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Elections Zimbabwéennes : Et maintenant on fait quoi ?

Publié le vendredi 4 avril 2008 à 10h12min

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Robert Mugabe aurait-il donc choisi de jouer la transparence en laissant parler les urnes et il a été pris au dépourvu, sûr qu’il devait être de son fait dans cette Afrique où on n’organise pas les élections pour les perdre, surtout pas au Zimbabwe ? C’est la question que l’on peut se poser maintenant que certains résultats des élections générales sont connus.

Pour les législatives en tout cas, l’affaire est pliée. Sur les 210 sièges du Parlement, le MDC (Mouvement pour le changement démocratique) décroche en effet la majorité absolue et historique avec 109 députés.

C’est la première fois depuis 28 ans, autrement dit depuis l’arrivée au pouvoir de Mugabe, que l’assemblée nationale sera dominée par l’opposition. C’est en soi une révolution dans ce goulag tropical qu’est devenu le pays.

Une atmosphère de fin de règne donc règne sur Harare, où, à tout le moins, le vieil homme sera contraint à la cohabitation, lui qui a imprimé d’une main de fer son emprise sur ses concitoyens. Encore faudra-t-il d’ailleurs qu’il sorte vainqueur de la présidentielle, car là aussi, les choses s’annoncent plutôt mal pour lui.

Hier au moment de rédiger le présent article, on n’en avait pas encore les résultats, mais tout semblait indiquer qu’on s’acheminait vers un second tour. Un ballottage aux allures de défaite pour l’ancien héros de la guerre d’indépendance, qui a mal tourné, en attendant, qui sait, la vraie défaite. Une chose est sûre : le vieux baobab vacille et il ne faudra peut-être plus que quelques coups de boutoir supplémentaires pour qu’il s’écroule à 84 ans.

Une autre question que l’on se pose néanmoins est celle de savoir si la relative transparence, dont on peut s’en féliciter, ira jusqu’à son terme et si le vieux Bob, après avoir concédé le Parlement, va accepter le verdict des urnes pour ce qui est de la présidentielle au cas où d’aventure celui-ci lui serait défavorable ; ou s’il va se raidir en faisant tout pour conserver son fauteuil. Surtout que dans son entourage, beaucoup estiment qu’il ne doit pas lâcher le morceau.

C’est donc des lendemains d’élections pleins d’incertitudes, et 3 mois après le drame kenyan, on peut naturellement penser à un scénario catastrophe s’il y avait velléités de hold-up électoral. On n’en est sans doute pas encore là et rien ne dit que Morgan Tsvangirai va gagner le scrutin ; mais d’ores et déjà, la communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui a toujours évité de critiquer ouvertement Mugabe, même quand il a été accusé de graves violations de droits de l’Homme, a adopté officiellement une ligne attentiste.

Mieux, le président sud-africain et ses pairs de la sous-région travailleraient, selon certaines sources, à convaincre dans les coulisses l’ancien héros de la lutte contre le régime ségrégationniste de Ian Smith d’opter pour une alternance apaisée, si toutefois il s’avérait que l’oncle Bob a perdu les élections.

Souhaitons donc que quelle qu’en soit l’issue, la sagesse prévale de part et d’autre pour éviter les déchirures violentes qu’on observe souvent sur le continent à cause des contentieux électoraux mal gérés.

Kader Traoré

L’Observateur

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