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Korhogo : Dîner sous l’apatam chez le Com.Zone

Publié le mercredi 13 février 2008 à 11h24min

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S’il y a un monsieur qui inspire crainte et méfiance dans la cité du « Poro », c’est bien Kouakou Martin Fofié dit le « Com.Zone ». On se rappelle que l’Organisation des Nations unies (ONU), au regard des exactions constatées de part et d’autre par les belligérants, avait fini le 7 février 2006 par mettre sur sa liste rouge un certain nombre de personnes considérées comme des « empêcheurs de pacifier en rond » : il s’agissait de Charles Blé Goudé, d’Eugène Djué et de Fofié Kouakou, accusés d’entretenir la violence dans leur pays et de ne pas respecter les lois internationales.

Mais, de nos jours, surtout avec l’Accord politique de Ouagadougou du 4 mars 2007, tout ce monde a un cœur qui bat à l’unisson pour la paix. Nous en avons eu un aperçu le samedi 26 janvier à la résidence de Fofié. Arrivée aux environs de 20h dans la cour spacieuse du maître des lieux, bien gardée par plusieurs de ses éléments, la délégation est conduite sous un grand apatam pour un dîner.

Les visiteurs, pour la plupart, n’ont pas cessé de jeter des regards sur le parc important de véhicules ainsi que sur tout ce qui bougeait dans la cour. Réflexes de curieux ou sentiments de peur ? En tout cas, certains visages, crispés au départ, ne nous démentiront pas jusqu’à ce que l’aimable amphitryon, comme pour rassurer ses hôtes, se mette à les servir lui-même.

L’atmosphère fut détendue durant tout le reste des agapes surtout que Zongo et Tao ainsi que des comédiens burkinabè se sont embarqués dans l’humour. Le Com. Zone a saisi l’opportunité pour saluer la naissance du FESTIKO à Korhogo. I

l s’est réjoui de la présence des membres de la délégation burkinabè qui, selon lui, est une preuve que les Ivoiriens et les Burkinabè sont des frères inséparables. C’est un homme généreux, courtois et trouvant par moments difficilement les mots pour s’exprimer que nous avons trouvé au pays des Sénoufo. D’ailleurs, ses invités avant de le quitter ont été gratifiés de présents.

Notons que le président américain, George Bush, a prolongé le mercredi 6 février 2008 d’un an, selon l’AFP, les sanctions qui frappent en ce moment le commandant Fofié ainsi que Blé Goudé et Eugène Djué.

C.P.O.


7è art : Korhogo a désormais son “FESPACO”

C’est une première pour le cinéma ivoirien qu’un festival voie le jour dans une ville de l’intérieur du pays. Korhogo, la cité du « Poro », qui signifie « Le bois sacré des Sénoufo », considérée comme la capitale du Nord de la Côte d’Ivoire, n’a pas échappé, tout comme les autres villes, à la crise du cinéma qui frappe ce pays depuis plus d’une décennie avec pour corollaire la fermeture des salles obscures (ou leur transformation en des temples ou des supermarchés) et la paralysie de la circulation des films.

Pour remédier un tant soit peu à cette situation délétère aggravée par la crise militaro-politique qui divise la Côte d’Ivoire en deux depuis le 19 septembre 2002, la Fondation Senang, dirigée par Yéo Kozoloa, originaire du Nord, a décidé, à travers le Festiko, d’entreprendre des initiatives multisectorielles pour redonner une vitalité au secteur du cinéma et de l’audiovisuel, tout en contribuant au rapprochement des peuples et à la réconciliation des fils et filles du pays.

C’est dans la joie et l’effervescence que, depuis la place de l’Indépendance de Korhogo, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Sidiki Konaté, a procédé au lancement de la 1re édition du festival le jeudi 24 janvier 2008. Pour le promoteur, le cinéma, contrairement à ce que pourraient penser certains, est aussi un facteur de paix et de développement.

