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Protection de la faune à Ouaga : Bangr-Weogo surveillé, les barrages délaissés

Publié le mercredi 20 février 2008 à 09h53min

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Autant l’humain dépend de la nature, dont il tire ses moyens de subsistance, autant la nature dépend de l’humain. Il y a donc un rapport dialectique, comme qui dirait, entre les deux ; tant et si bien que la ruine de l’une, du fait ou non de l’autre, entraînera inéluctablement celle du deuxième élément de la dualité. Cela, tous ceux qui comptent en termes de savoir et de pouvoir de décision le savent.

Malheureusement, une chose est de savoir et de pouvoir prendre des décisions, une autre est de vouloir utiliser ce savoir comme il faut et de décider comme il se doit.

En effet, alors que le parc urbain Bangr-Wéogo est assez bien organisé, surveillé et aménagé pour que les promeneurs se sentent à l’aise et pour que des braconniers déguisés en promeneurs ne puissent pas exercer leur activité criminelle, les barrages n°1, 2 et 3 semblent ne même pas exister pour les ministères de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques ; ainsi que de l’Environnement et du Cadre de vie ; et la mairie de Ouagadougou.

Pourtant que de services pour permettre de ramener les choses sur le droit chemin : direction générale des productions végétales, direction générale du génie rural, direction générale des Ressources en eau, direction générale des Ressources halieutiques, direction des Aménagements forestiers, direction générale de l’Amélioration du cadre de vie, direction générale de l’Environnement, direction générale des Eaux et Forêts, divers projets, direction de la Propreté, direction des Aménagements paysagers...

Excusez-nous du peu. Excusez-nous également de vous avoir servi cette longue liste dont on perçoit mal l’efficacité des composants dans le cas des barrages déjà cités.

En fait, qu’ont-ils subi comme dommages et qu’y a-t-il de si mauvais concernant ces réalisations pour que nous décidions d’en parler dans un papier qui frise le coup de gueule ?

Aux abords d’abord

Vous comme nous, nous nous délectons des crudités et des fruits qu’on peut se procurer. En même temps, nous savons que sur ces périmètres, les gens défèquent, urinent et qu’en savons-nous encore. Le drame, c’est que la plupart du temps, ce sont les mêmes personnes qui y travaillent qui se livrent à ces pratiques inqualifiables. C’est dire ce que nous avons parfois dans nos assiettes et c’est dire ce qui peut arriver dès qu’il commence à pleuvoir.

Malheureusement, il n’y a pas que ça : en bien des endroits, on ramasse le sable et l’argile. A priori, cela n’est pas mauvais, car ça peut être une solution à l’ensablement. Mais procéder au ramassage de façon sauvage et/ou y faire des briques en banco peuvent être lourds de conséquences.

Enfin, ces maraîchers qui vivent des barrages grâce à leurs abords sont têtus comme des mules : demandez-leur, comme l’a fait une association, d’entretenir périodiquement le lit des barrages en le débarrassant des morceaux de fer, des cailloux, des briques, etc., et la plupart vous diront que ce n ’est pas leur boulot. Pourtant, ils "mangent dans ça", comme diraient nos cousins ivoiriens. Ajoutez à tout cela, ce que les riverains font et vous comprendrez notre humeur.

Dans les barrages

Les pêcheurs : voici des gens dont la majorité ne paient pas les droits liés à cette activité. Nous le savons pour avoir posé des questions à nombre d’entre eux. Pourtant, ils écument, à longueur de journée et de nuit, les plans d’eau avec des filets qui n’épargnent ni alevins ni fretins. Quand on sait que ce sont ces derniers qui deviennent les gros poissons qui assurent la reproduction des espèces, on ne peut être que scandalisé.

Pendant ce temps, en aval à Bangr-Wéogo, les congénères des poissons vivant sur la terre ferme que sont les oiseaux, les quadrupèdes, les reptiles... sont bien protégés. Il n’est un secret pour personne que chaque espèce a une place bien déterminée dans la chaîne alimentaire et dans l’équilibre écologique. En protégeant les unes en aval et en abandonnant les autres en amont, aide-t-on vraiment Dame Nature ?

En permettant aux alevins d’échapper aux filets assassins, on garantit la disponibilité en poissons des cours d’eau situés en aval dès lors que les barrages seront pleins. Comme on peut se l’imaginer, c’est le comble pour ces bestioles, qui ont déjà maille à partir avec la pollution humaine et industrielle.

Des ressources institutionnelles et humaines pour rien ?

Doit-on donc conclure que les services, les hommes et les femmes dont nous disposons pour résoudre ce genre de problème ne méritent pas d’exister ou d’être là où ils sont ? On est tenté de le croire. Ce qui est surprenant, c’est que ce sont Simon Compaoré, Salif Diallo et Laurent Sédégo, connus pour avoir du punch, qui ont en charge cette question.

A l’endroit de Simon Compaoré, qui donne chaque jour des preuves qu’il aime sa ville (même si d’aucuns pensent parfois qu’il en fait trop), il faut dire que si la lutte contre la prostitution est une bonne chose en ce sens que celle-là est source de pollution sociale, s’occuper des barrages ne l’est pas moins dans la mesure où les pratiques qui ont cours aux abords et dans ces plans d’eau polluent et déséquilibrent l’environnement.

Par voie de conséquence, c’est l’être humain qui en pâtit le plus à cause du fait qu’il est un être pensant qui a conscience de son existence et de celle des autres individus des règnes animal et floral et des éléments physiques et chimiques. Secouez-vous donc, Messieurs et Mesdames !

Z.K.

L’Observateur

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