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Premier tour des municipales en France : Avec Sarkozy, la droite pourra-t-elle contenir la vague rose ?

Publié le lundi 10 mars 2008 à 11h18min

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44 millions d’électeurs, 36 782 communes à la recherche de maires, tels sont les chiffres bruts du premier tour des municipales et des cantonales qui se sont déroulées ce dimanche 9 mars 2008 en France.

Un scrutin jugé dangereux pour la droite, notamment pour l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) à cause de la position plus qu’inconfortable de son « militant émérite » Nicolas Sarkozy.

Bien élu il y a moins d’un an, ayant cassé la gauche, du moins y ayant semé la zizanie en débauchant certaines de ses figures de proue (politique de rupture oblige) et enfin ayant puisé dans le vivier de l’extrême droite, le président Sarkozy était bien parti pour « faire ce qu’il dit et dire ce qu’il fait », son désormais leitmotiv. Surfant sur les crêtes des sondages, l’omniprésident héritait ainsi d’un mandat- boulevard.

Et soudain voilà que tout ce capital, acquis depuis la Place Beauvau ou plutôt depuis la mairie de Neuilly, fit pshiiit ! pour reprendre la formule de Chirac. Depuis mi-janvier 2008, Nicolas Sarkozy leste la droite à telle enseigne qu’il est l’objet de critiques acerbes au sein de son propre camp : paquet fiscal, affaire des enfants de la shoah, laïcité, problématique de la rétention de sûreté, surmédiatisation de sa vie privée… sans oublier la crise de la croissance et surtout le fait qu’il est un président qui ne « reste pas tranquille, contribuant à dévaloriser la fonction présidentielle », dont les deux récentes manifestations sont l’échange de Guilvinec en novembre avec un pêcheur et son coup de gueule le 23 février 2008 au Salon de l’agriculture.

Autant de faits dont la sanction ne s’est pas fait attendre, puisque le chef de l’Etat français est au creux de la vague dans les sondages, qui sonnent en même temps son dévissage et surtout son divorce d’avec ses fidèles lieutenants que sont des chiraquiens ralliés tel Jean François Copé (président du groupe UMP à l’Assemblée) ou un sarkozyste de longue date comme François Fillon (Premier ministre). Et le plus grave est que rares sont les candidats aux mairies qui associent désormais le nom du président à leur campagne.

Quand bien même les sondages, qui ne donnent qu’à l’instant « t » la photographie d’une situation, sont susceptibles d’évoluer, le constat est là que les candidats UMP à ce vote ont tous pris leurs distances vis-à-vis du président de la République. En effet, sauf volte face de dernière minute des électeurs, la gauche devrait se tailler la part du lion dans ce scrutin local. Comme on pourrait assister également à du surplace.

Ainsi, une agglomération comme Bordeaux va vraisemblablement restée dans le giron de l’UMP grâce à l’équation personnelle d’Alain Juppé, qui devrait battre son adversaire socialiste, Alain Rousset, dès le premier tour. De même, certains arrondissements de l’île de France pourraient encore revenir à la droite. Exceptés ces quelques cas donc, c’est possible qu’on assiste à une déferlante rose à ce vote local. Notamment à Paris, dont il est fort à parier que Bertrand Delanoë, le maire socialiste sortant, demeurera le bourgmestre, le temps de se préparer pour la présidentielle de 2012, l’intéressé ne faisant plus mystère de sa volonté de devenir secrétaire général du PS, marchepied vers l’adoubement comme champion des socialistes.

Dans de grandes villes telles Strasbourg, Toulouse et Marseille, le PS est annoncé vainqueur... A Toulouse par exemple, le député Pierre Cohen jure que même si c’est dans un mouchoir de poche, il déboulonnera le maire UMP sortant, Jean-Luc Moudenc. N’oublions pas que Ségolène Royal y avait fait le plein des voix à la présidentielle.

Mais c’est surtout sur Marseille, ville où les résultats auront valeur de test national, que de nombreux regards de la droite sont braqués. Dans cette deuxième ville de l’Hexagone, deux vétérans de la politique s’affrontent : Jean-Claude Gaudin, maire UMP sortant, et Jean-Noel Guéréni (PS), président du Conseil régional. Pour les analystes avertis, les résultats de Marseille seront à l’image de ceux de toute la France.

Habitué à effectuer presque une promenade de santé depuis plus de 10 ans lors des municipales, Gaudin, qui brigue un troisième mandat, s’est rendu compte que Guéréni peut l’éjecter du Vieux-Port. A l’origine de cette perspective peu réjouissante, son bilan mitigé à la tête de la mairie, qu’il dirige depuis 1995, face à un homme qui régente le conseil régional des Bouches-du-Rhône d’une main de fer et dont le slogan de campagne est « tout est possible ».

Ce que l’ex-secrétaire de l’UMP ne dit pas haut, c’est qu’il est plombé aussi par son patron, Sarkozy, ce qui lui enjoint de faire des contorsions explicatives du genre « il ne s’agit pas d’une élection nationale, mais d’un maire qui est attaché à sa ville… ». Traduction : évitez autant que possible d’associer le nom de Sarkozy à la campagne. Si d’aventure Marseille, qui, d’habitude, vote à droite, bascule dans le camp socialiste ce sera un signe que rien ne va plus à l’UMP et qu’il est temps qu’une « rupture », la bonne, s’opère afin qu’on évite une Bérézina sur toute la ligne, car 2012 n’est pas si loin que cela.

Le 16 mars 2008, on sera fixé sur la nouvelle carte municipale de la France, mais en attendant, François Hollande est conscient que la victoire dont créditent les sondages le PS pourrait plutôt s’apparenter à un vote-sanction contre l’UMP, scenario qu’avait vécu justement le PS aux régionales de 2004 pour se rendre compte après, que les Français avaient été socialistes par… défaut. Un PS qui ne doit pas oublier qu’il est un grand malade et qu’au regard de ce qui lui est arrivé après la présidentielle d’avril, il ne doit pas, même quand il sortirait grand vainqueur de ce scrutin, se dire qu’il a gagné la guerre.

Quoiqu’il advienne, ces municipales constitueront aussi une boussole pour Nicolas Sarkozy, qui pourra, comme il l’a laissé entendre le 6 février dernier lors du Conseil des ministres, « prendre avec sang froid les décisions qui s’imposent... Avec, soit du léger, du moyen ou du lourd remaniement gouvernemental ». Il y va sans doute de son avenir politique, sinon « ça va mal finir »(1)

La Rédaction

Notes (1) : Ca va mal finir par François Léotard (éditions Grasset)

L’Observateur

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