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ONATEL : une privatisation difficile

Publié le vendredi 11 juin 2004 à 09h02min

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Tous ceux qui étaient intéressés par la privatisation de l’Office national des télécommunications (ONATEL) avaient jusqu’au lundi 7 avril 2004 à 10h pour déposer leurs offres. Mais ce jour-là, à l’heure indiquée, le huissier a dû constater l’évidence : aucune offre n’a été enregistrée. Comment se fait-il que personne ne se soit intéressé à l’un des fleurons de l’économie burkinabè ?

Si c’était un canard boîteux, on aurait pu comprendre qu’aucun soumissionnaire n’en veuille. Mais tel n’est pas le cas de l’ONATEL qui bon an mal an enregistre des bénéfices au point que l’Etat ou ses démembrements la prennent parfois pour une vache à lait dont il faut pressurer les mamelles tant qu’on peut.

De sources proches de la nationale des télécoms en tout cas, tous ses indicateurs sont au vert. La société a enregistré ainsi, à la fin de l’exercice 2003, un chiffre d’affaires de 11,6 milliards de FCFA (hors impôts) et 7 milliards net d’impôts contre respectivement 10,1 milliards et environ 5 milliards en fin 2003. La boîte du DG Moussa Sanfo se porte donc relativement bien surtout qu’entre fin 2002 et fin 2003, les abonnements à Telmob sont passés de 30 000 à 90 000 et à plus de 100 000 aujourd’hui. Dans le même temps, le téléphone fixe a connu aussi une progression notamment avec les branchements sans fil.

Il y a certes ces temps-ci des problèmes de communication dans des localités comme Yako, Ouahigouya, Tougan, Dédougou, Gaoua, Dissin... à cause notamment de la vétusté du matériel qui tombe en panne à la moindre intempérie, mais de nouveaux faisceaux hertziens devraient être mis en service bientôt.

Autre problème que connaissait la boîte de Sanfo, la qualité de la transmission du cellulaire qui était mauvaise il y a encore un mois environ, mais là les choses se sont nettement améliorées et avant de s’en prendre à tel ou tel opérateur, les utilisateurs de portables devraient d’abord s’assurer que le problème n’est pas à leur niveau.

On apprend également que l’ONATEL s’est doté auprès d’une société israélienne d’une nouvelle plate-forme pour la messagerie vocale, d’une valeur de 900 millions de nos francs et bientôt le roaming sera élargi au prépayé. Enfin, la fibre optique, déjà fonctionnelle dans la capitale, a été posée sur l’axe Ouaga-Bobo et sa mise en service devrait intervenir au plus tard en fin juillet.

Ça bouge donc dans le bon sens dans l’entreprise, nonobstant les difficultés d’obtention de crédits pour financer les investissements. Les équipements sont, on le sait, lourds et les besoins se chiffrent à plusieurs milliards de francs CFA. Or pour emprunter, l’ONATEL, semble-t-il, doit passer par le Trésor et la Commission nationale d’endettement public. Et le ministère des Finances, à ce qu’on dit, a opposé une fin de non-recevoir à la demande d’emprunt de l’ONATEL, parce que, croyait-on savoir, sa privatisation était imminente.

Mais voilà que de privatisation il n’en sera rien pour l’instant, faute de soumissionnaire. Maroc Telecom était bien intéressé à condition toutefois d’avoir 51% des parts, or l’Etat burkinabè ne veut en céder que 34%. une société norvégienne était indécise, et des Américains, qui sont quand même arrivés à Ouaga, ont... oublié leur offre technique à domicile.

La reprise partielle de l’ONATEL attendra donc le second round, qui sera peut-être le bond. Le pauvre Moussa Sanfo n’est pas au bout de ses peines.

L’Observateur Paalga

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