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Initiative de Bonnes pratiques agricoles : 25 nouveaux producteurs facilitateurs sur le terrain

Publié le jeudi 21 février 2008 à 10h39min

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Depuis trois ans, l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) conduit l’initiative de Bonnes pratiques agricoles (BPA) dans
les systèmes mixtes de production coton-céréales-élevage au Burkina Faso. Dans le cadre de cette initiative, 25 nouveaux producteurs facilitateurs en fin de formation ont reçu leurs attestations le mardi 19 février dernier à Bobo-Dioulasso.

La cérémonie officielle qui a consacré la sortie de cette promotion 2007, a été précédée la veille par un atelier de capitalisation des activités de formation initiées par ce projet au profit des producteurs burkinabè.

Issus de trois régions où la culture du coton est développée à savoir celles des Hauts -Bassins, de l’Est et du Sud -Ouest, les 25 nouveaux producteurs facilitateurs ou formateurs, viennent s’ajouter aux 10 autres déjà formés en 2006 lors de la toute première session de formation en bonnes pratiques agricoles dans les systèmes mixtes de production coton-céréales-élévage. Sous la conduite d’experts, ils ont subi une formation pratique et théorique pendant 5 mois (juin à novembre 2007). Dans un premier temps, ceux-ci ont suivi des cours sur des modules tels la restauration des sols ou les pratiques intégrées agriculture et élevage à Bobo-Dioulasso.

Dans un second temps ils ont expérimenté les meilleures pratiques culturales dans le champ de Formation des facilitateurs (FDF) de la station de Farakôba d’une part, et d’autre part, dans les « Champs-écoles de producteurs » (CEP) de la commune rurale de Bama distante d’une trentaine de km de Bobo. Il est à noter que les CEP constituent « une approche participative et itérative très efficace, développée dans les années 80 en Indonésie, qui réunit des producteurs ayant des intérêts communs et qui partagent leurs expériences et connaissances ». Ces sessions de formations au profit de producteurs nationaux ont donc cours dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative BPA pilotée par l’UNPCB, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques (MAHRH).

L’enjeu est de taille car ces 25 nouveaux producteurs facilitateurs, tout comme leurs prédécesseurs, sont appelés à former leurs collègues en matière de bonnes pratiques agricoles. Cela en vue de multiplier cette expérience qui pourrait être salvatrice pour les cotonculteurs confrontés à de nombreuses difficultés : la baisse de la fertilité des sols, la cherté des intrants et surtout la chute vertigineuse du prix du coton due aux subventions américaines et européennes.

Avant la remise des attestations aux bénéficiaires, plusieurs interventions ont marqué la cérémonie officielle qui a connu la présence de personnalités tels le secrétaire général de la région des Hauts-Bassins, Sory Ahmed Ouattara et le haut-commissaire de la province du Houet, Justin Somé. Le représentant résident de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) au Burkina, Daouda Kontongmdé, a fait l’historique de l’initiative BPA qui bénéficie du soutien financier de son institution. Il ressort que l’initiative BPA Lancée en 2005 suite aux recommandations des partenaires nationaux de la filière cotonnière réunis pour un atelier sur la vulnérabilité, la durabilité et les bonnes pratiques agricoles dans les systèmes de production à base de coton tenu en mars 2004. Mieux, ce projet vise à « améliorer la durabilité environnementale, économique et sociale de la production et des activités post-récoltes sur les exploitations agricoles, garantissant une alimentation et des produits non alimentaires sains et sûrs ».

Un projet qui, à entendre M. Kontongmdé, est pour la FAO « une bonne réponse à la crise aiguë que connaît l’ensemble de la filière cotonnière dans la mesure où l’amélioration durable de la productivité a un impact concret et immédiat sur le revenu des petits producteurs, gravement menacé par la baisse des cours du coton ». Aussi a-t-il laissé entendre : « la FAO est encore prête à soutenir la formation d’une vingtaine de nouveaux facilitateurs sur les systèmes de production à base de coton, ce qui portera le nombre de formateurs endogènes à 55 d’ici la fin de l’année 2008 ». Le porte-parole des nouveaux producteurs facilitateurs, Mamadou Dao, a traduit leur fierté d’avoir bénéficié d’une telle formation, tout en exprimant leur engagement à former à leur tour 1000 autres producteurs pour la campagne agricole 2008-2009.

Quant au secrétaire général du MAHRH, Abdoulaye Coulibaly, qui a prononcé le discours de clôture il a salué l’initiative BPA que son département soutient fortement au même titre que l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) de Ouagadougou, étant donné que « pour survivre, notre filière cotonnière a besoin d’être productive et plus compétitive à plusieurs niveaux ». Il faut souligner que le Burkina Faso est leader de la production de « l’or blanc » en Afrique subsaharienne. Une remise symbolique d’attestations à quelques participants et d’une boîte à outils à l’UNPCB représentée par son responsable à l’information ainsi qu’une découverte par les autorités de l’exposition de photos immortilisant les exercices pratiques subis sur le terrain par les nouveaux producteurs facilitateurs, ont suivi les discours et clos la cérémonie officielle.

Mais que retenir de l’atelier de capitalisation des activités de formation de l’initiative BPA de la veille (lundi 18 février 2008) qui lui, était présidé par le président de l’UNPCB, François Traoré ? Le rapport de cet atelier fait ressortir que la formation 2007, en dehors des 25 producteurs facilitateurs, a touché 485 producteurs au niveau des CEP et FDF. Ce qui atteste de l’intérêt des producteurs pour l’initiative BPA (le taux moyen de participation est même de 80%). Des résultats techniques, on retient que les rendements moyens et les marges nettes moyennes sont meilleurs dans les parcelles sous gestion BPA par rapport à celles sous gestion pratiques paysannes.

A titre d’illustration, « les résultats techniques de l’année 2006 indiquent un accroissement moyen de rendement de 29% de coton graine dans les parcelles sous gestion BPA que conventionnelle. Pour la même année, le maïs a connu un accroissement de 40% ». Le suivi des activités de formation a permis jusque-là d’identifier des avantages (changement de mentalités, maîtrise des itinéraires techniques…) et des difficultés (faible taux d’alphabétisation des producteurs, difficultés de mobilisation dans certains groupements de producteurs, etc.).

Aussi, les discussions menées autour de la formation (durée, contenu, etc.) et des aspects d’institutionnalisation, de stratégies et de partenariats ont débouché sur de nombreuses suggestions formulées par les participants à l’atelier (l’amélioration du programme de la formation par l’introduction de nouveaux modules ou le recyclage périodique des facilitateurs, une stratégie d’extension de l’initiative BPA aux autres régions cotonnières du Burkina…). L’implication des sociétés cotonnières dans la promotion de l’initiative BPA est la principale recommandation de l’atelier.

Kader Patrick KARANTAO
stkaderonline@yahoo.fr

Sidwaya

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