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Municipales en France : le fauteuil de maire hors d’atteinte des candidats de l’immigration

Publié le lundi 3 mars 2008 à 10h36min

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Alors que le président Nicolas Sarkozy plaide pour la diversité, seule une poignée de candidats d’origine africaine ou asiatique sont en mesure de conquérir un fauteuil de maire lors du scrutin local des 9 et 16 mars en France, pourtant premier pays d’immigration en Europe.

Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a estimé à 0,05% le nombre de candidats originaire d’Afrique noire, du Maghreb ou d’Asie placés en tête de liste dans les 36.000 communes de France métropolitaine où doivent être élus quelque 520.000 conseillers.

Et quand ils sont tête de liste, c’est souvent dans des luttes perdues d’avance.

"C’est trop peu, c’est indigne d’un pays qui donne de manière constante des leçons sur les droits de l’Homme," se révolte dans un entretien avec l’AFP le président du Cran, Patrick Lozès, qui évalue à 10% de la population totale le nombre de Français d’origine africaine, arabo-berbère ou asiatique.

Actuellement, il n’y a pas un seul maire noir ou "issu de la diversité", de même qu’il n’y a pas non plus un seul conseiller municipal noir dans les principales villes de France, observe-t-il. L’Assemblée nationale ne compte aucun député issu de l’immigration.

En 1989, un Franco-Togolais, avait été élu maire de Saint-Coulitz, une petite commune de Bretagne (ouest).

M. Lozès attribue la faiblesse de cette représentation à une "faute" des grands partis qui, selon lui, "transfèrent leurs présomptions sur les électeurs français en pensant que ceux-ci ne voteraient pas pour des candidats d’origine étrangère".

Le président du Cran invite les dirigeants politiques français "à ne pas empêcher l’éclosion des Barack Obama de France".

Pourtant, le président Sarkozy, fils d’un immigré hongrois, veut inscrire la diversité dans la Constitution.

C’est à ce titre qu’il a nommé trois femmes d’origine maghrébine et africaine au gouvernement, dont Rachida Dati au poste régalien de ministre de la Justice. Mme Dati est candidate dans le 7e arrondissement huppé de Paris, acquis à la droite.

Conseiller technique à l’Elysée, chargé auparavant de questions d’immigration à l’UMP (droite), Abderahmane Dahmane conteste cette désignation. "Elle est ministre, il aurait fallu désigner une autre figure de la diversité", assure-t-il.

Directrice de la culture à l’Agence nationale pour la cohésion sociale et à l’égalité des chances, Fadila Mehal, d’origine algérienne, a choisi elle de se présenter sous les couleurs centristes dans le 4e arrondissement de Paris.

"Je veux faire faire la preuve qu’il n’y a pas de territoire interdit aux Républicains", parie cette diplômée de Sciences Politiques qui dirige aussi les Marianne de la diversité, une association qui milite pour la promotion des femmes issues de l’immigration.

En campagne, elle assure recevoir un "accueil chaleureux" des habitants de ce quartier touristique à très faible population immigrée. "Les électeurs veulent qu’on réponde à des questions concrètes", dit-elle.

Dans la capitale, le Parti socialiste (PS) a investi une jeune avocate d’affaires d’origine tchadienne, Seybah Dagoma, tête de liste du premier arrondissement. Mais au sein du PS, les candidats issus de l’immigration se sont souvent heurtés aux résistances des appareils locaux ou des mairies.

Le candidat socialiste à Marseille, la grande ville cosmopolite du sud, Jean-Noël Guérini, a toutefois annoncé qu’en cas de victoire sa première adjointe serait une militante chevronnée issue de l’immigration, Samia Ghali.

Dans la plupart des cas, les candidats issus de l’immigration ont été investis dans les quartiers à forte proportion d’immigrés.

"Les partis les concentrent dans des zones communautaristes alors qu’ils veulent être des élus du pays, et non de leur communauté", regrette M. Lozès.

AFP

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