Charles Kaboré de l’Olympique de Marseille : "Disputer un match OM/PSG est un rêve fou"
C’est une première. Charles Kaboré a fait la fierté de tout le Burkina en disputant un OM/PSG. Première titularisation sous les couleurs de l’Olympique de Marseille, le jeune a frôlé le pire avant de se retrouver et terminer fort. Il nous refait vivre son derby.
Dans ce derby, tu as flotté dès l’entame avant de te ressaisir. Qu’est-ce qui a fait le déclic ?
Je l’admets. Mon entame a été difficile. Mais le match n’était pas une banale opposition de la Ligue 1. C’est quand même le classico qui se joue devant 60 000 personnes. La pression est là.
Mais au fil des minutes, j’ai fini par me retrouver. Du reste, à la pause, le coach m’a dit de me libérer. Il m’a rassuré qu’il me faisait confiance et je devais m’exprimer sans d’autres questions.
Qu’est-ce qui a bien pu convaincre ton entraîneur à te faire confiance ?
Je jouais jusque là des bouts de matchs. A Marseille contre le Spartak de Moscou, je suis entré en deuxième mi-temps. Ma prestation a convaincu le coach. Je crois que ma titularisation tient à là.
Quel discours a-t-il pu te tenir ?
Le coach ne cesse de me dire que je suis l’homme en forme pendant les séances d’entraînement. Il me dit qu’il est content de moi. Voilà qui est réconfortant et m’invite à plus de travail.
Tes coéquipiers t-ont-ils aussi apporté leur soutien ?
Lorik (Cana) m’a parlé, Benoît (Cheyrou) m’a parlé, Gaël (Givet) aussi, ils me soutiennent beaucoup et ils m’apprennent à rester concentré et à aborder mieux les matchs. J’ai frappé au but pour essayer de marquer mais ça n’a pas été le cas.
Quelles sensations as-tu eues en prenant pied sur la pelouse ?
L’OM/PSG, il faut le vivre pour comprendre. Les images à la télé ne donnent pas toute la dimension de ce derby. Déjà quand vous êtes dans le stade pour vivre dans le rôle de spectateur en direct la rencontre, c’est une autre ambiance. En plus, quand vous vivez ce face à face en tant qu’acteur de premier rôle, c’est fabuleux.
Pour toi c’est déjà l’accomplissement d’une carrière ?
Il y a cinq ans de cela, si on me disait que j’allais disputer un PSG/ OM, je dirais que c’est un rêve de fou. Et pourtant je l’ai fait. Je sais que j’ai franchi un grand pas. Mais pour moi, c’est une expérience. Je ne me prends pas la tête. Je rêve d’aller le plus loin possible. Pour ce faire, je ne me lasserai de travailler.
On s’imagine que côtoyer des grands joueurs tel que tu l’as vécu dans ce match peut paraître gênant. Comment as-tu pu surmonter ton éventuel complexe ?
Il est vrai que j’ai affronté ou évolué avec des joueurs de renom. Djibril Cissé, Mamadou Niang, Nasri, Pauleta, Jérome Rothen sont des joueurs d’une classe qui mérite respect. Mais pour autant, je ne m’embarrasse pas de complexe. Une fois sur le terrain, j’oublie tout, leur visage, leur renom, leur qualité. Je me place au même pied d’égalité qu’eux. Toutefois, après le match, le petit frère que je suis se considère comme tel.
Ton coach, s’est-il dit satisfait ou pas de ta prestation ?
Tout le monde était très content. Vous savez, notre coach ne parle pas beaucoup. Il dit tout juste ce qu’il faut dire et sans détour. Lundi matin quand on s’est retrouvé pour le décrassage, il m’a un tout petit peu chambré. Il a dit que dans le derby, il ne m’a pas reconnu dans la première partie du jeu et pour lui c’était "mon cousin" qui jouait. Mais après, moi-même je suis rentré !
La veille d’un OM/PSG doit être intense en pression…
Pas du tout. Au tour de l’équipe, on évite le maximum possible d’en rajouter à la pression. Je n’ai pas vécu la veille de cet OM/PSG comme si j’étais en enfer. Bien au contraire, on rigolait à la commanderie. Ce même jour, le coach a autorisé chacun à prendre la boisson de son choix. On avait droit même à l’alcool, champagne, vin…
Et vous ne vous êtes pas privé ?
Je ne prends pas de l’alcool. J’ai préféré un jus de fruit.
Quelle forme de motivation les responsables vous proposent pour mieux vous galvaniser lors des derbies ?
Pour les matchs aux allures de derby, les primes doublent. Quand vous affrontez les équipes de haut du tableau, ce n’est pas le même taux de prime qui est servi et quand l’adversaire joue le maintien.
Un cri du cœur ?
Je voudrais remercier le public burkinabè qui me soutient. J’ai une pensée aussi pour Daouda Sanou dit Famozo, mon coach ainsi que tous les coachs qui ont participé à faire de moi ce que je suis. A la presse je dis merci. Je promets de poursuivre dans le labeur pour honorer mon pays.
ITW réalisée par Jérémie NION
Sidwaya