage et de stockage, de conditionnement, faiblesse du circuit de distribution, complexe des consommateurs vis-à-vis du riz local, faible qualité et absence de marketing. La récente crise socioéconomique du mois de février 2008 liée à la cherté de la vie renforce l’idée du besoin de politiques publiques plus adaptées.

Tous les pays aspirent à la sécurité alimentaire voire à la souveraineté alimentaire. Pour atteindre cet objectif, il est indispensable d’assurer une production nationale conséquente pour les produits de base de l’alimentation des populations au rang desquels le riz figure en première place ou Burkina Faso. La sécurité alimentaire par le riz passe par la promotion du riz local. La politique publique en cette matière devrait être équilibrée entre un soutien massif et complet à l’ensemble de la filière riz local et un vaste programme de promotion du riz local afin de modifier les habitudes alimentaires des populations. Un tel programme de promotion sera centré sur une stratégie de communication visant à sensibiliser les consommateurs burkinabè sur la nécessité de soutenir le riz local. D’autre part, il pourrait être mis en place des mécanismes visant à faciliter les salariés des secteurs public et privé au riz local en installant des réseaux de distribution de proximité du riz local assortis de mécanismes de crédits correspondants. Le soutien au riz local pourrait initier au Burkina Faso le principe des subventions à la production agricole qui permettraient de réduire sensiblement les coûts de production du riz local ainsi que le prix consommateur.

Le Réseau de communication, d’information et de formation des femmes dans les ONG au Burkina (RECIF/ONG), l’Union nationale des producteurs de riz du Burkina Faso (UNPRB) et le Réseau des femmes africaines économistes (RFAE) ont décidé d’unir leurs forces pour mener des actions de renforcement de capacités, de sensibilisation, et de plaidoyer pour promouvoir la consommation du riz local et accroître les revenus des producteurs/trices et des transformatrices (femmes étuveuses). Le projet financé par Intermon Oxfam et dont les activités ont démarré le 24 janvier 2008 va se dérouler à Ouagadougou, sur deux grandes plaines rizicoles du pays (Bagré et Niassan) et dans la zone du Boulgou. Les principales activités sont : l’élaboration de plans d’actions pour les plaines rizicoles, le renforcement des capacités techniques et matérielles des producteurs/trices des femmes étuveuses, la réalisation d’actions de plaidoyer en faveur du riz local et les échanges d’expériences.

Les initiatives de soutien au riz local par la société civile telle celle entreprise par le groupe RECIF/ONG, UNPRB et RFAE présente l’avantage de remettre à l’ordre du jour des aspects importants de la vie du pays. Cette initiative aborde des questions très actuelles tels le sort de l’agriculture locale et du milieu rural en général dans la perspective de l’application des APE à venir, mais aussi celle de la cherté de la vie.

Les principales interrogations se situant dans le droit fil de la réflexion sur le riz local sont, entre autres, celle de l’existence d’une réelle politique de protection de nos marchés surtout pour le cas des produits de première nécessité comme le riz ? De même, l’idée de la nécessaire collaboration entre les chercheurs et les producteurs/trices quant à l’utilisation des bonnes semences pour de bons rendements sur les sites de production est-elle une réalité ou une chimère ?

1. La récurrente question de l’organisation des producteurs dans l’optique de l’optimisation de l’économie rurale est-elle à un niveau suffisant au regard des besoins ?

2. Intimement liée à celle de l’organisation, se pose aussi la question des moyens techniques, matériels et financiers mis à la disposition des producteurs/trices qui sont supposés favoriser une production qualitative et quantitative du riz ?

3. Enfin, il importe de s’attarder sur les aspects des habitudes de consommation des ménages burkinabè. Une production nationale de riz ne peut connaître la durabilité que si elle est assortie d’une consommation nationale soutenue.
RECIF/ONG, UNPRB et RFAE soucieux d’un développement durable vous invitent à la réflexion.

RECIF/ONG/BF
Coordination des activités du Réseau

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