Il a ajouté que la naissance du FESTIKO, à mi-chemin entre Ouagadougou et Abidjan, doit être perçue comme le festival de l’amitié entre les Ivoiriens et les autres Africains de la sous-région. Il a émis également le vœu que cette manifestation soit l’étincelle qui ranimera la flamme de l’industrie cinématographique ivoirienne. Yéo Kozoloa a remercié ses collègues ivoiriens et burkinabè, la presse ivoirienne et burkinabè, les nombreux festivaliers ainsi que les différents ministères de son pays qui ont accepté de l’accompagner dans cette aventure.

D’autres intervenants comme le préfet de région, Auguste Tahon, représentant le ministre de l’Intérieur, parrain de l’édition, le conseiller technique, le Dr Kouassi Edouard N’Goran du ministère de la Réconciliation nationale et des Relations avec les institutions, ont relevé la pertinence de ce festival pour que le 7e art ivoirien retrouve sa force et sa respectabilité d’antan.

Pour Sidiki Konaté, qui a présidé la cérémonie d’ouverture, « cet événement culturel du donner et du recevoir, naturellement, renforcera le processus de réconciliation dans lequel nous sommes engagés depuis l’Accord politique de Ouagadougou et démontrera à la face du monde que la Côte d’Ivoire a bien sa place dans le concert des nations et demeure toujours une bonne destination touristique ».

Il a annoncé pour très prochainement le redéploiement de l’administration régionale du Tourisme et de l’Artisanat ; la réalisation d’un état des lieux des infrastructures touristiques, artisanales, des sites et circuits touristiques ; l’élaboration d’un plan de réhabilitation et de financement de ces infrastructures ; l’implication de la population locale dans les projets de développement touristique durable ; l’inscription du FESTIKO parmi les manifestations encadrées et soutenues de son département pour en faire, à terme, un produit d’appel de la région.

Sidiki Konaté a aussi mentionné que son ministère a l’intention de faire des secteurs du tourisme et de l’artisanat des éléments-clés de lutte contre la pauvreté, surtout celle des populations locales, d’insertion et de réinsertion des ex-combattants. Les statistiques indiquent que 70% d’entre eux y seront orientés, dans le cadre de la reconstruction postcrise.

Outre la belle ouverture du festival à travers une parade des différentes communautés et de danseurs, la population ainsi que les festivaliers ont pu découvrir des films comme « Côte d’Ivoire, terre d’espérance » du réalisateur ivoirien, Mory Traoré ; « On tourne au village » du Burkinabè Thomas Ouédraogo ; « Bamako, un empire de thé » de Dramane Kaboré dit Denkess ; « Tenga dans la mine d’or » d’Alain Ilboudo.

Un forum de réflexion s’est tenu sur le thème : « Cinéma et réconciliation nationale ». Animé par le Conseiller technique du ministère de la Réconciliation nationale, il a permis de revenir sur certaines erreurs qui ont conduit la Côte d’Ivoire dans une crise profonde. C’est ainsi que d’aucuns ont reconnu que le film « Poudrière identitaire » du “sociologue” belge Benoît Scheuer, qui contenait des germes d’une explosion, n’a pas été compris par la plupart des Ivoiriens, lesquels se sont contentés à l’époque de condamner l’initiative du réalisateur.

« Quels regrets ! », lança un intervenant en ajoutant : « Quand le film est passé en Côte d’Ivoire, il n’y a eu que protestations et condamnations au point qu’aucune personne n’a daigné lever le petit doigt pour dire qu’il y avait au moins une part de vérité ; pis, personne n’a soutenu le Belge. C’est la même chose avec le film de Yéo Kozoloa sur le charnier de Yopougon, personne n’a voulu bien comprendre le contenu de l’image ». A cette tribune, les intervenants ont également stigmatisé l’attitude négative du politique et de la presse dans le développement de la crise. Ce fut des échanges francs, mais empreints de convivialité, entre le conférencier et le public.

Cyr Payim Ouédraogo

L’Observateur

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