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Rébellion au Tchad : Rien ne semble encore joué à N’Djamena

Publié le mercredi 19 mars 2008 à 09h47min

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Nous le savons presque tous : Idriss Déby Itno et son frère ennemi Oumar El Béchir ont signé le jeudi 13 mars dernier un accord de paix et de non-agression à Dakar, à l’issue du 11e sommet de l’OCI.

Certes, le président Abdoulaye Wade, qui voulait commencer par marquer d’une pierre blanche son passage à la tête de cette organisation de 57 pays, tenait coûte que coûte à ce qu’un pacte fût conclu dans la capitale sénégalaise entre les belligérants tchadiens et soudanais, mais cet accord a-t-il vraiment des chances de voir ne serait-ce qu’un début de mise en œuvre, lorsqu’on sait que, de part et d’autre, la volonté, les meilleures dispositions d’esprit ne sont pas la chose la mieux partagée.

Qu’on se rappelle que la signature dudit accord avait dû être reportée de quelques heures pour une raison que la raison battrait en brèche : prétextant un mal de tête qui le tenaillait, le général El Béchir, pourtant ô combien médicalement bien suivi, avait fait faux bond à toutes ces sommités venues assister à la signature de l’accord le mercredi 12 mars. Il aura fallu que Me Abdoulaye pesât de tout son poids d’hôte pour qu’El Béchir concédât à rencontrer son frère d’armes, un autre général, Idriss Déby.

Il n’avait pas tort certainement, le tombeur de Gafar El Nimery, de traîner ainsi les pieds pour mettre sa griffe en bas de page d’un autre accord, le 6e du genre. Surtout que celui signé à Riyad, près de la Kaaba, haut lieu de l’islam, était supposé au moins être respecté par ses deux signataires qui, hormis le fait d’être des frères d’armes comme nous l’écrivions tantôt, sont également des frères en islam.

Alors si l’accord signé dans les Lieux saints de l’islam n’a pas tenu ses promesses, peut-on s’attendre à ce que Wade réussisse "l’arrangement" qu’il a concocté à Dakar ? Rien n’est moins sûr ; en attendant, les rebelles tchadiens, qui ne cachent pas le fait d’avoir toujours le soutien logistique de Khartoum, redonnent de la voix. Mais ce qui semble caractériser cette rébellion-là, c’est surtout son manque de cohésion. Formée d’une constellation de groupuscules, elle avait réussi pour un temps à parler d’une même voix pour attaquer, début février, le pouvoir tchadien, allant jusqu’à faire une entrée fracassante à N’Djamena.

Les éléments dissidents se retireront au terme de trois jours de combat, sur la pointe des pieds, sans avoir pu déboulonner le maître de N’Djamena, Idriss Déby, lequel avait bénéficié, pour la circonstance, du secours de la France. Ces derniers temps, la rébellion redonne de la voix.

En effet, pas plus tard que lundi, le chef rebelle Tumane Erdimi déclarait à RFI être prêt à attaquer les zones pétrolières du Sud si le gouvernement refusait de convoquer une conférence nationale. Le pétrole étant une des mamelles du régime tchadien, c’est dire que cette menace, si elle venait à être exécutée, le fragiliserait durablement. Mais pouvons-nous continuer à prendre au sérieux la dissidence armée tchadienne après la déculottée qu’elle a subie début février à N’Djamena ?

Véritablement, il est à penser que cette rébellion est composée pour la plupart de petits plaisantins, en rupture de ban avec la société. Mais malgré tout, rien ne semble encore joué à N’Djamena, car Idriss Déby, tout comme El Béchir une fois encore, pourrait fouler aux pieds cet accord auquel tient Gorgui.

Boureima Diallo

L’Observateur

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