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OCI : Une rencontre qui ne charrie que des dollars

Publié le vendredi 14 mars 2008 à 10h43min

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Créée en 1969, l’Organisation de la conférence islamique (O.C.I.), qui a son siège à Djeddah (Arabie Saoudite), regroupe 57 Etats. Dans sa charte, élaborée en 1972, l’OCI est censée consolider la solidarité et renforcer la coopération entre les Etats membres ; œuvrer à éliminer la discrimination raciale et le colonialisme sous toutes ses formes ; prendre les mesures nécessaires pour consolider la paix et la sécurité mondiales ; coordonner l’action pour sauvegarder les Lieux saints ; soutenir la lutte du peuple palestinien, consolider la lutte de tous les peuples musulmans pour la sauvegarde de leur dignité,de leur indépendance et de leurs droits nationaux ; créer une atmosphère propre à promouvoir la coopération économique et la compréhension entre les Etats membres et les autres pays.

Un vaste programme s’il en est et il est évident que tous ces différents mots d’ordre préoccupent au plus haut point l’ensemble des entités qui ont volontairement signé la charte. N’empêche que quand on parle d’un sommet de l’OCI, qui a pour principaux géniteurs des pays disposant de la manne pétrolière, donc de pétrodollars, cette rencontre, disons-nous, est surtout une occasion inespérée pour le pays hôte d’améliorer ses infrastructures.

Le Sénégal n’a pas dérogé à cette règle, lui qui a d’ailleurs eu la chance d’accueillir deux fois, en moins de 20 ans, le sommet de l’Organisation de la conférence islamique. Tout le monde convient que le pays de la Teranga n’a jamais abrité un sommet qui a coûté autant d’argent.

L’Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique (ANOCI), une structure rattachée à la présidence et dirigée par Karim Wade, le fils du chef de l’Etat sénégalais, a indiqué à la presse que quelque 140 milliards (environ 213 millions d’euros) ont été mobilisés auprès des bailleurs arabes, dont près de 53% auraient été déjà utilisés pour les routes.

Plus de 350 milliards ont également été mobilisés auprès de privés nationaux et internationaux pour la construction d’hôtels. En somme, de nombreux chantiers ont été ouverts pour l’occasion : construction de tunnels, de routes, d’échangeurs et d’hôtels. Deux indices pour prouver la générosité des donataires : la sécurité coûtera 2 (deux) milliards de francs CFA ;

les journalistes sont logés dans un hôtel flottant, un bateau cinq étoiles de 8 (huit) milliards de nos francs. Rien de très surprenant quand on sait que le principal pourvoyeur de fonds (l’Arabie Saoudite), en quatre jours d’exploitation pétrolière, obtient une recette brute équivalente au budget annuel du Sénégal.

Malheureusement, les sommets de l’OCI se suivent et se ressemblent. Comme les précédents, la question palestinienne sera en tête de liste. On devra donc s’attendre à une batterie de déclarations contre Israèl. Pour faire un peu dans la mode, on parlera de l’islamophobie rampante et de l’Irak.

Le seul possible suspense est que l’actualité chaude du continent africain pourrait entrer dans la danse : le problème du Darfour ou la tension entre le Soudan et le Tchad par exemple. Malgré tout, que l’on ne s’attende pas à des décisions révolutionnaires qui puissent bouleverser les habitudes.

Après la cérémonie de clôture, il y aura tout juste la photo de famille et chacun prendra son yacht ou son jet privé et s’en retournera en paix chez lui, attendant sagement son prochain Conseil des ministres pour faire le point.

En dehors des opportunités de rencontres entre chefs d’Etat désargentés et émir feuillis, le plus grand gagnant sera le Sénégal. Là aussi, le conditionnel s’impose d’autant plus que de fortes voix s’élèvent de plus en plus contre les possibles effets pervers des investissements.

Du côté de l’opposition comme de la presse : « Cette conférence va appauvrir le Sénégal, qui va crouler sous des dettes pour payer l’ardoise de l’Anoci », s’en est indigné Abdoulaye Bathili, responsable du « Front pour un Sénégal debout ». La presse aussi a révélé que plus de 300 milliards ont été engloutis dans les errements et les tâtonnements pour l’exécution des travaux.

Elle a également dénoncé des surfacturations et des pots-de-vin versés aux entreprises pour ces travaux, lancés sans appel d’offres Karim est donc prévenu : il doit tout faire pour payer toutes les factures.

Issa K. Barry

L’Observateur

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